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Le ministère de la Justice ouvre le dialogue avec les corps communs

par Houari Saaïdia

Après avoir accédé aux revendications des greffiers, il y a près d'un mois, le ministère de la Justice a ouvert hier le dialogue avec les corps communs, un autre maillon du secteur en proie à la protestation qui tire ses raisons du malaise et de l'inconfort dus aux conditions socioprofessionnelles. Cependant, l'espoir de parvenir à une piste susceptible de désamorcer le problème relatif à cette corporation, à l'image du scénario mis au point avec succès pour répondre aux doléances des greffiers, risque d'être amolli par la spécificité du statut des corps communs, qui relèvent de la Fonction publique. C'est la grosse pierre d'achoppement qui se dresse en travers du chemin dans le cas de cette catégorie «hybride» de personnel (agents de sécurité, appariteurs, chauffeurs, hôtesses d'accueil, techniciens, etc.). 36 représentants issus des 36 cours du pays ont pris part hier à une réunion de dialogue avec le directeur général du personnel près le ministère de la Justice, tenue dans l'Ecole nationale des greffes à Dar El-Beïda (Alger). Au cours de la rencontre, les 36 délégués, élus par leurs pairs à l'échelle locale, ont remis au directeur central du département de Tayeb Belaïz la liste des revendications socioprofessionnelles entérinée par la corporation. Le représentant de la tutelle n'aura pas versé dans les fausses promesses puisqu'il aura joué cartes sur table, en affirmant à ses vis-à-vis que «votre problème relève plus de la Fonction publique que du ministère de la Justice», selon le représentant des personnels des corps communs de la cour d'Oran, contacté hier par nos soins. A l'issue de la table-ronde, rendez-vous a été donné aux 36 émissaires pour mardi 12 avril, le temps que leur copie soit consultée par le premier responsable du secteur de la Justice et son homologue de la Fonction publique.

 Petit détail : la tutelle a exigé, dans un souci de meilleure organisation, que le nombre des représentants des corps communs pour le prochain rendez-vous soit réduit à cinq, soit un pour chaque région du territoire national. En substance, et à grand trait, les réclamations des corps communs se résument à ce point : se détacher de la Fonction publique et intégrer la Justice. «Ni moins ni plus», abrège le même représentant des corps communs, Fayçal Belkheira, qui exerce au niveau du tribunal de Gdyel relevant de la cour d'Oran. Une formule qui n'est pas forcément exprimée à l'unisson par la corporation, puisque bon nombre de fonctionnaires interrogés sont quasi indifférents quant au régime statutaire sous lequel ils seront casés par le gouvernement, mais, par contre, se disent intransigeants quant à la valeur du taux d'augmentation des salaires promise. Mais tous sont d'accord pour dire : «Si mardi prochain nous n'obtenons aucune réponse sérieuse et concrète de la part de la tutelle, nous reconduirons notre grève avec cette fois-ci un taux de participation beaucoup plus large, assortie, éventuellement, d'un boycott du service minimum.» Il y a lieu de rappeler, dans ce contexte, que les fonctionnaires et agents sous l'intitulé statutaire «corps communs», du secteur de la Justice, avait observé un débrayage, il y a quelques jours. Le mouvement de grève était toutefois très partiel et très peu orchestré, avant de s'estomper peu à peu pour se réduire finalement aux cas isolés dans quelques rares tribunaux. Il n'en demeure pas moins que l'impact sur le fonctionnement des tribunaux affectés, notamment au niveau des grandes cours, était perceptible.