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A chacun sa coupe ?

par Ali Brahimi

La frénésie, affectant aussi bien les enfants que les adultes, s'est accrue avant et, surtout, après le tumultueux match entre l'équipe nationale et celle de la Côte d'Ivoire. Celui d'aujourd'hui est le summum !

Quoi qu'il adviendra, ce soir en Angola, lors du match de toutes les passions et frictions, entre l'Algérie et l'Egypte ; cette véloce jeune équipe nationale à d'ores et déjà atteint pleinement l'objectif principal : nous faire vivre de joyeux moments pendant de longues semaines.

 Dans tous les cas de figure, après le résultat des quarts de finale, le Drapeau national flottera sous le ciel d'Afrique. Pour toujours, l'Algérie demeurera celle des grandes occasions et des moments fondateurs à d'autres ressorts aussi bien au niveau maghrébin qu'a l'échelle continentale. L'Histoire, du Maghreb, en témoigne dans ce sens.

 Cependant, le remake du Soudan est en train de se dérouler. Un mini pont aérien, à l'image de celui, plus important bien évidemment, conçu avant le fameux match Algéro-Egyptien au Soudan, afin de transporter des supporters algériens, a été renouvelé, dans les mêmes formes, au milieu de cette semaine, et ce, à l'occasion du quart de finale de la Coupe d'Afrique dont notre équipe à, en principe, un éventail d'atouts pour qu'elle puisse l'emporter haut la main. En principe !

 S'il est vrai qu'un match de football se joue et parfois se gagne, d'une certaine façon, grâce aux encouragements issus des tribunes ; par contre, l'arbitrage quand a lui relève d'un tempérament tout à fait différent de celui des gradins. Et du chauvinisme politicien ! Bien que ce soit difficile de ne pas réagir dans de telles circonstances hargneuses, il n'en demeure pas moins que la tempérance et la sagesse devraient dominer sur l'orgueil et les passions déplacées. Logiquement !

 Par conséquent, il est impératif de laisser les gens faire leur métier - et de laisser les passions de jeunesse aux jeunes - et surtout d'éviter de faire dans l'excès en termes d'assistance et d'immixtion médiatisées intentionnellement et intensément et que, d'autant plus, nous connaissons déjà l'expérience d'un tel « parrainage » que tout le monde redoute quand à ses impacts pervers.

 Alors, pourquoi s'entêter, de part et d'autre, de vouloir transformer pour des buts autres que sportifs, un match de Football en défi personnifié voire de personnalisation ? Encore une fois, le sort en a décidé ainsi ! Quoi qu'on dise, nous avons tant de points communs avec l'Egypte et, qui sait, ce qui s'est passé les mois passés, pourrait paradoxalement raviver les dynamismes émancipateurs d'hier. Par d'autres sursauts d'une toute autre dimension ! Qui sait ?

 Malgré tout, et espérons-le, des sensations fortes mêlées à de la joie incessante vont prévaloir durant et après les joutes de ce jeudi-ci. One, Two, Three, Vivat l'Algérie et tout le Maghreb que la chaîne Nessma, basée en Tunisie, honore d'une façon tout à fait particulière de par son programme riche en couleurs, et de larges sourires charmants exprimés par d'élégantes femmes, et du fair-play flamboyant d'hommes décontractés et, donc, apaisants les esprits. C'est, en tout cas, ce que nous avons perçu.

 La sourcilleuse ENTV, ainsi caractérisée malgré elle et que nous le percevons et comprenons, devrait néanmoins jalouser ce genre de style communicatif et de communion au lieu de verser dans l'insipidité conjuguée à l'information revêche, à sens unique, et exaltant l'extrémisme et la médiocrité dont on a, par le passé, récolté les fruits amers. Trop amers ! La sagesse et le bon sens prônent la modération combinée au professionnalisme éprouvé, et ce, dans les domaines sensibles, et surtout ceux des médias et sports de masse.

 Et ce, afin d'oublier et d'évacuer les mauvaises nouvelles - et les infects souvenirs de la pensée unique - qui nous assaillent, jusqu'à aujourd'hui, et nous révoltent aux tréfonds de l'âme, liées aux dessous des activités actuelles de la politique, d'ici et d'ailleurs, et, surtout, celle de la gouvernance de nos affaires quotidiennes, notamment à l'échelle nationale, dans tous les secteurs et, particulièrement, celui du principal pourvoyeur de notre « aisance » financière - 97% de nos recettes -, a savoir : les hydrocarbures.

 A l'image, également, de celles des autres potentialités naturelles, notamment liées à l'Agriculture mais qui, malheureusement, elles aussi, se trouvent à la merci de toutes sortes de défigurations - dont le fléau de la corruption - conjuguées aux maladresses technocratiques dont les statistiques mensongères et autres enquêtes édulcorées, en terme médiatique justement, alors qu'elles sont censées apporter du sens de la mesure et, notamment, les correctifs nécessaires qui s'imposent au plan prévisionnel.

 A titre d'illustration, et sur un autre sujet néanmoins comparable à ce qui vient d'être succinctement relaté ci dessus, un berger chasseur n'arrivant pas à tuer un chacal ravageant son cheptel ovin, ne trouvait rien à dire que ceci : « faire peur au chacal vaut mieux que de l'éliminer » (?). Pourtant, le bon sens veut qu'il disparaisse des lieux. Radicalement. A l'image de la gabegie, corruption et l'injustice, sous toutes leurs formes, grignotant et gangrenant toute l'échelle sociale de bas en haut et de haut en bas. De prés et de loin. Comme une invasion de termites et autres criquets migrateurs !

