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La réponse de Netanyahou à Obama : une raclée

par Abdelkader Leklek

Parce que, lors de son discours du 19 mai 2011, dans la salle de conférences du département d'Etat à Washington, Barac Obama, avait volontairement choisi de traiter de la question du peuple palestinien, et surtout du retour aux frontières de 1967, en conclusion de son intervention, alors, il a vite et bien été rabroué par Benyamin Netanyahou.

Il avait alors déclaré que :«Depuis des décennies, le conflit entre les Israéliens et les Arabes jette une ombre sur la région. Il fait vivre les Israéliens dans la crainte que leurs enfants ne soient pulvérisés par un explosif placé dans un car ou par une roquette tirée sur leur logement, et dans la douleur de savoir qu'on apprend à d'autres enfants de la région à les haïr. Il fait subir aux Palestiniens l'humiliation de l'occupation et de ne jamais vivre dans un État à eux».

Je laisse le soin pour les approches critiques et savantes du discours, aux spécialistes de la rhétorique, de la déclamation, de la sémantique, et de la communication. Cependant comme le candide de Voltaire qui, témoin d'une boucherie héroïque entre les troupes arabes et bulgares, déserte et découvre, en Hollande, l'intolérance. Moi je suis témoins d'un speech où le mélange des genres, n'honore pas le rhéteur. D'un coup il parle de conflit entre Israéliens et Arabes, et tout de suite après, ce même conflit se transforme, et ne touche uniquement que les Palestiniens et les Israéliens. Monsieur l'orateur de la grande puissance, combien sont-t-il les pays arabes dans la région de ce conflit, qui demeurent encore hostiles à l'Etat d'Israël, depuis 1979 et les accords des Camp

David. Ni l'Egypte, ni la Jordanie, ni l'Arabie Saoudite et toutes les monarchies du Golfe, ni le Liban. Et point non plus la Syrie qui négocie par turcs interposés, avec l'Etat hébreux un arrangement, et donne de la troupe et des chars de combats contre de sa propre population. Tous s'en sont accommodés et avant que vous ne soyez président. Les seuls adversaires que l'Etat hébreux peut encore craindre, sont le discours officiel de l'Iran et les combattants du Hezbollah au Sud Liban. D'ailleurs lors de son discours devant les membres du congrès américain, le 24 mai 2011, Benyamin Nethanyahou, avant de vous balancer une volée de bois vert, et de vous remonter les bretelles, reconnaissait que :«La paix avec l'Égypte et la Jordanie a longtemps servi comme une ancre de stabilité et de paix au cœur du Moyen-Orient».

Monsieur le discoureur regardez la réalité en face, mais éveillé. Mon propos n'est pas de comparer les malheurs humains, mais avant que les israéliens ne craignent que leurs enfants ne soient pulvérisés par une bombe tirée de n'importe où. Les enfants palestiniens par centaine, et leurs parents, eux l'ont été, et ils en sont toujours les cibles, et pas seulement de bombes. Ils ont subi toutes sortes de balles, des grenades à fragmentation, des missiles tirés à partir de drones et d'autres engins de la mort. Monsieur le président des Etats-Unis le 30 septembre 2000, sur toute les chaînes télé du monde tournaient en boucle les images d'un père qui essayait de tirer vers lui son fils, le serrait contre son dos pour essayer de le protéger de son corps, terrifié par les tirs de feu nourri. L'enfant suppliait son père, alors que les deux étaient dans la même situation, face à la mort : Papa pour l'amour de Dieu, protège-moi, papa ! C'est cela une innocence de gosse.

