Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Oran «pôle touristique» : Entre quantité et qualité

par Houari Saaïdia

Nous avons remporté la bataille de quantité, maintenant c'est au tour de la qualité, s'est vanté le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mohamed Amine Hadj Saïd, lors d'un point de presse animé jeudi à Oran en marge de l'ouverture de la 5e édition du Salon international du tourisme SIAHA abrité par le CCO. Comme exemple illustratif, le ministre cite Oran qui a fait un pas de géant en tourisme et hôtellerie en l'espace de dix ans, la transformant en un pôle touristique. Cette dernière affirmation a aussitôt suscité la réplique d'un journaliste: sur la base de quels paramètres normatifs classez-vous Oran comme pôle touristique?. Sans donner des arguments techniques pour conforter et crédibiliser son assertion, le ministre a souligné qu'il faut prendre la définition au sens du réseau régional étendu, c'est-à-dire Oran et les wilayas voisines (toute l'Oranie) et non pas au sens territorial strict et étroit en restant confiné à l'intérieur des frontières de la wilaya d'Oran. En considérant la région nord-ouest comme un ensemble homogène dont le point focal est Oran, on peut parler d'un pôle touristique, de surcroît d'excellence, aux offres et aux thématiques touristiques diversifiées, selon le ministre. Or, il est difficile de saisir cette approche qui dissocie et disjoint quantité et qualité en matière de tourisme et d'hôtellerie. Avoir des hôtels et des structures touristiques à foison, mais qui parfois ne répondent pas (encore) à la qualité, cela peut-il être mis au compte des réalisations ? Faire usage des seuls bilans quantitatifs, en attendant que la qualité vienne plus tard, ce n'est sans doute pas la meilleure façon pour vendre la destination Algérie dans un contexte de marché maghrébin fort concurrentiel, très agressif sur le plan marketing. A la question de savoir si son département a songé à s'inspirer de la stratégie tunisienne, par exemple, basée sur un organisme institutionnel relevant du ministère du Tourisme (l'Office national du tourisme tunisien, en l'occurrence) qui possède des réseaux structurés dans tous les pays clients ou exportateurs potentiels de touristes vers l'Afrique du Nord et omniprésents dans les rendez-vous touristiques régionaux et internationaux, le ministre du Tourisme algérien a répondu : Non, nous n'avons pas l'intention de copier/coller l'expérience tunisienne. Eux ont leur tourisme, nous le nôtre. Or, il n'était pas question dans la suggestion du journaliste de calquer le modèle du tourisme tunisien qui, certes, a ses spécificités et ses dissemblances par rapport à celui de l'Algérie, mais plutôt de prendre ce qui marche bien chez-eux, au plan de la stratégie institutionnelle de promotion à l'international, du moins. Dans un autre registre, le ministre a indiqué qu'un flux de 127.000 touristes sur cinq wilayas du Sud a été enregistré durant les vacances d'hiver, dont 6.000 étrangers. M. Hadj Saïd a expliqué cette affluence sur le Sud en partie par les réductions adoptées par les deux compagnies Air Algérie et Tassili Airlines, de 50 % sur les billets de voyage. Autre mesure stimulante annoncée par le ministre pour encourager le tourisme intérieur et d'accueil : des réductions de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) au profit des agences de tourisme de 27 à 4 %. Pas moins de 800 agences de voyages agréées au niveau national bénéficieront de ce cet abattement fiscal sur leur bénéfice, une mesure introduite dans le cadre de la loi de Finances 2014. Cet avantage profitera aux agences de tourisme et de voyages qui prennent en charge les touristes étrangers et font la promotion du tourisme local. Cette mesure a pour objectif d'inciter les agences à réduire leurs tarifs, à diversifier l'offre et encourager le tourisme d'accueil qui peine à se développer faute d'infrastructures d'hébergement suffisantes et de services répondant aux exigences des touristes. Il y a lieu de noter que cette mesure avait figuré dans la loi de Finances 2000 mais se limitait à réduire l'IBS au profit des établissements hôteliers seulement.

Concernant le Grand hôtel d'Oran, au cœur d'un conflit qui fait l'objet d'une affaire en justice, le ministre du Tourisme a affirmé : Nous suivons de très près le dossier de cet établissement hôtelier qui est considéré comme une icône d'Oran et que l'Etat œuvre à sa récupération, car nous en avons besoin. Nous finirons par le récupérer.

Après avoir présidé la cérémonie d'ouverture du salon SIAHA, le ministre a visité des établissements hôteliers dans la commune d'Aïn El-Turck et a posé la première pierre d'hôtels de quatre à cinq étoiles à Oran et à Bir El-Djir.