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Le temps des incertitudes

par Maâmar Benguerba*

Le déluge d’informations, déversé par les médias étrangers, sur les graves crises que traverse le monde aujourd’hui, inquiète singulièrement le citoyen. Il redoute leurs répercussions désastreuses sur son existence et sur l’avenir de ses proches.

Il sait que les retombées seront différenciées selon la compétitivité des économies et selon la qualité de l’ossature institutionnelle des pays.

Les conséquences seront alourdies par un manque de vigilance, de lucidité et/ou d’absence d’aptitudes des responsables en charge du destin de la nation.

 

Les crises internationales
 


Le laxisme en matière de crédits hypothécaires des banques américaines révéla une crise à la profondeur insoupçonnée. Titrisés et diversifiés, par un secteur financier autonomisé et investi par des pratiques sophistiquées et sans contrôle rigoureux, dans un espace mondialisé, ces actifs financiers provoquèrent l’inquiétude. Au départ, à peine 15 % des crédits accordés, avec comme garantie essentielle les perspectives de valorisation des biens immobiliers acquis, étaient considérés comme irrécouvrables. Mais, du fait de l’impossibilité d’en évaluer exactement leur volume total, démultiplié par l’action des banques d’affaires, et leur localisation exacte, ils semèrent le doute. Ils menacèrent de liquidation les assureurs publics américains comme Fannie Mae et Freddie Mac. Leur faillite fut empêchée par l’intervention des pouvoirs publics pour éviter un séisme systémique, à portée politique majeure. La Chine et la Russie y avaient, par exemple, chacune, placé en obligations, l’équivalent d’un dixième de leur PIB. Les banques, devenues soupçonneuses les unes des autres, limitèrent leurs interventions au sein du marché interbancaire du crédit. La crise du crédit, en instaurant la méfiance, se transforma en crise de liquidités. La suspicion entraîna à son tour une crise de solvabilité de certaines banques. Elle provoqua un début d’affolement sur les marchés financiers. Les banques d’affaires, plus engagées dans le segment du crédit et moins soumises aux règles prudentielles, constituèrent des victimes de choix. Pour contrarier la spirale de l’assèchement du crédit, les banques centrales de différents pays menacés multiplièrent les gestes d’apaisement en réduisant leurs taux de base. La baisse continue pour atteindre les taux les plus bas historiquement, frôlant le zéro. La montée de la crise bancaire encouragea des Hedge funds et autres fonds souverains, en charge de la gestion de capitaux, à essayer d’anticiper, voire de profiter de la crise. Ils diversifièrent leurs placements par des interventions spéculatives sur les marchés pétroliers et des matières premières. Ils essayèrent de se prémunir de la baisse des cours des marchés des actions. Le glissement rapide vers un enchaînement encore plus catastrophique fut ralenti par des actions des pouvoirs publics (prises de participations dans le capital des banques, création de fonds de soutien aux banques, rachats d’actifs douteux, relèvement du seuil des dépôts des particuliers garantis par les Etats...). La crise risquait d’étendre ses effets dévastateurs à l’épargne des particuliers et provoquer la faillite du système financier dans son ensemble. Enrayée momentanément, la crise ne fut pas circonscrite pour autant. Elle envahit l’économie réelle. Elle provoque un processus de récession des grandes économies développées avec son lot de tassements des activités et de licenciements massifs. Elle étend ses effets aux économies émergentes. Leur découplage ne s’est pas vérifié. Selon les estimations de décembre du FMI, la croissance mondiale qui fut de 5,1 % en 2006 sera de 2,2 % en 2009. La Banque mondiale est encore plus pessimiste puisqu’elle l’estime à seulement 0,9 %. Les vingt pays les plus riches de la