Un commentateur de la scène raconte :» Puis un nuage de poussière a envahi le coin. Quand il est retombé, j'ai vu le gosse allongé, mort, et son père, assis, inconscient, dont le corps blessé se balançait étrangement. Ils sont restés quarante-cinq minutes en tout, parfaitement visibles, serrés l'un contre l'autre». Ce gosse s'appelait Mohamed Ad-Doura, il habitait avec ses parents, dans le camp de réfugiés palestiniens de Boureij et il rentrait ce jour là de courses avec son père. Il a été abattu comme un animal, alors que son père criait en hébreux aux soldats de Tsahal, d'arrêter de tirer. Mohamed avait douze ans, presque l'âge actuel de votre fille aînée, Malia Ann, qui, elle en a aujourd'hui 13, et les deux enfants, les nôtres et les vôtres, ne demandent qu'à vivre, en paix. Nous autres, nous n'y pouvons rien. Par contre vous, vous pouvez tout. Monsieur pincez-vous et visionnez les images, il n'est jamais trop tard de se reprendre.

Déjà le 4 Juin 2009 dans votre discours du Caire, vous annonciez la couleur, quand pour Israël vous affirmiez cela :

«Les liens solides entre l'Amérique et Israël sont bien connus. Cette relation est indestructible. Elle est fondée sur des liens culturels et historiques, et la conscience que l'aspiration à une patrie juive est enracinée dans une histoire tragique qui ne peut être niée».

Et qu'en direction du peuple palestinien, dans le même discours, vous suggériez :

«Il est aussi indéniable que le peuple palestinien -musulmans et chrétiens- a souffert dans sa quête d'une patrie. Pendant plus de 60 ans, il a enduré les douleurs du déracinement. Beaucoup attendent, dans les camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et aux alentours, une vie de paix et de sécurité qu'ils n'ont jamais pu mener. Ils subissent les humiliations quotidiennes -grandes et petites- qui accompagnent l'occupation. Alors qu'il n'y ait aucun doute : la situation du peuple palestinien est intolérable. L'Amérique ne retournera pas le dos aux aspirations légitimes des palestiniens à la dignité et à un état à eux».

Monsieur le président des Etats -Unis, au-delà de la justification par vous de l'aspiration légitime des uns à une patrie juive, que vous affirmez fortement, et de la tiède et mollassonne intention de promettre hypothétiquement aux palestiniens, un état à eux. Aux uns, vous décrétez une patrie, aux autres un état, alors que vous reconnaissez vous-même que les palestiniens, sont eux aussi comme les juifs en quête d'une patrie. Monsieur Obama soyez conséquent avec vous-même, relisez-vous !

Monsieur le récipiendaire du prix Nobel de la paix 2009, vous n'avez pas le droit à ce titre de mépriser les palestiniens pour ménager les israéliens. A ce stade de la reconnaissance que vous confère cette décoration, quoi que, une éthique, une morale et une honnêteté, sont d'obligatoires fondamentaux. Laissez aux autres les artifices de la dérobade, de la manipulation, de la palinodie, de la pirouette et du reniement. Dans son discours devant les membres du congrès, le premier ministre de l'Etat des juifs, joue son rôle de quémandeur de soutiens, d'où qu'ils viennent. Et il sait s'y prendre pour ce faire. Il n'y a qu'à voir tous ces 535 membres qui forment le congrès, les 100 sénateurs et 435 représentants -députés-, qui applaudissaient frénétiquement à s'enfler les paumes des mains, en faisant une standing ovation, comme ils disent, à Nethanyahou. Ils se levaient, se rasseyaient comme une seule personne et se surveillaient, républicains et démocrates. Façon je fais le discret, mais ils se zieutaient et se lorgnaient, pour repérer qui n'a pas applaudit, qui ne s'était pas levé, et qui n'a pas montré de l'enthousiasme. Les délégués au soviet suprême d'entant et leurs ouailles feraient pâle figure. Dommage pour le pays de Thomas Jefferson.

Le premier ministre israélien, connaissait sa leçon, et par deux fois dans son discours il cita l'Holocauste, et une fois la shoah. Termes magiques, qui à force d'être jusqu'à l'indécence envers ceux qui en ont été les victimes, exploités et servis au monde entier comme faire valoir, avaient fini par faire culpabiliser tous ceux qui les entendaient, de se mettre presque au garde à vous pour demander le pardon. Quelle part de responsabilité les palestiniens ont-ils, dans les massacres des juifs par les nazis, messieurs dames du congrès U S ?

