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Agression contre Ghaza : L'armée sioniste continue de cibler les civils

par Mohamed Mehdi

Le nombre de victimes de l'agression israélienne sur la bande de Ghaza s'est élevé, jusqu'à hier dimanche, à 20.424 martyrs et 54.036 blessés, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé. La même source a ajouté que 166 martyrs et 384 blessés sont tombés au cours des dernières 24 heures (samedi à dimanche). La veille, le ministère de la Santé à Ghaza a fait état de « 201 martyrs et 368 blessés » entre vendredi et samedi. Ce bilan ne comprend pas le nombre de martyrs et de blessés lors de la journée d'hier marquée également par d'intenses bombardements au nord et au sud de Ghaza, principalement là où les troupes sionistes se sont retirées pour laisser place aux massacres commis par l'aviation et l'artillerie. Les bombardements étaient les plus intenses dans la matinée de dimanche sur Jabalia et Jabalia Al-Balad (au nord de Ghaza), ainsi que sur les quartiers d'Al-Tuffah et d'Al-Daraj dans la ville de Ghaza. Vers 12h (GMT), un correspondant d'Al Jazeera a fait état de « dizaines de martyrs et de blessés lors d'un bombardement contre le quartier de l'école Al-Rafi'i et de l'association Namaa à Jabalia Al-Balad ». Jabalia, où se trouve le plus grand et le plus ancien camp de réfugiés de Ghaza, fait l'objet de violents bombardements depuis trois jours après le retrait des soldats de la Brigade Golani qui a subi les plus grosses pertes estimées à 44 soldats et officiers tués depuis l'incursion terrestre dont le commandant de cette brigade d'élite dont la création remonte à 1948. Hier, l'occupation a également intensifié ses bombardements sur Khan Younes, au sud de Ghaza, dont plusieurs ont ciblé, vers la mi-journée, des maisons sur la rue Al-Hilal et des hôpitaux de la ville faisant des martyrs et des blessés.

Plus tôt dans la journée de dimanche, un drone israélien a ciblé un enfant tombé en martyr alors qu'il se tenait devant le portail de l'hôpital Al-Amal de l'association éponyme, indique un correspondant d'Al Jazeera ajoutant que l'aviation sioniste a également bombardé une maison dans le quartier japonais à l'ouest de Khan Younes, faisant plusieurs martyrs et des blessés.

MEDIAS A GHAZA: 103 MARTYRS EN 79 JOURS

Le Bureau des médias du gouvernement à Ghaza a annoncé hier que le nombre de journalistes martyrs des médias était passé à 103 depuis le début du génocide israélien contre les civils dans la bande assiégée. Selon Al Jazeera, au moins 50 bâtiments et sièges de médias, dont celui de la chaîne qatarie, ont été détruits totalement ou partiellement dans les bombardements de l'armée sioniste. Depuis le martyr de Samer Abudaqa, le 15 décembre dernier, 13 autres journalistes et professionnels des médias ont été victimes de bombardements, parfois ciblés, de l'aviation et de drones israéliens. Pour rappel, Wael Dahdouh et Samer Abudaqa ont été visés par un missile lancé à partir d'un drone israélien alors qu'ils se dirigeaient vers une école bombardée par l'aviation sioniste. Abudaqa a succombé à ses blessures suite à l'interdiction de l'armée sioniste aux ambulances de venir le secourir. Jeudi dernier, 21 décembre, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a appelé, dans un communiqué, à la protection des professionnels des médias à Ghaza. Dans son communiqué, le CPJ s'est dit «particulièrement préoccupé par la tendance apparente à prendre pour cible les journalistes et leurs familles par l'armée israélienne». «Dans au moins un cas, un journaliste a été tué alors qu'il portait clairement un insigne de presse dans un endroit où aucun combat n'avait lieu. Dans au moins deux autres cas, des journalistes ont déclaré avoir reçu des menaces de la part de responsables israéliens et d'officiers de l'armée israélienne avant que les membres de leurs familles ne soient tués». Selon les données du CPJ, «plus de journalistes ont été tués au cours des dix premières semaines de la guerre entre Israël et Ghaza que jamais auparavant dans un seul pays sur une année entière». «L'armée israélienne a tué plus de journalistes en 10 semaines que n'importe quelle autre armée ou entité au cours d'une seule année. Et avec chaque journaliste tué, la guerre devient plus difficile à documenter et à comprendre», a déclaré Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du CPJ, cité dans le communiqué. M. Mansour a appelé à ce que des «enquêtes indépendantes et transparentes soient menées sur les derniers assassinats». «En outre, l'armée israélienne doit cesser de museler les médias internationaux en leur permettant de faire des reportages depuis Ghaza, cesser de harceler les journalistes en Cisjordanie et permettre la libre circulation de l'information et de l'aide humanitaire à Ghaza », a ajouté le responsable du CPJ. Pendant ce temps, les gouvernements des Etats-Unis et des principaux pays de l'Union européenne ne voient « aucune preuve» de ciblage délibéré par l'armée israélienne des journalistes à Ghaza, en Cisjordanie ou au Liban. Pour rappel, suite au décès de Samer Abudaqa, le Département d'État américain s'est fendu dans un commentaire estimant n'avoir vu «aucune preuve qu'Israël ait délibérément pris pour cible les journalistes dans la bande de Ghaza».

