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Ce sont les bulletins de prévisions
sur la qualité de l'air qui pourront répondre à cette question, au même titre
que les bulletins de prévisions météorologiques répondent à la question «
Est-ce qu'il fera beau demain ?».
Il existe un intérêt certain à réaliser des prévisions de la pollution atmosphérique. D'abord, les pouvoirs publics pourraient anticiper, si un pic de pollution est prévu, en prenant des décisions visant à atténuer le risque induit. Par exemple en arrêtant momentanément les émissions de certaines usines ou en diminuant le flux automobile avec la circulation alternée. Ensuite, les citoyens avisés de la localisation et du moment où la pollution de l'air sera la plus intense, pourront adapter leurs activités en conséquence. Prenons l'exemple d'une personne qui aime le sport et qui veut préserver sa santé en le pratiquant dans un parc ou dans une forêt. Ces sites sont des endroits de prédilection pour la pollution par l'ozone au niveau du sol. En effet, on ne retrouve pas ce polluant en milieu urbain car il est dégradé par les oxydes d'azote issus du trafic routier. L'ozone qui est un polluant secondaire a une durée de vie de plusieurs jours et peut parcourir de longues distances. Si notre sportif n'a pas eu la chance de consulter un bulletin de prévision de la qualité de l'air, il pourrait pratiquer son sport favori en inhalant profondément un polluant fortement nocif tel que l'ozone. Enfin, des bulletins réguliers sur la qualité de l'air auront un effet de sensibilisation de l'ensemble de la société sur la réalité de la pollution atmosphérique qui a la particularité d'être invisible. Cette opacité sur l'état réel de ce risque peut engendrer de graves conséquences. La pollution atmosphérique représente, véritablement, un risque. Un risque qualifié de majeur au même titre que les séismes ou les inondations, selon la Loi de 2004, relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable. Le législateur algérien a pris en charge ce risque en définissant les valeurs limites, les seuils d'alerte et les objectifs de qualité de l'air en cas de pollution atmosphérique. Par contre, la prise en charge opérationnelle de ce risque fait encore défaut, dans notre pays, malgré les louables efforts fournis par l'Observatoire national de l'Environnement et du Développement durable à travers les réseaux de mesure ?Samasafia'. Comment arriver à émettre des bulletins de prévisions de la qualité de l'air ? Tout d'abord, réaliser un inventaire exhaustif de toutes les sources émettrices de pollution dans la zone que nous voulons prémunir contre le risque de la pollution de l'air. Les sources polluantes peuvent être fixes comme celles des secteurs industriel et résidentiel, mais peuvent aussi être mobiles comme le trafic routier. Il est évident qu'il faudrait mettre à jour, régulièrement, ce cadastre des émissions à l'aide d'un flux continu et ininterrompu de données sur le trafic routier, l'industrie et le secteur résidentiel. Il est indispensable de mettre en place une stratégie de constitution de grandes bases de données qu'on appelle communément ?BIG DATA'. Ce qui rejoint les impératifs de la ville intelligente. Cette dernière est basée, essentiellement, sur l'acquisition, le traitement et l'analyse de l'information. La pollution atmosphérique est fortement influencée par les conditions de la météorologie. Par conséquent, les prévisions météorologiques devront aussi être intégrées dans les prévisions de la qualité de l'air. L'atmosphère constitue une véritable usine chimique où les molécules polluantes vont se transformer, se combiner et évoluer selon un mécanisme qui est bien connu et qu'il s'agit de simuler. Ainsi, la modélisation de la qualité de l'air permet de générer des cartographies sur les concentrations des différents polluants pour chaque heure de la journée. Il est important de noter que la simulation donne les concentrations du polluant, dans chaque point de la zone étudiée. Ce qui est impossible à réaliser avec un réseau de mesures, aussi dense soit-il. Mais, le réseau de mesures a son importance aussi. Il est essentiel pour caler les modèles de simulation et pour les valider. Ce qui freine également la prévision opérationnelle de la qualité de l'air, c'est la puissance des ordinateurs utilisés dans les simulations. A titre d'exemple, les simulations que nous avons réalisées sur un ordinateur ordinaire ont duré 3 jours de calcul pour la simulation météorologique et 3 autres jours de calcul pour la simulation de la qualité de l'air. Cela ne sert à rien de lancer le calcul d'une prévision de la pollution atmosphérique pour le lendemain si le temps de calcul dure 6 jours. Afin de disposer des résultats, en quelques heures de calcul, il faudrait utiliser des ordinateurs dédiés au calcul intensif semblables à ceux utilisés par les organismes de prévision météorologiques. La prévision de la qualité de l'air dépend donc de toute une chaîne d'outils de mesure, de modélisation et de simulation. La mise en œuvre de cette chaîne est tout à fait réalisable, en Algérie, pour nous prémunir du risque que représente la pollution atmosphérique. Il est grand temps de prendre en charge ce risque majeur par une approche, à la fois scientifique et pragmatique. *Dr - Enseignant - Chercheur - USTO-MB |
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