Monsieur Obama, Nathanyahou, vous a offensé, chez vous et devant la plus haute institution démocratique américaine, la représentation nationale. Rebuffades et camouflets de haute teneur en orgueil et arrogance enveloppés dans une intervention en terrain conquis vous furent servis par le premier ministre israélien. Il vous a souffleté avec la diplomatie de l'ingénu machiavélique, jusqu'à ne plus en pouvoir, sous une deuxième, troisième ?, standing ovation, fougueuses, dans l'antre même du congrès américain, digne d'une ?'démoctature» stalinienne.

Pourquoi ? Parce que vous affirmiez au nom des Etats-Unis, que :«Nous pensons que les frontières d'Israël et de la Palestine doivent se baser sur les lignes de démarcation de 1967 dans le cadre d'échanges mutuellement agréés, de façon à ce que des frontières sûres et reconnues soient établies pour les deux États». C'est-à-dire un Etat Palestinien fondé sur les frontières de 1967.

En bon général d'une armée d'occupation, il est venu devant le congrès pour vous répondre et vous notifier le contraire, en affirmant avec la gestuelle du prédicateur inébranlable et sûr de cause :«Mais comme dit le président Obama, la frontière sera différente de celle qui existait au 4 Juin 1967. Israël ne reviendra pas sur les lignes indéfendables de 1967».

En clair Nethayahou vous dit non au retour aux frontières de 1967, non à une capitale palestinienne à Jérusalem-Est, non au retour des réfugiés, et non au retrait de Tsahal, l'armée israélienne de la rive du Jourdain.

Pour un affront, s'en est un, et de surcroît où ? Dans la maison Amérique. Monsieur le président, il y a péril en la demeure, la direction de votre foyer vous échappe ! Il vous sera loisible de lui répliquer devant la Knesset, mais je suis sûr, que vous serez peut-être poliment reçu, mais également je suis certain que vous serez copieusement chahuté au lieu d'être applaudi. Essayez donc pour avoir le cœur net. Il ne viendrait même pas à l'idée de vos matières grise de conseillers de vous le suggérer, par peur des conséquences visibles pour le plus inexpérimenté des communicants. Monsieur le président des Etats-Unis percevez-vous, le gap qu'il y a entre votre stratégie et celle de Nethanyahou, appréhendez-vous la différence. Il est en mesure et quand il le souhaite, et que vous le vouliez ou pas, de s'adresser à travers la représentation nationale, au peuple américain. Et dès qu'il termine sous les applaudissements à ne pas en finir de vos concitoyens élus, il vous a déjà piégé et interdit de lui répondre dans les mêmes conditions. Qui est le plus pertinent, monsieur ? Je ne répondrais pas, cela vous concerne avec votre rebelle de protégé premier ministre israélien.

Mais de guère las, vous persistez. Pour priver les palestiniens de faire reconnaître leur Etat par l'Organisation des Nations Unies, comme vous semblez, dans votre discours du 19 mai, leur conseiller sous forme de menaces à peine déguisées de s'abstenir, en disant :»Pour les Palestiniens, les efforts visant à délégitimer Israël échoueront. Les actions symboliques destinées à isoler Israël aux Nations unies en septembre ne vont pas leur créer un État indépendant».

Là je vous interpelle à mon tour monsieur le président des Etats-Unis à plus de décence envers tous les palestiniens et pas seulement, c'est-à-dire à tous les humains défenseurs des opprimés, et à plus de sagesse. Monsieur comment nous voyez-vous ? Nous aussi, sommes capables de non violence, quand on nous respecte. Les palestiniens sont adultes et s'ils ont choisissent pour défendre leur cause et créer leur Etat indépendant dans le cadre des frontières du 4 Juin 1967, en utilisant le canal de l'ONU, en quoi cela vous dérange t-il, si ce n'est, de plaire aux lobbys sionistes et d'assurer votre réélection. Monsieur, vous avez et vous continuez de décevoir, les espoirs et les espérances de beaucoup de personnes de ce monde. Et se présente figé et envahissant, devant moi comme une obsession, dont je n'arrive pas à me défaire en rédigeant cette chronique, le visage en pleurs, le jour de votre élection à la présidence des Etats-Unis, du révérend Jessy Jackson.

