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Aveuglément volontaire ou cécité de circonstance

par Noureddine Ramzi

Ce que de nombreux Américains reprochent surtout à leur président c'est, au plus haut degré de l'échelle, le non-respect de son engagement vis-à-vis des guerres, particulièrement la guerre en Irak. En 2008, Barack Obama a été élu à la présidence en bonne partie grâce à son opposition à la guerre en Irak, exprimée en octobre 2002 lors d'un discours désormais célèbre. «Je ne suis pas contre toutes les guerres», avait déclaré le politicien encore inconnu d'Illinois. «Ce à quoi je m'oppose, c'est à une guerre stupide.»

Six ans plus tard, les mots semblent faire défaut à Barack Obama pour parler de l'Irak ou de la Syrie. «Ils le font même parfois paraître stupide», comme dans le cas de son entrevue avec le New Yorker. Et son refus ou son incapacité à énoncer clairement une stratégie pour contrer la menace extrémiste au Moyen-Orient pourraient être à la fois désastreux pour la stabilité de la région, la sécurité des Etats-Unis et l'héritage de sa présidence.

Il n'y a aucun doute que Barack Obama a fait du désengagement militaire américain sa priorité au Moyen-Orient. «Après près de neuf années, la guerre menée par les Etats-Unis en Irak est finie», avait-il dit en octobre 2011 en annonçant le retrait total des soldats américains de ce pays où plus de 4.400 d'entre eux avaient perdu la vie. Il n'était alors pas question de maintenir en Irak, au-delà de 2011, une force résiduelle pour seconder l'armée irakienne. Aujourd'hui, les critiques de Barack Obama estiment que la présence d'un contingent de quelques milliers de soldats américains aurait pu freiner l'offensive récente de l'Etat islamique. Le président ne cache pas son impatience par rapport à ce genre de raisonnement, rappelant que Bagdad avait écarté cette possibilité en refusant d'accorder l'immunité juridique aux militaires américains.

Mais tout indique que Barack Obama n'a pas beaucoup insisté sur cette question. Chose certaine, il n'était pas prêt, à l'époque, à critiquer en public la politique sectaire du Premier ministre irakien, puissant facteur de la montée de l'Etat islamique. En décembre 2011, lors d'une conférence de presse commune avec Nouri al-Maliki à la Maison-Blanche, le président américain avait salué le «gouvernement représentatif» dirigé par son hôte et affirmé que l'Irak était devenu «une démocratie et un modèle pour le Proche-Orient».

Pour revenir à ce qui a fait «la gloire» des Bush père et fils, Barack Obama a vite fait de brandir «un bombardement de quelques jours». Quelque deux jours plus tard, le président américain se «réajuste». Il revient à la charge pour déclarer que la paix en Irak ne peut s'obtenir en l'espace de «quelques semaines». Tout laisse croire que le démocrate Barack Obama a perdu le fil de ses idées et que son compte n'est pas aussi bon aux yeux des Américains qui ont beaucoup plus besoin d'emplois que d'armes, craignant un nouvel enlisement parmi tant d'autres.