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LES EPAULES FRELES D'UNE JUSTICE

par M. Abdou BENABBOU

Le procès Sonatrach n'a pas eu lieu. Il est, a-t-on dit, reporté. Peut-il en être autrement quand à la vérité c'était là le jugement d'une vaste et profonde culture malsaine qui emporte tout un pays ? Ce n'était pas seulement l'ancien PDG et son état-major qui se sont présentés devant le prétoire mais bien une large culture et une philosophie aujourd'hui ancrées pour indiquer qu'il est devenu logique et dans les nouvelles normes de ne pas se suffire à mettre le doigt dans le pot de miel et que toutes opportunités recommandaient et engageaient à y mettre aussi la jambe et le pied. Meziane et les autres ne seraient que des spectres mandatés pour représenter une gouvernance désaxée.

La politique a une force implacable en offrant toujours et immanquablement les fruits correspondant aux germes semés par ceux qui s'en servent. On ne peut pas attendre des féeries dans le comportement d'un gestionnaire qui n'a pas été choisi sur la base de l'éthique et de la morale et on ne doit pas non plus espérer de lui une droiture à toute épreuve quand sa désignation répond à tout sauf à l'intérêt général. A travers l'affaire Sonatrach, c'est toute la gérance de l'Algérie qui est en cause.

Un des griefs porté contre son ancien PDG est d'avoir ouvert les portes à ses deux enfants pour leur permettre une aisance de vie que de nombreux pères de familles espèrent pour leurs progénitures. Parce que la rapacité de l'acte renvoie aussi à un état d'esprit généralisé rendant la rapine une norme définitivement adoptée et la règle d'un exercice national généralisé. Les Méziane sont en grand nombre et la réplication des rapaces qui se sont servis à un moment ou un autre de leurs postes et de leurs responsabilités en toute impunité donne le tournis.

Le procès Sonatrach ne se limite pas à une affaire de corruption banalisée et devenue à la mode ailleurs et ici. Il est à ne point en douter le jugement d'une tentaculaire corruption sociale et politique. Les démêlés procéduriers qui ont présidé à son report prêtent surtout à penser que le procès avec son poids et sa lourdeur ne saurait se suffire du support des épaules frêles d'une fragile justice.