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Je n'ai rien trouvé à vous dire cette semaine !

par Bachir Ben Nadji

Je crois que j'ai une panne quelque part, un problème d'inspiration grave. J'ai beau cherché sur quoi vous entretenir, mais je n'ai rien trouvé, vraiment rien à me mettre sous la dent, rien à vous dire et c'est vrai ment dommage, et ça m'arrive de temps à autre, ce qui me fait de la peine. Mais, peu importe, je vais quand même vous parlez de ce qui se passe ces jours-ci chez nous, supportez-moi cette semaine, peut être que pour les semaines qui viennent je serais certainement plus prolifique comme aimait à me le dire mon ami Hamid Skif, mort en Allemagne et mis sous terre dans sa ville natale, Oran, il y a de cela deux années pleines.

Mon vieil ami Moh Saïd Ziad est mort le 30 mars au moment ou le printemps prenait place dans sa Kabylie natale et ou il s'est réinstallé pour de bon depuis de longues années, quittant la grande ville et son bruit infernale. Ça fait très longtemps que je n'ai pas vu Moh Saïd, mais il m'arrivait d'avoir de ses nouvelles, lui l'homme des nouvelles, lui le journaliste parfait, le professionnel qui a roulé sa bosse dans pas mal de rédactions des années soixante et jusqu'à un passé pas très récent. Je l'ai connu du temps ou il hantait l'agence de presse APS quant celle-ci occupait le 7 Boulevard Ernesto Che Guevara.

Moh Saïd était longiligne comme un palmier dans une ferme d'oliviers, lui le natif de Djemaa Nsaridj, il était maigre mais fort comme un roc, l'huile d'olives ayant fait son effet sur son organisme, des années durant du temps ou il usait ses fringues sur les bancs d'écolier dans la wilaya de Tizi Ouzou. J'ai fréquenté Moh Saïd, que je respectais beaucoup, il était plus âgé que moi et plus expérimenté que moi qui venais à la profession, du temps ou il habitait chez sa sœur à Baba Ali, à la périphérie d'Alger, et je le retrouvais soit dans le train du matin, Blida-Alger, soit dans la salle de rédaction du premier étage de l'APS, ou parfois devant l'entrée de l'agence ou il aimait s'arrêter pour contempler les allées et venues des citoyens entre la Place des Martyrs et le Square Port Saïd.

Moh Saïd, était poète sur les bords, il n'aimait pas la dépêche réécrite, il était créatif et aimait la création de la dépêche, celle qu'il écrivait lui-même et qu'il «tissait» comme on prépare un métier à tisser pour les beaux burnous kabyles, blancs comme les neiges du Djurdjura, et comme l'eau des ruisseaux qui alimentent les nappes et les hommes.

Moh Saïd avait ses qualités et ses défauts, mais il avait un bon cœur, il aimait son pays l'Algérie et aussi sa Kabylie natale ou il passait ses week-end quand il vivait à Alger.

La mort de Moh Saïd des suites d'une longue maladie a réveillé en moi de bons souvenirs de cet homme, un Argaz El Aali, et de beaucoup de nos amis, vivants et morts, ceux de l'Algérie indépendante, des premières années de sa reconstruction et de ses idéaux, des années qui ont permis aux enfants du peuple de fréquenter, très nombreux, les lycées, l'Université algérienne, et d'entrer de plain-pied dans le monde du travail pour servir leur pays, relever le défi et honorer leurs parents qui n'ont pas été à l'école et qui ont sué dur au service de leurs progénitures, et aussi honorer le serment des Chouhada, morts pour que l'Algérie vive indépendante et que ses enfants jouissent de la liberté et de l'indépendance nationale.

En cette fin mars 2014, la mort de Moh Saïd m'a aussi permis de me souvenir de mon ami Hamid Skif, un autre poète qui a lui aussi hanté des rédactions et qui a atterri à l'APS, comme nombre de ses anciens amis et collègues de la défunte La République d'Oran, «assassinée» pour laisser place à un titre arabophone, El Djoumhouria, et dont les éléments, journalistes surtout, ont été disséminés ça et là à travers les rédactions algéroises, comme ce fût le cas de feu Abdelmalek Ouasti, le baroudeur, Hadj Chikh Bouchène le gentleman, Abdelkader Djemai (l'écrivain), Benamar (le ben des mots croisés) qui sont devenus nos amis et tant d'autres qui ont fait les beaux jours de la presse nationale des années soixante et soixante dix et qui ont continué durant les années quatre vingt, les uns en Algérie, et d'autres dans pas mal de pays (que ceux que je n'est pas cité par oubli m'excusent). Je sais que certains continuent à exercer même en tant que contractuels, d'autres font des chroniques ça et là et d'autres ont mis leurs plumes hors des encriers pour s'occuper d'eux-mêmes et de leurs familles. A tous ces gens, je rends hommage car ils ont été nos aînés et nos pairs, qu'ils nous ont appris le métier et les bonnes manières, le sens du professionnalisme, la solidarité et tant de qualités qu'ils ont acquis, eux sur le terrain surtout.

En cette fin mars 2014, la presse nationale a également perdu un homme de radio, un grand journaliste sportif qui a régalé tant et tant d'auditeurs par ses commentaires de rencontres sportives, du football et de diverses autres disciplines.

Je reviens à mon inspiration qui me trahit à chaque fois et après ce tour d'horizon en hommage à des amis journalistes, décédés et vivants encore, pour vous entretenir de la campagne électorale qui bat son plein depuis plus de dix jours et au cours de laquelle, il y a eu de grands et petits discours, des grands et petits slogans, de grandes et petites phrases sur les programmes des six candidats qui voient, chacun à sa manière, l'Algérie de demain.

Il y a aussi la visite du secrétaire d'Etat américain qui a fait avant sa venue en Algérie, couler beaucoup de salive parmi les politiques et les non politiques, et couler beaucoup d'encre pour remplir des pages et des pages de journaux. Chacun y est allé avec ses réactions, chacun y est allé avec sa lecture de cet évènement, mais le seul qui ne s'est pas prononcé ni soufflé mot, c'est le ministère des Affaires étrangères, le seul à savoir de quoi il en retourne dans les relations algéro-américaines, ce qui veut dire que tout ce qui se dit n'est que broutille dans les faits et la réalité de la chose que dicte la diplomatie.

J'aimerais aussi vous parler de ce qui se passe ces jours-ci sur la scène nationale, surtout de ceux qui prennent le peuple algérien pour immature, ceux qui pensent que le citoyen est prisonnier, comme si nous vivions en Corée du Nord, et ceux qui pensent que l'Algérie c'est Alger, effaçant d'un trait de crayon tout un pays grand comme cinq fois la France. Il y a également ceux qui font peur aux algériens et qui veulent dicter à ce peuple de quoi et de qui il doit avoir peur, comme il y a ceux qui, toute honte bue, et qui ont un culot incroyable de s'adresser à un président d'une puissance étrangère et d'une communauté régionale, elle aussi étrangère, pour leur demander «D'AGIR SANS TARDER» (contre qui, un ennemi intérieur ?) et que leur geste sera reconnu par le peuple algérien. Pour ma part, je dirais que veulent ces gens, veulent-ils que l'oncle Sam les sauvent de l'ouragan, veulent-ils que la Communauté voisine envoie ses armées comme en RCA afin de sauver leurs meubles, je ne sais pas, mais je ne voudrais pas le savoir car le peuple algérien, lui seul sait, et là je dirais, à bon entendeur salut !