Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Mahmoud Abbas : un discours modéré mais sans concession

par Kharroubi Habib



Dans le discours qu'il a prononcé devant l'Assemblée générale de l'ONU, après avoir remis la demande d'adhésion aux Nations unies d'un Etat palestinien au secrétaire général de l'organisation, Mahmoud Abbas a affirmé que la démarche palestinienne ne ferme nullement la voie aux négociations directes avec Israël et ne vise pas à isoler ou délégitimer cet Etat.

Cette précision apportée par le président de l'Autorité palestinienne s'imposait parce qu'Américains et Israéliens, qui sont opposés à la reconnaissance par les Nations unies d'un Etat palestinien, ont usé de ces deux faux arguments pour tenter de dissuader la communauté internationale de donner une réponse positive à la demande palestinienne. Elle était d'autant nécessaire que les réticences de certaines puissances européennes à l'égard de la démarche palestinienne ont été motivées par les gouvernements qui les ont exprimées par la crainte que celle-ci risque de fermer la porte à une reprise du processus du dialogue de paix entre Palestiniens et Israéliens. Si c'est cela la seule raison qui justifie pour ces puissances européennes leur position ambiguë sur l'initiative de Mahmoud Abbas, le discours modéré et mesuré du Président palestinien a mis en lumière sa fausseté.

L'acte de justice que sera l'acceptation par l'Assemblée générale des Nations unies de l'admission à l'ONU d'un Etat palestinien affole l'Etat sioniste, pour qui va sonner la fin de tous les mensonges et des violations de la légalité internationale auxquels il a recours depuis 1948 pour empêcher la création de cet Etat palestinien.

C'est tout ce qu'en attendent Mahmoud Abbas et les Palestiniens. La nouvelle donne qu'il créera ne le détournera pas de la voie des négociations directes avec Israël, mais tracera pour celles-ci le cadre et les conditions que l'Etat hébreu devra accepter et par conséquent cesser d'en dicter d'autres en en faisant des préalables que les Palestiniens seraient tenus d'admettre.

Sénateur puis candidat à la Maison-Blanche, Barack Obama a donné l'illusion d'être sensible au sort des Palestiniens et à la justesse de leur combat pour la création de leur Etat national. Son empathie et sa compréhension n'ont pas résisté à la «realpolitik» interne aux Etats-Unis qui contraint les présidents des Etats-Unis, aussi puissants qu'ils soient, à s'incliner devant les diktats des lobbys sionistes américains. Il n'a pas été par conséquent étonnant que Obama délivre devant l'Assemblée générale des Nations unies le discours sur le conflit israélo-palestinien qui a été le sien. Il y a fait la preuve de son engagement sans réserve ou restriction au côté de l'Etat sioniste, au point que les médias israéliens lui ont attribué la distinction de «sioniste militant».

Il n'empêche que ce qui se passe aux Nations unies sur le conflit palestino-israélien est en train de mettre fin à la fiction qui faisait apparaître que ce que veulent les Etats-Unis exprime la volonté de la communauté internationale. Le veto que Washington mettra pour faire échec à la démarche palestinienne est tout ce que la superpuissance américaine peut opposer au délitement que subit la position de son protégé, l'Etat sioniste, et pour essayer d'entretenir l'illusion que celle des Etats-Unis bénéficie d'un soutien international large.