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Le pouvoir de déléguer : catalyseur de performance pour entreprises et institutions publiques

par Larbi Mehdi*

Il semble que les dirigeants et les cadres supérieurs des entreprises ainsi que des administrations publiques perdent un temps précieux à mettre en œuvre des solutions efficaces face aux obstacles qui entravent le développement de leurs structures économiques et publiques. Parmi les outils de gestion qui portent préjudice à la dynamique de ces structures, l'absence de délégation se démarque.

Cet outil de gestion, souvent discuté au sommet de l'État et débattu par certains consultants et spécialistes des entreprises algériennes, n'a pas encore trouvé sa place ni sa valeur pour répondre de manière satisfaisante aux multiples défis auxquels les responsables sont confrontés. Il est important de souligner que cette contribution n'a pas pour but de polémiquer ni de minimiser les efforts déployés ces derniers temps pour construire une économie émergente et valoriser les services des différentes administrations publiques. Au contraire, elle interpelle les professionnels et les gestionnaires de haut niveau afin de leur rappeler les principes de développement, en espérant qu'ils renouvellent leur regard sur les pratiques et les comportements des salariés, se questionnant sur les raisons de la résignation, de la procrastination, de l'absence de motivation et d'implication.

La délégation dans les entreprises et les administrations publiques est un sujet important à débattre, car son absence dans la gestion courante peut entraîner les phénomènes précités et nuire à la santé financière et sociale de ces structures. Il est temps de mettre fin aux discours creux et d'entamer une discussion sérieuse et responsable, conformément aux souhaits exprimés par le président et d'autres hauts responsables dans divers secteurs audiovisuels.

Cette contribution prend de la valeur en mettant en lumière les risques et les dangers auxquels nous pourrions être confrontés tant que la délégation, en tant qu'outil de gestion, est ignorée dans les différents secteurs économiques et administratifs. Avant de clarifier le concept de délégation, il est intéressant de dresser une liste des phénomènes qui peuvent apparaître en son absence. En refusant de déléguer des tâches et des responsabilités, les dirigeants et les gestionnaires peuvent se retrouver submergés par un volume de travail trop important. Cette méthode de travail peut générer du stress, une baisse de productivité et même un épuisement professionnel.

Il suffit d'observer et d'écouter ces dirigeants et ces gestionnaires lorsqu'ils visitent pour prospecter les projets en cours. Leurs réactions agressives et autoritaires demeurent problématiques aussi bien pour leur santé que pour celle des autres salariés. Le mode de gestion qui transforme la majorité en exécutants n'est jamais remis en question pour en comprendre les conséquences négatives, ainsi que le degré de nuisance généralisée due à l'absence de délégation. C'est un mode de fonctionnement que nous avons hérité de la France coloniale et aucun n'a pris la peine de l'évaluer pour alerter de ces dangers et de ces conséquences nuisibles, d'une part et d'autre, s'exprimer sur d'autres expériences du travail collectif, vécus dans des administrations et entreprises anglo-saxonnes par exemple. Ce mode de fonctionnement ne favorise ni la collaboration ni le développement des compétences. En ne déléguant pas, les managers privent leurs collaborateurs de ces occasions d'apprentissage et de croissance professionnelle. Cependant, tant que la concentration des décisions et des responsabilités demeure entre les mains d'un petit groupe de personnes, cela risque d'étouffer l'innovation et la créativité au sein des structures, tant économiques qu'administratives.

Bien que la délégation soit un outil efficace pour développer la motivation et l'implication de la majorité autour des projets, elle permet également aux salariés d'expérimenter leurs façons de voir l'organisation du travail, de prendre des initiatives et de proposer de nouvelles idées. Le dernier point à évoquer dans cette modeste contribution est le retard observé dans la prise de décision. En effet, la question de la prise de décision reste une problématique centrale dans les institutions aux missions variées. Cependant, si tous les problèmes et les décisions doivent remonter jusqu'aux niveaux les plus élevés de l'organisation, cela peut ralentir considérablement le processus de prise de décision. La délégation permet de décentraliser ce processus et de permettre aux décisions d'être prises là où se trouve l'expertise nécessaire.

Pour conclure, la lassitude et l'épuisement continuellement exprimés par certains employés des administrations publiques et des entreprises économiques sont probablement liés à l'absence de cet outil de gestion qu'est la délégation. Il est temps de se réveiller pour valoriser et pratiquer la délégation afin qu'elle contribue au développement du potentiel humain algérien, permettant ainsi de relever les défis mondiaux et de mobiliser collectivement pour multiplier la richesse et sauvegarder la souveraineté nationale.

*Professeur de sociologie - Université d'ibn Khaldoun - Tiaret