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Afrique-Turquie : Pour un partenariat «gagnant-gagnant»

par Notre Envoyée Spéciale A Ankara: Ghania Oukazi

«La Turquie a accueilli de nombreuses cultures au cours de l'Histoire. Un patrimoine culturel si riche la mène naturellement à jouer un rôle majeur en ce qui concerne le mélange des diversités sur une base d'entente, le remodelage et la restructuration du monde d'aujourd'hui. »

C'est par ces deux phrases que les services du Premier ministère turc synthétisent la volonté de leurs gouvernants de faire de la Turquie un pays fédérateur des pays de l'Afrique, du monde arabe et des Balkans, ceci pour un début.

Le 1er ministre turc, Tayeb Rajiv Ordogan semble y avoir trouvé la parade. C'est pour la troisième année consécutive que la direction de la presse et de l'information du 1er ministère, réunit séparément les médias de ces trois régions autour de problématiques qui collent fortement à la conjoncture actuelle dans ses dimensions nationales, régionales et internationales. En 2010, ce sont les représentants de médias des Balkans qui sont venus discuter avec leurs homologues turcs sous les auspices du vice-premier ministre et d'autres responsables des services d'Ordogan, sur la relance de leur coopération. En novembre 2011, la Turquie a organisé un forum avec les médias des pays arabes autour de thèmes « porteurs de changement » qu'imposent les événements de ces dernières années. Hier, Ankara a réuni sous le thème « Conception d'un avenir commun et d'une solidarité des médias », près de 300 représentants des médias africains en plus d'autres leaders d'opinion, politiques, universitaires, intellectuels, académiciens, experts et hommes d'affaires.

Il faut reconnaître que la Turquie fait bien les choses afin de convaincre ses interlocuteurs du moment de croire en sa « bonne volonté », de vouloir construire un partenariat « gagnant-gagnant ». Les organisateurs turcs ont tenu à ce que les médias des 54 pays membres de l'Union africaine, soient représentés dans ce forum qu'ils veulent d'ailleurs, disent-ils «voir organiser périodiquement et transformer en une tradition. » Pour les responsables turcs «le recours à la puissance des médias est devenu indispensable afin de vivre dans un monde de paix, en ayant foi en un avenir beaucoup plus rayonnant que le présent et de maintenir la continuité des tentatives visant à créer un avenir commun. » Objectifs premiers du forum qui se tient dans l'un des prestigieux hôtels de la capitale turque, « assurer une opportunité de partage complet d'information et d'échange de vues, créer également une solidarité professionnelle entre les institutions médiatiques et les journalistes via l'établissement d'une plateforme commune et des canaux de communication. » Les Turcs veulent à travers les médias, faire «accélérer la coopération existante entre nos pays et de la transmettre à l'opinion publique. » Ils estiment alors que «les principes à déterminer en consensus (?), doivent cristalliser la perspective futuriste et mener nos efforts à bien.» C'est par la projection d'un documentaire qu'ils rappellent qu'il y a 93 ans, les médias turcs ont été «libérés» par Mustapha Kamel surnommé Atatürk (Le Grand turc).

«NOUS REPRESENTONS UN MILLIARD DE VOIX»

Cette volonté de fédérer les pays dont l'émergence économique et sociale tarde à se réaliser, la Turquie l'a nourrie depuis longtemps en référence à son passé historique d'empire (Ottoman), à sa grande civilisation et surtout à sa situation géostratégique qui lui permet d'être ce pays-jonction entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. D'ailleurs, disent ses responsables «c'est pour des raisons essentiellement géostratégiques et géopolitiques que la Turquie est membre de l'OTAN et travaille durement pour être membre de l'Union européenne.» Présenté comme étant «le continent qui a tant souffert sans pour autant perdre sa dignité», l'Afrique a beaucoup fait parler d'elle hier en Turquie. «L'Afrique suscite un intérêt mondial de part ses grandes potentialités,» avoue Ibrahim Kalin, le conseiller en chef du 1er ministère et coordonateur de la diplomatie publique, à l'ouverture des travaux. Makhtar Amadou Ba, fondateur de l'initiative des médias africains (AMI) pense ainsi qu' «il y a des partenariats à établir équitablement entre la Turquie et l'Afrique.» Ba considère pour cela que «les médias sont la voix des peuples africains» tout en précisant que «nous ne sommes pas des représentants de gouvernements mais nous représentons un milliard de voix de ceux qui nous lisent, nous regardent et se branchent à nos sites électroniques d'information».

Quatre thèmes ont été discutés dans l'après-midi d'hier à savoir «l'Afrique dans la politique étrangère et les médias turcs», «l'Afrique aujourd'hui: politique, économie et politique étrangère», «Les médias comme facteur efficace pour la sensibilisation sur les thèmes de développement, migration, environnement, santé?» et enfin «les médias comme modérateurs: gagner la lutte contre la guerre et le terrorisme.»         Aujourd'hui, deuxième jour du forum, les participants débattront des nouvelles technologies de communication, «les médias comme cadre de coopération entre la Turquie et l'Afrique», «les relations économiques et commerciales» et de «culture, art et sport en tant que valeurs communes.»

Vendredi, les hôtes africains d'Ankara, seront à Istanbul pour une visite touristique d'une des plus belles villes au monde.