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Le palliatif n'est pas la solution

par Kharroubi Habib

En application des instructions du Premier ministre relatives aux mesures d'urgence à prendre en faveur de l'emploi dans les wilayate du Sud, les administrations et entreprises publiques dans la région ont multiplié les offres d'emploi à destination des jeunes chômeurs locaux. La sûreté nationale qui n'a pas été en reste a initié une vaste offre dans ce sens et engagé une opération de communication pour la porter à la connaissance des jeunes sudistes tentés par une carrière dans la police nationale.

Dans la même veine, il a été annoncé que le gouvernement a décidé de faire bénéficier les jeunes promoteurs d'entreprises au Sud et les jeunes chômeurs qui s'y établissent de crédits bancaires sans intérêts afin de créer leurs micro-entreprises. Ces mesures et toutes celles qui ont été dictées aux pouvoirs publics par l'urgence de contenir et d'apaiser le bouillonnement social qui agite les wilayate du Sud du pays, vont peut-être produire l'effet qu'ils en attendent. Mais elles ne sont pas la réponse globale et pérenne aux problèmes dont souffrent les wilayate du Sud et que réclament leurs populations par le biais d'une " protesta " sociale qui n'a rien dans son expression qui est subversif ou de politiquement engagé sur l'objectif de déstabilisation du pouvoir d'Etat en place.

Les autorités doivent bien comprendre que leurs mesures sont un palliatif qui ne va pas régler le fond du problème qui a fait que les populations du Sud pourtant si patientes et respectueuses de l'ordre public expriment désormais leurs frustrations et ras-le-bol par des manifestations et des rassemblements de rue. Elles doivent surtout être conscientes de la nature éphémère des mesures qu'elles ont mises en œuvre pour censément résoudre la question du chômage dans le Sud et dans le pays dans son ensemble.

Ces mesures coûtent cher au budget de l'Etat et les emplois qu'elles ont permis de mettre à disposition des jeunes chômeurs ne sont pas créateurs de richesses et leur durée peut être remise en cause dès lors que l'Etat verra se tarir ses ressources financières. Ce tarissement n'est pas une vue de l'esprit, les autorités en ont été alertées et alarmées il y a une quinzaine de jours quand les prix du pétrole ont soudainement chuté jusqu'à descendre au-dessous du seuil des 100 dollars le baril. Ils sont certes remontés cette semaine mais cette tendance n'a rien de réconfortant en terme de durée. Les analyses économiques internationales établissent toutes que l'économie mondiale est en train de subir une perte de croissance sous les effets des crises des économies européenne et américaine. Avec pour résultat que la demande énergétique internationale va être tirée vers le bas.

Ce qui pour l'Algérie aura de désastreuses conséquences financières. Laquelle sera contrainte de renouer avec l'austérité budgétaire qui obligera en premier lieu l'Etat à comprimer ses dépenses. Il n'est pas besoin d'être devin pour savoir ce que les argentiers du pays demanderont de faire à nos décideurs politiques. Ils leur demanderont tout simplement de renoncer aux mesures décidées dans l'urgence en réponse à la revendication sociale. Autant dire alors que la contestation sociale qu'ils auront pu jusque-là contenir s'embrasera à nouveau mais à une magnitude qui fera apparaître les récentes manifestations dans le Sud comme de petites éruptions bénignes.