Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La violence en Algérie

par H. Miloud Ameur *

Avant de parler de l'élément violent en tant que tel il faut le lier avec la violence. Celle-ci est un phénomène socio-culturel ayant une emprise explicative sur la civilisation dominant une société quelconque. De là s'inscrit en effet ce qui est le poids de la société face à l'Etat.

Pourquoi l'Algérien est-il violent ? S'interrogent certains. Souvent la violence cache une grande partie de la stabilité, de l'intelligence et de la prospérité notamment quand elle s'intensifie sur plusieurs échelles de la vie commune. Car rien ne peut être lié à l'individu en dehors de la société si celle-ci ne s'engage pas à travers l'ensemble de valeurs, de principes et de moyens pour y parvenir.

Parlons-nous de la violence et dire qu'il ya tant de violents sans violence pour en discuter davantage ce qu'il n'a pas de sens. Car la violence chez nous est tellement enracinée dans l'âme et le corps quand on n'arrive pas de se débarrasser d'elle facilement. Mais pour qu'elle soit éradiquée il faut déjà le reconnaître qu'elle ait derrière la faiblesse de la société. Dire que l'Algérien est-il violent sans que la non-violence prime pour autant a pour objectif d'en traiter et diagnostiquer le phénomène si comme c'est on est en train de la généraliser partout sur l'ensemble des Algériens. Être non - violent c'est penser être dominateur de la violence afin de vaincre celle-ci en faisant autre chose bénéfique pour autrui face à la société.

Le problème de la violence est un grand souci sur le plan culturel mais ayant un enracinement dans l'histoire à savoir la culture savante que fabriquent les écoles, les universités et les instituts pour y faire face. Or cette problématique ne peut trouver ses racines que dans l'histoire mais nos historiens ne parlent pas assez et encore moins les philosophes, les anthropologues, les sociologues et les politologues?

De même l'histoire comparée, voire la philosophie de l'histoire ne donne pas assez d'importance pour élargir l'espace de la critique du soi afin d'évaluer, voire renforcer la donne publique. Mais entre Etat et citoyen se résume le lien homogène quant à la stabilité, la prospérité et le progrès.

Contrairement à ce qu'on véhicule, l'on comprend parfaitement que l'appareil colonial a une grande responsabilité sur la violence en Algérie afin d'étouffer politiquement la cause algérienne. Ainsi, ses retombées psychologiques, sociologiques et culturelles sont néfastes si les programmes gouvernementaux ne leur dépassent pas dans la forme et dans le contenu sinon le résultat est connu d'avance. Mais loin d'y légitimer, la violence caractérise non pas une qualité à l'algérienne mais le socle dominant les rapports de force dont la sociologie culturelle a montré ce que sait faire le violent. Cette ligne n'a pas été depuis évoquée pour renverser la donne. Par conséquent, ce point fondamental trouve son explication première lors de la décennie noire frappant l'Algérie en plein fouet avec ce que cela porte en étant une crise politique ou transition sociale !

L'Algérien trouve sa violence au sein de la société qui est la sienne. Canaliser la violence c'est élargir l'espace de la culture, de l'enseignement et de l'éducation. L'ensemble explique l'emprise du savoir de la société sur elle-même pour son évolution ou sa régression. La bataille de demain est une affaire liée plutôt à ce que pèse l'individu en termes de progrès en étant un capital social et une richesse économique à la fois. Pour y atteindre, il faut que les centres de recherches fassent leur travail s'il y'en a bien sûr sinon il faut en créer d'autres. Ils auront pour mission d'étudier davantage notamment la disparité des régions (villes/compagnes), la comparaison entre individus (hommes / femmes) et enfin l'évaluation des niveaux d'instruction. Les rapports sociaux ne sont que le reflet de la société profonde ayant sa marque de référence comme moyen de communication entre les besoins et les souhaits.