planète, locomotives de l’économie mondiale, prônèrent le soutien à la relance économique et appelèrent à une meilleure surveillance financière mondiale. Leurs conclusions ne calmèrent pas les marchés financiers qui poursuivent leur dégringolade. L’économie réelle les accompagne dans la dégradation. L’effondrement des bourses mondiales comprime drastiquement la valeur des actifs des sociétés. Les plans se succèdent pour enrayer le mouvement. Les actions de sauvetage s’étendent à l’économie réelle. De multiples actions sont menées. Ils ciblent directement des secteurs d’activité et des entreprises et mettent en place des dispositifs bancaires spécifiques pour encourager l’investissement. Le soutien à la reprise se manifeste, aussi, par différentes mesures destinées à booster la demande des ménages. Des emprunts d’Etats sont émis sur les marchés internationaux pour le financement de grands travaux. Les pays pétroliers excédentaires sont sollicités pour contribuer au financement de la reprise de l’économie mondiale. Les énormes besoins financiers seront aussi financés par des déficits budgétaires records. Leurs impacts inflationnistes et leur influence sur les parités des principales monnaies ne sont plus considérés comme des obstacles. Les plans de relance économique se généralisent. (Etats-Unis, Europe, Japon, Chine, Brésil, Corée du Sud...). La spéculation profita des circonstances. Elle poussa à une hausse excessivement rapide des prix de produits de base, surtout pétroliers, et contribua à leur baisse brutale et exagérée. Une analyse plus fine pourra renseigner sur les prix réels encaissés par les pays producteurs, au regard des pertes enregistrées dans la tourmente des marchés financiers. Toute proportion gardée, c’est la répétition de la récupération des « chocs pétroliers » de 1973, de 1979 et 1991 qui furent souvent suivis d’un usage inefficient des ressources financières additionnelles obtenues par les pays producteurs et d’une dépréciation drastique du dollar. En moins de trois ans et à chaque fois, la plupart des pays exportateurs pétroliers devinrent débiteurs nets. Le pétrole est-il condamné à n’être qu’une fortune fugitive ? Mais la nouveauté, aujourd’hui, procède surtout du doute sur l’infaillibilité d’un système de production et de financement de l’économie mondiale construit, au fil du temps, depuis plusieurs décennies. Tous les dogmes véhiculés sur l’économie de marché, sur l’impératif de l’équilibre budgétaire, sur l’orthodoxie monétaire ou sur le bannissement de l’Etat de la sphère marchande, sont récusés. L’économie internationale est prise dans une spirale qui touche les fondements de l’équilibre du monde. Les qualificatifs du diagnostic passent du dégonflement de la bulle financière à la crise du système financier international, voire du capitalisme. Elle révèle, néanmoins, l’influence de la répartition spatiale, inédite, des activités économiques. Cette nouveauté amplifie et par un effet boomerang, renvoie la crise sociale vers les pays émetteurs de la crise économique. La crise inaugure de nouvelles perspectives. Les plus grands experts affirment qu’elle est profonde, qu’elle n’épargnera pas la sphère politique et déclarent leur incapacité à en évaluer la durée. Les prévisions des différentes institutions internationales spécialisées sont systématiquement démenties et révisées en baisse. La récession risque de déboucher sur une dépression. Et, les règles de gouvernance, au niveau mondial, pourraient bien aggraver les disparités spatiales et sociales. Elles susciteront de dramatiques situations humaines à l’échelle planétaire. Face à toutes les incertitudes politiques, économiques et financières, l’Algérie reste impassible. Pourtant, ni la gestion chaotique de l’économie dénoncée au plus haut niveau, ni l’atonie et la gestion à la hussarde de la situation politique intérieure, ne justifient une telle attitude.