Mais monsieur le président, ce que vous ne pas semblez mesurer, c'est qu'en agissant contre la reconnaissance de l'Etat palestinien par une majorité d'Etats membre de l'institution onusienne, vous faites le jeu de Nethanyahou, qui vous utilise pour ses desseins. Le premier ministre d'Israël, veut que l'Etat palestinien soit reconnu par l'ONU, comme ça il aura la permission de faire une guerre conventionnelle à un Etat et pas à un peuple encadré par deux mouvements politiques. Car en matière de guerre, quand un Etat aide un autre, cela s'appelle un alignement politique, par contre quand un Etat aide un, ou bien des mouvements de libération, cela s'appelle un soutien à la liberté, à l'autodétermination, à l'indépendance, au respect des droits de l'homme et des humanités. Intelligent le sioniste, non !

Qui est ce qui constitue la pierre d'achoppement, l'obstacle à toutes les initiatives de paix entre les israéliens et les palestiniens ? Ce sont tous les amis de Netanyahou, qui se planquent là où vous ne les soupçonnez pas, au sein du congrès américain Monsieur le président, pour manipuler les opinions. L'intransigeance est le credo du premier ministre israélien. Le retour aux frontières du 4 Juin 1967 n'est pas une option, ni une faveur, non plus. Ce sont deux résolutions du conseil de sécurité n°242 et n°338 que le Conseil National Palestinien (CNP) réuni en exil à Alger en 1988 avait approuvées et du coup, avait voté en faveur d'une solution fondée sur la coexistence de deux Etats. Ces deux résolutions appellent également au retrait d'Israël des territoires occupés lors de la guerre de 1967.

L'acceptation par l'OLP des frontières du 4 juin1967 représente à cet égard un compromis exceptionnel. Qu'est ce qu'il en a été fait depuis par les sionistes ?

Pour vous justifier et vous rattraper, vous aviez le 22 mai 2011 tenté, devant des membres de l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), une explication de texte d'écolier en revenant sur votre malheureux retour aux frontières de 1967. Cette organisation officielle du lobby sioniste américain, compte 100 000 adhérents et 165 employés, dispose d'un budget annuel de 45 millions de dollars, et de bureaux dans la plupart des États américains. Elle possède également d'un siège social à Washington dans le voisinage du Congrès. Tous ces messieurs et ces dames de ce comité du lobby, savent lire écrire et compter et en américain, mais ils ne vous ont pas entendu. Ce que vous n'avez pas compris Monsieur le président, c'est qu'il ne fallait pas, pour préserver et garantir votre carrière politique, vous aventurer dans les affaires réservées au lobby et uniquement à lui, dussiez vous être le 44 ème président des Etats-Unis.

 Et pour essayer de commencer à comprendre ce qui vous arrive, Monsieur le président, méditez ce qui arrive à Monsieur Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité Palestinienne. Où est ce qu'il en est, de ce qu'il fut, par le travail sournois de l'ombre des sionistes le discréditant jusqu'à l'extinction dans toutes les opinions publiques arabes, les palestiniens y compris. Ce sont les ennemis de la paix partout, sur la terre. Et pour vous en convaincre, faudrait-il que l'on vous rappelle, que quand vous aviez appelé les israéliens à arrêter les constructions. Nethanyahou, pour vous répondre en avait autorisé l'édification d'autres.

 En guise de conclusion, je vous offre, Monsieur le président, à cogiter, ce que pense le journaliste français Jean Daniel sur le sujet, cela vous donnera peut-être plus de visibilité :

?'Lorsque Benjamin Netanyahu, à la veille des accords entre les deux organisations palestiniennes, a proclamé : «Mahmoud Abbas a le choix entre la paix avec Israël et la réconciliation avec le Hamas», il disait un énorme mensonge. La vérité, c'est que Abbas n'avait plus le choix qu'entre le déshonneur d'une paix servile avec Israël et le pari, en effet très risqué, d'une démocratie avec le Hamas». Et de notre part ce n'est pas une raclée.