La géographie façonne le comportement national humain mais loin des invasions étrangères et des interventions coloniales. La géographie humaine a aussi son rôle à jouer est de raffiner le regard et la façon dont la manière sont traitées les choses pour faire face contre les maux internes et les fuites externes du corps humain et de l'action collective. De même il s'agit de ne pas tomber dans des calculs changeants et des visions limitées en allant vers la découverte des choses et l'exploitation des richesses à travers le connaisseur et l'exploitant en question. Force est de nier ce que l'individu étant un acteur déterminant qu'il reste lier à la remorque des événements de l'autrui. Chaque société se donne à la violence. Celle-ci pour l'éradiquer constitue dés lors une responsabilité morale, éthique et juridique afin de ne peut que refléter le non-sens du pacte citoyen sinon elle est loin d'y atteindre. Chaque société cultive la violence à savoir sa maîtrise. C'est ce qu'elle est capable d'envisager comme moyens adéquats pour aller plus loin sans qu'elle reste à mi-chemin. Elle est forte d'elle pour s'exprimer autrement ses choix, ses chances et ses changements.

Le champ culturel est souvent le reflet de ce que la politique l'ignore. Mais recourir à la violence comme mode procédural entre les uns et les autres dans les couples, la rue, la place publique, les transports en commun, les stades, etc., que ce soit physique ou symbolique, n'est qu'une valeur culturelle dominant à la place le tissu social. Toute société ayant l'intention d'être solide et forte ne se donne pas à la violence à des proportions phénoménales. Celle-ci est considérée comme un handicap majeur pour ne pas voir et vivre l'art, la beauté et la créativité : manque du sens ou sens du manque ?

Il est certain de mettre la lumière sur la violence afin de l'éradiquer à travers la contre violence dont Gandi a prêché cette voie contre les soldats britanniques en leur jetant des fleurs pour réaliser le rêve de l'Inde ancienne afin de venir un pays émergent. La leçon à retirer dans cette perspective est de lier l'Inde contemporaine aux Indiens actuels comme une puissance à l'horizon de 2030 ou 2040 à la place des Etats-Unis aujourd'hui disent les recherches de la prospection mondiale.

La violence est une caractéristique psychosociologique à la fois individuelle et collective : individuelle ; elle touche l'individu à des degrés variables en fonction du milieu familier. Et collective quand elle est généralisée dans la société en prenant une dimension globale. Quand la violence devient donc collective, elle exerce un poids contraignant du point de vue politique face à la stabilité de l'Etat.

Il ya un lien homogène entre le socle social et le sommet politique autour du pacte social. Cela relève en effet de la construction citoyenne que la société a sur elle-même afin de faciliter l'action à l'Etat. Car pour avancer il faut traiter tous les handicaps majeurs qui puissent freiner le changement social. La politique elle-même semble influencée par ce que la société lui montre pour lui proposer des idées, des projets et des perspectives.

Ainsi, si le contrat social qui est en jeu c'est que la société civile et ses acteurs déterminants ne jouent plus leur rôle dominant. L'Etat a toujours les mêmes problèmes et la société ne sort plus du marasme. De là il faut un lien qui puisse faire le rapprochement significatif de manière à ce que l'équilibre soit assuré jusqu'à irait jusqu'à la création du Ministère du Développement ayant pour cet aspect de lutte sans relâche. Sachant que la violence dans les cités, les zones et les villes ne peut donner qu'une mauvaise impression de la stabilité. La politique en ce sens réglemente la violence comme source à l'insulte, à l'harcèlement, à la cybercriminalité et au terrorisme.

Lutter enfin contre la violence c'est être en mesure d'éradiquer ses racines car la civilité qui relève de la civilisation que chacun portant en lui et qu'il ne supporte guère ce que lui fassent les autres à partir de lui. Ce partage de valeurs, de principes et de visions demeure l'un des points clés du contrat social que société possède avec son Etat. Le terrain de la violence est vaguement indéfinissable pour lutter contre elle en exigeant des moyens pédagogiques, financiers et juridiques notamment à partir de la famille, de l'école, de l'université, de la mosquée, du parti politique, de l'association, etc., afin que l'ensemble institutionnel soit impliqué davantage dans le bien-être de la société et non un acteur contre sa société.

(*) Enseignant et essayiste.