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Les attentes de Washington

par Zahir Mehdaoui

« Nous attendons des élections transparentes et conformes aux standards internationaux. Les USA travailleront avec le président que le peuple algérien choisira pour dessiner l'avenir que l'Algérie et ses voisins méritent », a déclaré jeudi dernier le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, lors d'une conférence de presse organisée conjointement avec son homologue, Ramtane Lamamra, au siège du ministère des Affaires étrangères.

Le responsable américain qui venait d'être reçu par le chef de l'Etat, Abdelaziz, Bouteflika, invoquera « un avenir où les citoyens peuvent exercer librement leurs droits civiques, politiques et humains », en évitant, par ailleurs, de s'aventurer plus loin sur le terrain de ces élections présidentielles ou de s'immiscer dans les affaires internes du pays.

Même s'il est difficile de croire que le timing de cette visite est le fruit du « hasard » il n'en demeure pas moins que les observateurs sont unanimes pour affirmer que cette « virée » d'un responsable de ce rang est un « plébiscite » en faveur d'un candidat dans un contexte électoral électrique. Le secrétaire d'Etat américain est-il venu pour voter Bouteflika ?

John Kerry, en homme averti vraisemblablement briefé longuement par ses conseillers et qui vient défendre les intérêts de son pays dans la région, a préféré consacrer l'essentiel de son intervention à la lutte contre le terrorisme et le « renforcement des relations algéro-américaines ».

Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères américain a, à cet effet, vivement salué l'engagement de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et son rôle de leadership dans la préservation de la paix et de la sécurité dans la région. Tout en saluant l'engagement de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et son rôle de leadership dans la préservation de la paix et de la sécurité dans la région, Kerry affirme que «nous respectons énormément le principe prôné par l'Algérie de non-ingérence dans les affaires internes des pays. Ce principe ne devrait pas constituer un obstacle au lancement de nouvelles perspectives de coopération dans le domaine sécuritaire entre les deux pays ». Les Américains qui découvrent l'étendue du terrorisme transfrontalier après le 11 septembre 2001 sont convaincus désormais qu'il n'y a qu'un seul moyen pour répondre à la menace terroriste, à savoir la coopération entre les Etats.

« L'Algérie était un partenaire important dans la lutte contre le terrorisme, aux plans bilatéral et multilatéral », a fait savoir le secrétaire d'Etat américain qui mettra en relief la « nécessité de renforcer davantage la coopération pour une « meilleure efficacité » non sans rappeler que notre pays était parmi les pays fondateurs du Forum global contre le terrorisme (FGCT) et copréside, avec le Canada, le Groupe de travail sur le Sahel. De son côté le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a affirmé que les pays de la région trouveront toujours en l'Algérie un partenaire disponible pour l'échange d'informations ou la formation, en précisant que l'Algérie est partie prenante dans tous les efforts visant le renforcement de la lutte anti-terroriste. Le chef de la diplomatie algérienne a exhorté la communauté internationale à soutenir les pays de la région (notamment le Sahel) dans leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme à travers une assistance technique. «Le pays a montré lors de plusieurs événements régionaux et internationaux qu'il était à l'avant-garde de la lutte antiterroriste», a ajouté Lamamra qui rappellera par ailleurs la participation de notre pays dans les domaines de la formation, de l'équipement et de l'échange d'informations, à travers le CEMOC (Conseil des chefs d'états-majors des pays membres du Comité d'état-major opérationnel conjoint), spécialisé dans la lutte antiterroriste au Sahel, créé sur proposition algérienne et basé à Tamanrasset mais aussi à travers le CAERT (Centre africain de recherches et d'études sur le terrorisme) à Alger. Le chef de la diplomatie algérienne est enfin catégorique: «Il n'existe aucun lien entre les visites, à Alger, de l'émir de l'Etat du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, et de M. Kerry et l'élection présidentielle », a-t-il déclaré en expliquant que les visites des deux responsables étaient indépendantes de l'échéance électorale qui est, selon lui, « une affaire interne qui ne concerne que l'Algérie ».