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Charm el-Cheikh: finir diplomatiquement ce qui a été commencé militairement

par Kharroubi Habib

Ce n'est qu'une fois que l'Etat sioniste a décrété sa trêve unilatérale, après trois semaines de carnages perpétrés par sa soldatesque, que l'Egypte et la France s'avisent de réunir un sommet international consacré à Ghaza.

Pourtant, ce sommet qui a eu lieu hier aurait pu, par la qualité de ses participants (les présidents français et égyptien, le roi de Jordanie, la chancelière allemande, les Premiers ministres de Turquie, de Grande-Bretagne, d'Italie, d'Espagne et le Secrétaire général de l'ONU), renforcer considérablement les pressions internationales qui se sont exercées dès le début de l'agression israélienne pour en réclamer l'arrêt immédiat. Pour cela, il aurait fallu le tenir avant que la tragédie ne soit consommée. Ce que n'ont pas voulu faire les chefs d'Etat et de gouvernement accourus hier à Charm el-Cheikh dans une très suspecte précipitation.

Il faut savoir qu'à l'exception de la Turquie, les Etats représentés à ce sommet, y compris ceux du monde arabe, ont soit fermé les yeux, soit ouvertement approuvé les agissements de l'Etat sioniste. Et ce sont ces mêmes Etats qui prétendent vouloir apporter aujourd'hui la solution au conflit israélo-palestinien.

Même en faisant preuve de «pragmatisme», il sera difficile aux Palestiniens de croire à la sincérité des intentions de l'aréopage réuni à Charm el-Cheikh. Ils n'auront pas tort ceux d'entre eux qui pensent que la réunion de Charm el-Cheikh a surtout pour objectif de terminer diplomatiquement le travail de sape de la résistance palestinienne entrepris militairement par Israël pendant les trois semaines de cauchemar.

Pour les Palestiniens, il ne suffit plus qu'on leur fasse miroiter la perspective de création de leur Etat national. Ils ont en effet, par excès de confiance envers les principaux acteurs de la communauté internationale, fait trop de concessions à l'ennemi sioniste sans que ceux-là parviennent à obliger ce dernier à respecter ses engagements internationaux. Au contraire, c'est toujours à eux qu'il est exigé du «pragmatisme, de la souplesse», des renoncements en fait.

C'est ce que leur demandera une fois de plus le sommet de Charm el-Cheikh, qui se contentera, en contrepartie, c'est notre certitude, de rappeler le «consensus international» existant pour la création d'un futur Etat palestinien. C'est sur les Palestiniens que s'exerceront ses pressions contraignantes pour qu'ils acceptent les conditions israéliennes mises à l'arrêt de l'agression dont ils sont victimes. Cette fois, les Palestiniens sont dos au mur. S'ils renoncent à la résistance contre leur occupant, comme vont le demander les participants au sommet, alors Israël aura gagné diplomatiquement ce qu'il n'a pu concrétiser par la violence et la barbarie. C'est cette issue qu'est venu rechercher le sommet de Charm el-Cheikh.

Et il ne faut surtout pas accorder de crédit aux gesticulations tardives du raïs égyptien et de son ministre des Affaires étrangères contre «l'intransigeance et l'ivresse de puissance et de violence» de l'Etat sioniste.