 

Les effets de la crise :

 

Le pouvoir politique minimise les effets de la crise sur le pays. Il affirme que les « réserves, placées au niveau du Trésor américain, sont protégées et ne sont nullement perdues, soulignant que ces réserves placées à 3 % ramèneront, comme l’année dernière, 4,5 milliards de dollars »(1). Pourtant, un rapide calcul arithmétique montrerait que pour obtenir le résultat indiqué, avec les paramètres déclarés, il est nécessaire de disposer d’un dépôt égal à 150 milliards de dollar pendant un an. L’ensemble des réserves déclarées pour 2007 était nettement inférieur à ce chiffre (77,781 milliards de dollars à fin 2006 et 110 milliards de dollars à fin 2007). Par contre, si le résultat proclamé est correct, cela suppose que des montants importants étaient placés sur des actifs marchands, plus risqués mais plus rémunérateurs. Il est à craindre, dans ces conditions, que le rendement escompté pour 2008 ne soit durement affecté malgré l’accroissement nominal des réserves. Il y eut aussi une flagrante contrevérité : « Nous ne sommes pas concernés par les conséquences de cette crise »(2). Pourtant, le gouverneur de la Banque d’Algérie avait, dans un prudent mais expressif langage, déclaré auparavant, que « la conduite de la diversification des devises de placement... a permis à la Banque d’Algérie de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences sur les marchés financiers internationaux »(3). Mais, en plus des conséquences sur les réserves de change, il y aurait les effets sur les fonds propres de Sonatrach, déposés ou placés à l’étranger dans des activités marchandes. Ses résultats nets auraient été de 8,4 milliards de dollars en 2006 et de 10 milliards de dollars en 2007. D’autre part, l’assurance affichée quant à l’avenir est surréaliste. Surtout à un moment où d’éminents analystes commencent à entrevoir que, face à un endettement de plus en plus lourd de l’Etat américain, il n’ait à redouter que ses bons du Trésor ne soient la prochaine bulle. L’Algérie y aurait placé 62 % de ses réserves de change(4). Leur accroissement et la diversification soutenue de leur offre réduisent déjà drastiquement leur valeur et aux premiers frémissements positifs du marché des actions ils pourraient plonger. Se croire plus futé que d’autres n’est réellement pas de mise dans la tourmente d’aujourd’hui. Contrairement aux déclarations, l’existence d’un fonds souverain serait, à présent, un excellent instrument pour arbitrer les placements des réserves accumulées. Il ne faut pas confondre le véhicule avec le pilote. Un fonds souverain n’est ni mauvais ni bon en soi. Sa qualité dépend des résultats qu’il procure. Une autre répercussion minimisée résultera de la baisse des prix pétroliers et de la réduction, même modeste, du volume des exportations pétrolières. Prétendre que : « Quelle que soit l’étendue de la crise, l’Algérie ne sera pas affectée par les répercussions de la crise. Si le baril de pétrole baisse à 60 dollars, les conséquences se feront ressentir en Algérie dans 5 ans ou 6 ans ; si la crise est très dure et le prix du baril chute à 10 dollars, notre pays sera, malgré cela, à l’abri pour 2 à 3 ans »(5), est stupéfiant. Car, à moins de 70 dollars le baril (il convient de tenir compte de la parité dinar/dollar), le budget 2009, calculé théoriquement sur la base de 37 dollars le baril, sera toujours déficitaire. Quelques jours après ces déclarations retentissantes, censées rassurer l’opinion publique, la tonalité change : « l’Algérie serait obligée de reconfigurer sa stratégie économique en cas de baisse continue et significative des prix du pétrole et de récession mondiale. Il est évident que si les marchés pétroliers internationaux devaient connaître une baisse continue et significative et si la récession devenait mondiale, nous serions dans l’obligation de reconfigurer notre plan économique sur le long terme »(6). Cette attitude de bon sens est démentie par une « magistrale » démonstration : « Je mets 19 milliards et j’aurai besoin, pour l’importation des marchandises et pour payer des services, de 35 à 40 milliards de dollars. Donc, il faudra prendre 21 milliards de dollars de plus pour arriver à 40. Les réserves de change serviront à cela », soulignant qu’entre-temps, « l’Algérie continuera à engranger des recettes pétrolières, même avec un baril à 10 dollars »(7). (Ce prix est inférieur aux coûts opératoires de certains gisements qu’il faudra soit fermer soit en subventionner les productions). Avec un tel raisonnement, il est difficile de convaincre les pays consommateurs, en peine à relancer leurs économies, d’accepter des prix plus élevés ! En fait, la vitesse de l’épuisement de l’épargne accumulée, dans le Fonds de régulation des recettes, et donc le recours, de nouveau, à l’endettement sera fonction : de l’évolution du marché obligataire international et du coût de la mobilisation rapide des réserves placées, de l’évolution du niveau des prix pétroliers et des dispositions arrêtées en matière de poursuite des chantiers, de toute nature, lancés ou programmés. Le ralentissement des investissements publics aura un effet dévastateur sur l’emploi et donc sur les revenus des ménages et des entreprises locales. Il y aura également baisse progressive, en valeur absolue, du soutien aux caisses de retraites fixé à 2 % des recettes pétrolières et une stagnation, voire une diminution des cotisations sociales. Naturellement, la valeur comme la structure des importations seront profondément affectées. La crise pourra aussi entraîner des tensions sociales, une multiplication des émeutes, une forte résurgence du terrorisme, un accroissement de l’émigration clandestine et des affrontements claniques féroces. Le risque politique n’est donc pas à exclure. L’entêtement à persister à ne pas anticiper le déroulement néfaste de la crise, en continuant à réaliser un programme pourtant largement discutable dans son contenu comme dans son processus de mise en oeuvre, mènera sûrement à de redoutables développements. Il est vrai que les motifs d’une telle attitude pourraient relever d’une savante combinaison de l’électoralisme, de l’impératif de sauvegarder les équilibres claniques par le maintien du niveau de partage de la rente et de conseils « bienveillants » des partisans d’une relance de l’économie mondiale, associant les pays disposant d’excédents financiers.

