Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les «voyous» du P.A.F *

par Belkacem Ahcene Djaballah

Il est évident, et ce depuis bien longtemps, qu'en plus des missions traditionnelles d'information, de formation et de divertissement assumées par les médias, qu'ils soient lourds ou non, populaires ou catégoriels, généralistes ou spécialisés – la presse (et ses employés appelés journalistes, soutenus par des consultants et divers experts et autres spécialistes) peut être, aussi, un instrument de propagande et de déformation des opinions publiques qui ont le malheur ou la malchance ou la légèreté (sans qu'ils le sachent tout en croyant savoir) de consommer, sans se méfier et sans précautions, leurs contenus.

Il ne s'agit pas, ici, de gloser sur les médias des pays du Sud global, lesquels encore largement émergents, se cherchent, essayant de dégager des voies de travail acceptables et ce, dans un intérêt général, pas encore totalement conceptualisé, donc soumis à des changements continuels liés aux changements de pouvoirs. Il s'agit là, de critiquer (au sens noble du terme) les médias occidentaux, surtout ceux à gestion privée, tout particulièrement ceux très liés à des calcul (ateur)s financiers, commerciaux et affairistes, pour ne pas dire «mafieux à cols blancs». Pour bien d'entre eux propriétés de groupes économiques puissants, de plus en plus libertariens et/ou facho-souverainistes **. Un mélange explosif, souvent sans assise partisane précise, les médias et leurs animateurs, «pauvres Blancs de la culture, constructeurs de fantasmes politiques et sociaux» (Pierre Bourdieu dixit) étant utilisés pour aller dans le sens qui arrange les comptes en banque et/ou leurs autres «manques» Il en est ainsi d'une bonne partie du paysage médiatique français actuel propriété, au trois quarts milliardaires, n'ayant pour foi que celle du bénéfice, et rêvant de pouvoirs, chez eux et/ou chez nous, qui «ne leur crachent pas au visage», et qui acceptent leur discours, leur présence, leur philosophie de vie et leur manière de gérer le monde. Actuellement, ils ne sont plus les seuls, rejoints par les maîtres du numérique.

En France, les exemples les plus haineux se sont ceux de CNews (propriété de Vincent Bolloré qui a possède aussi Europe 1 et le Journal du Dimanche) et, dans une moindre mesure, de BFM Tv (propriété de Rodolphe Saadé, patron de Cma-Gcm) qui, sous couvert de lutte, toute hypocrite, contre l'antisémitisme (la belle excuse !) sont l'image même d'un racisme inouï. Inouï, car montrant surtout une haine sans limite de l'Islam, de l'Arabe, de l'Immigré et, ayant surtout, comme bouc émissaire, l'Algérien.

Inouï certes, mais en définitive le bienvenu car il nous montre et démontre, ainsi qu'à l'opinion publique du Sud global (les pays «insubmersibles», car il y en a, hélas, de «submersibles») la réalité d'une partie d'un pays faite de rancune, de détestation de l'«autre» et de jalousie et vivant, actuellement, dans un climat délétère. Hélas, il n'est pas, de plus en plus, le seul à travers le monde

*Paysage audiovisuel français

**En France, actuellement, huit milliardaires et deux millionnaires contrôlent 81% de la diffusion des quotidiens nationaux. Cinq milliardaires détiennent 57,2 % des audiences des chaînes télévisées généralistes et 47,6 % de celles des radios nationales généralistes. Tout dernièrement une Ecole prestigieuse française de journalisme, l'Esj de Paris a été rachetée par un groupe d'investisseurs, comprenant Bernard Arnault (propriétaire du «Parisien», des «Echos» et de «Paris Match»), Rodolphe Saadé (BFMTV, «la Provence»), Vincent Bolloré (Canal+, Europe 1, CNews, «le Journal du Dimanche»…), la famille Habert-Dassault («le Figaro»), Stanislas et Godefroy de Bentzmann (fortune estimée à 700 millions d'euros) ainsi que Pierre Gattaz (500 millions d'euros). Son objectif est de former des journalistes «non-wokes, pro-entreprises et économie de marché», rapporte un quotidien . «Une telle orientation trahit l'héritage dreyfusard de cette école et menace d'en faire un vecteur d'idéologies racistes, classistes, sexistes et queerphobes. Autrement dit: une idéologie d'extrême droite». La boucle est en passe d'être totalement bouclée!