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Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Un dinar dans la parallèle

par Salim Rabia

On aura 2000 dinars sous peu. Pour tous ceux qui reçoivent des billets de 200 di nars dans un état indescriptible, cela ne

peut être pire. Il ne fait guère de doute que cela facilitera la vie de ceux qui besognent, en toute quiétude, dans l'informel. Cela ne résoudra pas les problèmes du dinar. L'écart entre le taux de change officiel et celui de tous les « Port Said » du pays est trop béant pour ne pas être visible. Il semblerait que seul le dinar libyen a un écart supérieur dans la région. Pourtant, l'Algérie, contrairement à la Libye, n'est pas en guerre. Pas même en guerre contre l'informel. Les chiffres en milliards qui sont traités dans le secteur informel sont pourtant faramineux. Ils mériteraient, à défaut d'une guerre en bonne et due forme, une gestion. Et cela dépasse la simple politique monétaire dont la définition reste problématique dans une économie faiblement dynamique et dominée par la rente. Comment en effet se débarrasser d'un lourd passé bureaucratique et gérer la parité en faveur de la production nationale ? Les mesures purement monétaires ne suffisent pas en l'absence d'une politique économique claire et lisible. On en est loin. Les mesures de contrôle des changes prises par la Banque d'Algérie ne sont pas l'expression d'une gestion dynamique de l'économie nationale. La mise en place du Credoc, par exemple, ne faisait pas partie d'une stratégie de promotion de la production interne, elle n'a visé qu'à comprimer les importations. Qui n'ont pas baissé. Son seul effet a été de booster la demande en devises. Dans ce contexte, envisager la convertibilité totale du dinar aurait pour conséquence une fuite massive à ciel ouvert des capitaux qui s'effectue aujourd'hui aux moyens de transactions plus ou moins occultes et dont le marché parallèle est le révélateur le plus éloquent. Il reste, au-delà de l'analyse économique « pure », à souligner que la valeur d'une monnaie ne dépend pas exclusivement de la performance de l'économie qu'elle incarne. La stabilité et la confiance, deux éléments non quantifiables, jouent un rôle très important. Confiance dans la capacité des autorités économiques à faire face à un environnement global complexe. Pour les entrepreneurs et les ménages, une confiance qui permet de se projeter dans l'avenir et faire des plans d'investissements ou d'épargne réalistes. D'où cette question à un dinar : la politique a-t-elle une influence sur la valeur de la monnaie ?