 

Quelques exemples d’errements :

 

La loi d’avril 2005 sur les hydrocarbures(8), révisée, rétablit l’obligation d’une participation majoritaire d’au moins 51 % pour Sonatrach dans les gisements d’hydrocarbures. Mais, alors que l’ancienne loi limitait la part du partenaire étranger aux hydrocarbures extraits, aujourd’hui, la part du partenaire étranger s’étend à la concession, c’est-à-dire aux réserves qu’elle contient. Une partie des nouvelles ressources découvertes n’appartiendront donc pas au pays. Elles seront la propriété exclusive du partenaire étranger. La loi révisée a aussi libéré totalement l’investissement étranger dans l’aval pétrolier sauf pour le raffinage dans lequel le partenaire public ne saurait disposer d’une part inférieure à 51 %. L’investissement dans la pétrochimie et la liquéfaction fut totalement ouvert au capital privé. Et pour conforter l’éventuel investisseur, la nouvelle loi sur les hydrocarbures prévoit de lui appliquer un prix du gaz naturel favorable, déconnecté du prix international. L’explication fournie, officiellement, pour justifier le grand écart de prix, indique que la rente serait prélevée sur la base d’une formule non divulguée au niveau des résultats d’exploitation des entreprises concernées. Cette approche encouragerait le capital étranger à s’investir. Mais, bizarrement, et en dépit de cette « trouvaille », ce dernier souhaite aussi un partenariat minoritaire de Sonatrach et un financement des banques publiques nationales. Autant dire qu’il minimise sa participation financière, tout en gardant le contrôle de l’activité, en s’accaparant de la majorité des parts dans le Capital social (le dicton populaire dirait : « Men leheitou bakhar lou »). Mais le plus curieux, ce sont les déclarations gouvernementales du mois d’août 2008 qui stipulent que l’investisseur étranger doit se satisfaire d’une part minoritaire.

