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![]() ![]() ![]() ![]() Pour certains
pays qui la composent, la Ligue arabe ne sert à rien.
On le savait depuis quelque temps, mais le fait a pris encore plus d'évidence ; il est devenu flagrant après l'agression israélienne contre Ghaza et le génocide qui n'en finit pas ! Le rideau est tombé sur le 34ème Sommet de la Ligue arabe. Un sommet ou plutôt une scène, une mise en scène. Une réunion aux airs de rituel sans âme, où les discours s'enchaînent comme les saisons de la trahison. On a parlé. On a dénoncé - mollement. On a évoqué la Palestine comme on évoque une vieille promesse jamais tenue, un rêve crevé accroché aux murs feutrés des conférences.* Mais qui peut croire que ceux qui ont détourné le regard face aux souffrances des Palestiniens, depuis des décennies, veulent soudainement les sauver ? Qui peut prétendre que ceux qui n'ont jamais mobilisé leurs forces pour défendre Ghaza se soucient aujourd'hui de sa stabilité et de sa sécurité ? Non, leur intervention n'est pas une mission de paix ; c'est une tentative de remodelage, une manipulation cynique visant à effacer la résistance et à détruire l'âme de ce peuple indomptable. Ils tenteront de redessiner la réalité, d'effacer la flamme de la résistance pour la remplacer par une illusion de paix. Mais quelle paix peut être construite sur les cadavres des martyrs ? Quelle sérénité peut naître de la trahison et de l'abandon ? Il faut dire que certains pays du Golfe qui dominent la Ligue arabe ne cachent plus leur volonté de la transformer en instrument des pays occidentaux. Les Palestiniens l'ont bien compris et ils n'ont compté que sur leur action propre et le soutien de nombreux amis pour faire des pas de géant dans leur lutte. A leur tête, l'Algérie qui n'a eu de cesse de porter leurs voix et défendre, bec et ongles, leur cause au sein du Conseil de Sécurité de l'ONU, jusqu'à contribuer à l'instauration d'un cessez-le-feu. Ceci pour dire « le sérieux » qui règne au sein de la Ligue arabe, au moment même ou la Nation palestinienne joue sa survie! Et à ce niveau de notre contribution, comment ne pas se rappeler les propos de notre ancien ministre Ahmed-Taleb Ibrahimi, ancien chef de la diplomatie algérienne qui avait en son temps tenu des propos repris par un journal en ligne, « que la Ligue Arabe ne sert absolument à rien et qu'il est temps de tirer un trait ; les Arabes, a-t-il dit, sont tombés dans le piège du sectarisme ; on parle maintenant de sunnite, chiïte et autres ». Dans la foulée, il avait souhaité, que « les dirigeants Egyptiens dont le pays abrite la ligue, fassent preuve de hauteur et dépassent leurs crispations politiques et idéologiques et ouvrent les points de passage pour les Ghazaouis». L'Egypte, faut-il le dire a « phagocyté » cette instance régionale qui est à la solde des pays du Golfe et de leurs « alliés » occidentaux. Si l'on excepte l'intermède du Tunisien Chadli Klibi qui avait assuré le secrétariat général de la Ligue arabe pendant la durée où le siège avait été transféré à Tunis suite à ce qui a été considéré comme « trahison » de l'Egypte (Accords de Camp David), cette organisation a toujours été entre ses mains. Il faut aussi rappeler la levée de boucliers de la part des Egyptiens et des autres membres influents, lors du Sommet de la Ligue arabe d'Alger, lorsqu'il a été question de réformer cette instance en mars 2005. Les charges contre la Ligue arabe, n'avaient pas cessées pour autant ! Le quotidien gouvernemental libyen Al-Chams', par exemple, a rigoureusement dénoncé, à la veille de l'ouverture du sommet de la Ligue arabe au Qatar, « la division entre l'Orient et le Maghreb arabe ». L'article observe que «les pays de l'Orient arabe sont des membres essentiels alors que les pays du Maghreb arabe sont des membres invités, uniquement, pour atteindre le quorum et remplir les formalités de la réunion et de la Charte de l'Organisation ». Al-Chams a appelé « les Arabes de l'Afrique du Nord à couper ce lien imaginaire et cette illusion avec l'Orient arabe et à s'attacher au groupe 5+5 (regroupant les cinq pays riverains de la Méditerranée d'Europe et d'Afrique) ; les intérêts au sein de ce groupe, écrit le journal de Tripoli, sont plus clairs, plus concrets, plus transparents et plus solides que les promesses falsifiées de l'Orient arabe et ses engagements qui ne se réalisent pas » Le débat, comme on le constate, est encore d'actualité : 1. Faut-il quitter la Ligue arabe qui a vu ses murs se lézarder, sérieusement, qui n'en finit pas de compter ses divergences et qui roule pour les Occidentaux ? 2. Peut-on aussi et surtout parler de« divisions » entre pays du Machrek et pays du Maghreb ? 3. Oui à croire ces extraits d'un discours politique prononcé par un dirigeant arabe qui a dit, sans ambages : « (...) Il est vrai que ce qui unit les États arabes est bien plus important que ce qui les divise. 4. Ces pays sont, en effet, unis par la force de l'histoire et de la civilisation, géographiquement, ils se compléteraient, naturellement, grâce aux ressources humaines et naturelles considérables qu'ils recèlent. 5. Quant aux peuples arabes, leur unité est scellée par la communauté de foi, de langage et de culture, et aussi par les liens de sang, de fraternité et de destin partagé. 6. La complémentarité est, certes là, mais peut-on parler d'union, tant il est vrai que chaque pays arabe est bien plus dépendant et tributaire de sa sous-région géographique que son appartenance à une communauté religieuse et culturelle ? Et puis, culturellement, et en dehors de la langue arabe classique, quel lien pourrait-il exister entre des arabo-amazighs Maghrébins et des arabes-bédouins de la péninsule ? Peut-on dire, réellement, que l'arabe est un ciment, sachant que pas un seul arabe ne parle l'arabe classique dans la vie quotidienne, chacun ayant développé son dialecte, différent d'un pays à l'autre et d'une région d'un même pays à une autre ? (...) De ce qui précède, on peut s'autoriser à penser déjà que : 1. L'unité arabe, depuis le temps qu'on en parle, ne soit qu'une chimère ! 2. Elle est, très certainement, une nécessité stratégique mais toutes les nécessités stratégiques ne sont pas, nécessairement, réalisables. 3. La Ligue arabe, en l'état, n'est qu'une coquille vide ! C'est sur ce dernier point que repose l'argumentaire de l'Algérie et de son président, Abdelmadjid Tebboune,qui plaide pour la réforme de cette institution,« fondée à une époque différente de la nôtre ; une telle situation devrait remettre au premier plan de nos priorités communes l'impératif de reformer notre Ligue arabe, qui a été fondée à une époque différente de la nôtre, dans un autre contexte que le nôtre et un autre environnement que le nôtre ». *Lettre aux Consciences par Mustapha Aggoun (Le Quotidien d'Oran). **Ancien Cadre supérieur de l'Etat |
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