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Un train de sénateur voulu

par Kharroubi Habib

S'il est exact que la commission des consultations politiques a invité plus de 250 personnalités et partis, alors au rythme des rencontres journalières qui est le sien depuis le début de son travail, ce n'est pas de sitôt qu'elle remettra à qui de droit ses conclusions.

 Le train de sénateur pour lequel elle a opté est en fait conforme à la mission dont elle a été chargée : occuper le plus longtemps possible à l'interne le landernau politico-médiatique et entretenir vis-à-vis de l'étranger l'illusion qu'une longue et large concertation se déroule dans le pays par son intermédiaire entre le pouvoir et les acteurs politiques et sociétaux. Voilà pour la réalité de la mission de la commission des consultations. Quant à celle dont sortiront les réformes politiques qui seront dévoilées en temps voulu par le pouvoir, elle est que les consultations auxquelles elle procède n'influeront en rien sur le contenu de ces réformes.

 Qui peut croire qu'il est dans l'intention de ce pouvoir de tenir compte des avis et propositions des personnalités et partis conviés par la commission ? Pas même les concernés, tant la conviction s'est faite que les moutures des réformes ont été déjà débattues et arrêtées avant même que Bensalah et ses assistants n'aient été désignés et commencé leurs consultations. Des moutures dont on pourra aisément cerner les contours à la lecture des propositions que Ouyahia a déposées auprès de la commission au nom du RND et de celles que fera Belkhadem pour le compte du FLN.

 Etant dans le «secret des dieux», ces deux formations ne s'aventureront pas à formuler des propositions allant à contre-courant des intentions arrêtées en haut lieu de ce que seront les réformes politiques à consentir. C'est pourquoi, nous nous inscrivons en faux contre certains commentaires et analyses qui ont cru déceler dans les propositions du RND, rendues publiques après le passage de son chef devant la commission des consultations, l'affirmation d'une quelconque volonté d'affranchissement de ce parti et de son responsable de la tutelle présidentielle. Ce qui a été développé dans le mémorandum du RND n'est pas, à notre point de vue, sorti des limites fixées en haut lieu aux réformes politiques envisagées. Il n'en sera pas autrement pour celui du FLN.

 Il est naïf d'attendre autre chose de ces deux formations et surtout de croire que les propositions et avis qu'elles ont compilés pour la commission découlent d'un débat s'étant déroulé en leur interne respectif.

 Le scénario des réformes est écrit, et outre de focaliser l'attention sur le semblant de consultations qu'elle mène, la commission Bensalah joue à ménager le temps au pouvoir de voir venir les développements qui vont être ceux du « printemps arabe » et être en situation de les exploiter sans préjudice pour lui.

 Il n'est pas acquis pourtant que le spectacle dont le déroulement a été confié à la commission Bensalah ait l'effet apaisant et dérivatif voulu par ceux qui l'ont instruite. Au fur et à mesure que les jours passent et que défilent les invités de la commission, c'est plutôt à une montée de l'exaspération populaire que l'on assiste au vu de ce défilé auquel ne prennent part, pour leur majorité, que des personnalités et des partis au crédit dévalorisé et pour beaucoup depuis longtemps totalement consommé.