La loi sus-citée est-elle abrogée par ces déclarations ? Les projets déjà négociés sont ils concernés ? Si cela n’est pas le cas, est-ce une façon de fermer la porte à d’autres postulants et empêcher la concurrence de s’exercer ? L’interrogation causée par cette décision fut balayée par l’affirmation que l’Allemagne - l’on ne se compare pas à n’importe qui - limite la part du capital étranger à 25 % dans ses entreprises stratégiques. Ce taux sera-t-il appliqué désormais aux investissements étrangers pour les gisements d’hydrocarbures ? Le secteur de l’eau, non moins vital pour les populations et pour les activités économiques du pays, suscite également des interrogations. Le partenariat étranger détiendra 51 % du capital dans 14 stations de dessalement d’eau de mer sur les 15 stations programmées. Il contrôlera un créneau crucial, disposera d’un débouché et de prix garantis et profitera d’un prix de l’énergie soutenu pour son fonctionnement. Que vouloir de plus ? Qu’en est-il, maintenant, des accords conclus et/ou négociés ; seront-ils revus ? Si c’est le cas, que retenir de l’image internationale du pays avec toutes ces volte-face ? S’ils sont maintenus, que penser des déclarations et autres prises de positions, lorsque les secteurs vitaux du pays seront, pour une large part, entre les mains d’intérêts étrangers ? Pourtant, les pays qui professent la libre concurrence et la prépondérance des marchés, inventent, à présent, de nouveaux instruments de gestion pour empêcher que des activités nationales, tout juste stratégiques, soient « menacées » par des capitaux étrangers. Le secteur industriel, édifié avec de modestes moyens, est depuis trente ans toujours en phase de détricotage. Comme saisi par une constante malédiction, le pouvoir agit, plus que jamais, à contre-courant de ce qu’il convient d’en faire. Après les fameuses réorganisations organiques des sociétés nationales et autres trouvailles d’organisations sous forme d’EPE, de fonds de participations, de holdings et de SGP, la poursuite des actions de privatisations initiées, sans discernement et sans vision probante depuis 10 ans, est aujourd’hui caduque. L’insuffisance de liquidités et l’existence d’opportunités plus intéressantes pour les investisseurs au plan international, condamnent le processus. Le nouveau cadre fixé à l’investissement étranger accentue son désintérêt. Le pays s’est aussi enfermé dans cette situation en libéralisant brutalement le commerce extérieur. La signature précipitée de l’accord d’association avec l’Union européenne avait fortifié l’assise du nouveau pouvoir mais a offert, sans réelles précautions efficientes, son marché intérieur. Ce dernier, adossé aux énormes investissements publics, aurait pu servir de levier pour susciter l’intérêt d’investisseurs étrangers professionnels. La nouvelle orientation d’investissement, avec des fonds propres, présentée comme le retour au patriotisme économique alors qu’elle procède d’un échec déclaré mais non assumé, comporte aussi des inconvénients majeurs. Les choix industriels, articulés autour d’une valorisation des hydrocarbures, rivent le pays dans le même segment d’activité que celui des hydrocarbures avec moins de flexibilité. De plus, ils s’inspirent toujours de la pensée, de la culture et des pratiques de l’économie autarcique d’antan. Le retour à l’investissement public, après la destruction du modeste capital industriel édifié et après la révocation ou l’exil, depuis plus d’un quart de siècle, d’une grande partie des cadres compétents et expérimentés, est encore plus problématique avec la nouvelle situation économique mondiale. A un moment où les risques industriels sont certains avec le foisonnement des inconnues. L’évolution du monde et la crise internationale vont profondément modifier l’économie de demain. L’examen des racines et des mutations à venir mobilise, dans de larges et fréquentes réunions, les Etats et les plus grands spécialistes préoccupés par l’avenir de la planète. Les options s’orientent vers un développement accentué de nouvelles technologies dans lesquelles le savoir est déterminant. Le transfert de ces technologies vers les pays dits en développement ne revêtira pas l’habit de la charité. D’où l’impératif de retenir, voire de faire revenir, les cadres nationaux ayant des profils de niveau international et inscrits dans une vision d’avenir. Mais cela exige une modification profonde du mode de gouvernance du pays. Une fois de plus, les mesures édictées sont insuffisamment mûries. De plus, les nouvelles décisions s’ajoutent au nouveau dispositif de contrôle en matière de transfert des profits réalisés. Elles interviennent au moment même où les recettes extérieures du pays s’amoindrissent et où les liquidités se raréfient au niveau international. C’est-à-dire à un moment où la gestion des réserves financières du pays exige de la prudence et de la minutie. D’ailleurs, la démarche proposée est perçue comme une mesure d’opportunité et non comme une stratégie réfléchie. Elle intervient à un moment semblable à celui du report de la loi sur les hydrocarbures en 2004, à la veille de l’élection présidentielle. Certains pourraient l’imputer à une hésitation permanente à trancher entre les intérêts défendus par les partisans de l’import et de l’initiative privée spéculative et ceux de l’édification d’un secteur public producteur puissant à côté d’un secteur privé conquérant, créateur de richesses. Le tout enveloppé dans une idéologie régressive. Le triangle partisan s’est transformé en un cercle vicié redoutable. Les clans y trouvent leurs comptes, le système de pouvoir y loge son équilibre, mais le pays y perd son âme et sa substance et demain, peut-être, son existence. Il est impératif de créer un électrochoc pour mettre fin au pessimisme dévastateur qui étreint la société. Un électrochoc qui donnera confiance à la nation. Un électrochoc qui créera de l’espoir pour les jeunes générations par leur association à la mise en oeuvre de mesures fondatrices préalablement discutées et débattues librement. Ce n’est pas un discours sur « l’espoir et le rétablissement de la confiance », à partir d’un diagnostic erroné qui le fera.
 

*Ancien ministre
 

1 Le chef du gouvernement. L’Expression du 8 octobre 2008

2 Le ministre des Finances. L’Expression du 08 octobre 2008

3 « Tendances monétaires et financières au premier semestre de 2008 ». Banque d’Algérie.

4 Le Premier ministre. El Watan, 20 décembre 2008.

5 Le chef du gouvernement. L’expression du 8 octobre 2008

6 L’Expression du 17 novembre 2008

7 Premier ministre, El Watan du 25 décembre 2008.

8 Cf. Maâmar Benguerba « L’Algérie en péril : Gouvernance, Hydrocarbures et devenir du Sud ». Ed. l’Harmattan, Paris, 2006.