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PARADE CHINOISE

par Abdou BENABBOU

En exécutant un dirigeant d'une entreprise coupable de corruption, la Chine n'est pas passée par trente six chemins pour démontrer que pour combattre le fléau particulier créé et nourri par des hommes, il n'est pas question de s'éterniser dans des circonvolutions judiciaires et des tâtonnements des gouvernances pour en venir à bout. Les autorités chinoises ont l'art d'indiquer qu'à mal extrême, remède extrême quels que soient les récriminations et les griefs qui peuvent leur être adressés.

A l'annonce de la nouvelle, les émotions primaires de par quelques-uns de ses aspects relevant de la démocratie classique et des droits de l'homme peuvent trouver avec légitimité chez certains motifs à scandale et chez d'autres des raisons de satisfaction. Les plus excédés par les tergiversations calculées des législateurs applaudissent à la radicalité de l'échafaud, rassurés par les résultats et de la finalité des coups d'épée sans détours.

On retrouve cette satisfaction en Algérie quand il a été décidé de renouer avec la peine de mort pour l'enlèvement et l'assassinat des enfants. La sentence radicale contre les monstres qui se propageaient s'est finalement démarquée de la cuisine humanitaire pour mettre un terme à des drames devenus le tribut quotidien du peuple entier. La terrifiante gangrène sociale ne pouvait plus être soignée par du paracétamol et la société algérienne entière a été la première à exiger que l'Etat aille à la solution de la place publique.

Face au phénomène tentaculaire de la corruption, il est indéniable que l'Algérie garde son profil d'enfance. Par son engagement dans la rapine et le vol, il est prouvé qu'un grand corrupteur, quels que soient sa place et son niveau dans la société encore en croissance, est lui aussi coupable dans son genre de rapt et d'enlèvement. Son crime est similaire à l'assassinat d'enfants car lui aussi désagrège une des sèves essentielles du pays.

Sans doute que le badinage désuet du dossier de la corruption a montré ses limites et son essence est devenue un essieu particulier adopté par tout le monde. Comme pour l'enfance, l'opinion publique ne voit pas la parade chinoise d'un mauvais œil.