DES CRIMES DE GUERRE DOCUMENTES

Hier, le directeur des urgences de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa, Khalil Al-Dakran, a déclaré sur Al Jazeera que l'armée d'occupation procède quotidiennement à des exécutions sur le terrain dans toute la bande de Ghaza. Cette déclaration intervient après la demande du Bureau du gouvernement à Ghaza d'une « enquête internationale sur les exécutions » commises par l'armée israélienne, confirmant qu'au moins « 137 exécutions avaient été enregistrées depuis le début de l'agression le 7 octobre dernier ». La plus récente des exécutions remonte au 19 décembre, et concerne 11 hommes de la famille Annane, du quartier Al-Remal dans le centre de Ghaza, tués de sang-froid, dans leur maison et devant les femmes de la famille, par des soldats israéliens après les avoir séquestrés pendant des heures les yeux bandés et les mains attachées. Réagissant à cette affaire, le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (OHCHR), dans un communiqué rendu public le 20 décembre, a demandé une « enquête indépendante ». « L'OHCHR a reçu des informations inquiétantes selon lesquelles des soldats de l'armée israélienne auraient tué sommairement au moins 11 hommes palestiniens non armés devant les membres de leurs familles dans le quartier d'Al-Remal, dans la ville de Ghaza, ce qui sonne l'alarme quant à la commission possible d'un crime de guerre », lit-on dans le communiqué qui rappelle que « cela fait suite à des allégations antérieures concernant le ciblage et le meurtre délibérés de civils par les forces israéliennes ». Le communiqué ajoute, citant des témoignages, qu'après avoir tué les 11 hommes, les soldats israéliens « auraient ordonné aux femmes et aux enfants de pénétrer dans une pièce et auraient tiré sur eux ou lancé une grenade dans la pièce, blessant grièvement certains d'entre eux, dont un nourrisson et un enfant ». L'OHCHR a appelé les « autorités israéliennes » à « ouvrir immédiatement une enquête indépendante, approfondie et efficace sur ces allégations et, si elles s'avèrent fondées, les responsables doivent être traduits en justice et des mesures doivent être prises pour empêcher que des violations aussi graves ne se reproduisent ».

LES CHRETIENS DE PALESTINE PLEURENT GHAZA

En raison du génocide israélien à Ghaza, les chrétiens palestiniens ont décidé d'annuler la célébration de Noël à Bethléem. Dans un communiqué datant du vendredi 15 décembre 2023, les représentants chrétiens palestiniens appellent leurs fidèles à annuler les festivités de Noël à Al-Qods et en Jordanie. Citée par Al Jazeera, la militante palestinienne des droits de l'homme, Lucy Thalgieh, affirme que si Bethléem était autrefois animée à cette période de l'année, elle est désormais « très vide ». « En raison de la situation [à Ghaza], vous trouverez principalement les médias ici », a-t-elle déclaré à Al Jazeera. Thalgieh fait partie des nombreux militants qui ont appelé à l'annulation des festivités de Noël en Cisjordanie occupée, au milieu de la guerre à Ghaza. « Comment pouvons-nous célébrer Noël alors que nos frères et sœurs de Ghaza vivent sans nourriture, sans eau, sans médicaments? et sont déplacés », a-t-elle ajouté.

Pour rappel, le jeudi 21 décembre au soir, le bombardement par l'armée sioniste d'une église orthodoxe grecque de Saint-Porphyrios a fait deux martyrs, une mère et sa fille, et des dizaines de civils blessés.

Des centaines de personnes déplacées, chrétiennes et musulmanes, avaient trouvé refuge dans cette église située dans le quartier d'Al-Zaytoun au sud de Ghaza. Le bombardement a causé de graves dégâts sur certaines parties de l'église tandis qu'un bâtiment voisin a été totalement détruit. Le ciblage délibéré de cette église intervient après celui de la perpétration, le 17 octobre, du massacre de l'hôpital al-Ahli Baptiste, où étaient également abrités des milliers de déplacés, par un missile de l'aviation israélienne qui a fait plusieurs centaines de martyrs.