 Que les succès de notre équipe nationale de football inspirent nos élites sincères, notamment celles se trouvant dans les rouages du système et, à défaut, en dehors par d'autres dynamismes oppositionnels pertinemment imaginés et mis en oeuvre, intelligemment, afin qu'ils puissent engager, sous les auspices de la seule volonté populaire ainsi mobilisée constamment - à l'image des supporters footballistiques - et surtout sans relâche, le dur combat décisif contre un adversaire opiniâtre et sournois : La corruption ! Tout en sachant que cette dernière est comme un ver parasite se trouvant dans le fruit dont seul un insecticide systémique - agissant par ingestion, inhalation et contact - pourrait venir à bout de ce terrible fléau transfrontalier .

 Mais, au fait, ces opérations conjoncturelles soi-disant « mains propres » - l'intention ne l'est pas du tout jusqu'a preuve du contraire - sont-elles vraiment des enjeux majeurs et d'actualité pour nos gouvernants et surtout gouvernés ?

 Pour le moins qu'on puisse constater , pour le moment, la réponse n'est pas encore à l'ordre du jour malgré les priorités politiques affichées en haut lieu, ces derniers temps, et des soucis d'élites partisanes associées voire incluses « organiquement », au mépris de leurs prétendus principes oppositionnels, et qu'elles laissent entendre, en apparence seulement, que la volonté collective de lutter contre ces fléaux existe, dans le cadre de cette « collégialité », et que, pour preuve, des affaires scabreuses ont été dévoilées, ces derniers mois, tout en sachant qu'elles auraient les mêmes sorts sélectifs que ceux d'avant car n'émanant pas des volontés populaires cristallisées autour d'organes réellement élus librement par celles-ci. Et adulés, de par leurs sincères compétences, à l'image de ces jeunes footballeurs qui ont su rehausser d'un cran le prestige du pays et la dignité nationale.

 Malheureusement, le dernier scandale jaillissant tout autour du fleuron des sociétés économiques et commerciales au niveau national et continental - à savoir la prestigieuse et historique Sonatrach -, non encore divulgué dans tous ses soubassements et prolongements internes et externes, en est l'illustration édifiante du mal devenu tellement profond, et contaminant tous les organes essentiels de l'édifice étatique, que tout remède utilisé à ce jour pour l'anéantir semblerait inefficace.

 Si vraiment, elle existait une volonté d'assainir, la scène politico-économique nationale, nous aurions droit à des explications médiatisées, de part et d'autre, suivies d'éclaircissements aussi bien des accusés que des accusateurs, et ce, dans le cadre et respect des procédures judiciaires en vigueur et, notamment, de la préservation de la notoriété des gens et des institutions. Et surtout de la crédibilité du pays. Et de n'épargner, dans le cadre de la loi et elle seule, aucun dignitaire du système incapable de se recycler de l'intérieur. Aucun !

 En d'autres lieux, ce genre d'événements passent en priorité dans l'information, à tous les niveaux, et constituent un abcès de fixation - jusqu'a la vidange de son sac - polarisant pendant un certain temps toutes les attentions aussi bien du système judiciaire, libéré de toute entrave, et surtout de l'opinion publique ainsi associée réellement a la gestion de ses affaires. Ce type de battage médiatique donnera, d'une façon ou d'une autre, des résultats concluants sinon la sensation profonde et fondée de vivre dans un Etat de droit.

 Comme ce type d'Etat est lié à une puissante culture démocratique, dont nous venons à peine d'apprendre les premières lettres de son alphabet en termes de clarté dans les idées fécondes, nous nous trouvons donc, malheureusement, encore loin de cet état d'esprit aussi bien au niveau des gouvernants que des gouvernés.

 Actuellement, leurs tonus respectifs, ils se concentrent sur des préoccupations liées au plus simple des besoins de la vie ; alors que pour les autres leur seul souci est de faire perpétuer les blocages, en dépit du simple bon sens, au profit des clientèles à la oui oui et, notamment, les plus opportunistes parmi elles, manipulant outrageusement les angoisses des démunis ainsi que leurs espoirs pour un mieux-être social. Cependant, et à l'image de la vérité, on ne pourrait exiger du soleil qu'il brille sous les nuages. C'est tellement évident, diront à juste raison les lecteurs, mais qu'il est toujours utile de le faire rappeler afin de voir en plus clair le chemin conduisant la majorité des Algériens - c'est-à-dire les humbles d'ici et en France notamment car dépaysés et adulent intensément leurs origines -, dans les toutes prochaines années, vers d'autres matchs de genre différent des jeux footballistiques enrageants, mais non moins captivants et pleins de sensations fortes.

 Assez fortes pour que d'autres générations ne puissent plus mélanger les genres et ?défis mineurs avec les majeurs. A l'image de celui de l'orge avec l'ivraie. Une donnée fondamentale, à avoir toujours en mémoire, c'est que : Le peuple Algérien, après des épreuves de force de toutes sortes, à besoin de tant de grandes finales victorieuses sur le mauvais sort qui l'a que trop malmené !!!