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Pour unifier l'action arabe: La réforme de la Ligue arabe «impérieuse»

par Ghania Oukazi

L'Algérie a tenu à mettre en avant le cadre qui permettra d'unifier l'action arabe et ce, à travers la réforme de la Ligue arabe qu'elle estime «impérieuse».

De la déclaration de Lamamra la veille du Sommet, «ce n'est pas l'ordre du jour qui a été remis aux délégués permanents mais celui dont le canevas a été changé qui va être remis aux dirigeants arabes», comprendre qu'un certain nombre de points ont été élagués par certains Etats membres, entre autres, celui relatif à la réforme du fonctionnement de la Ligue arabe que l'Algérie défend depuis de longues années. Malgré ce rejet «diplomatique», l'Algérie a réussi à en poser clairement la problématique à l'ouverture du Sommet, le 1er novembre dernier. C'est le président de la République qui en a parlé dans son discours, en formulant «plusieurs propositions» à cet effet, comme annoncé la veille par le MAECNE.

Les propositions de Abdelmadjid Tebboune sont contenues dans la «Déclaration d'Alger», le document final sanctionnant les travaux des dirigeants arabes qui indique que «les dirigeants arabes ont tenu à saluer hautement les contributions et initiatives de l'Algérie ayant fait de ce Sommet une halte distinguée en faveur de l'action arabe commune».

Les dirigeants s'engagent à cet effet à «poursuivre le processus de renforcement et de modernisation de l'action arabe commune (...) suivant une nouvelle approche confortant les cadres traditionnels et érigeant les préoccupations du citoyen arabe au cœur de ses priorités», à «valoriser les propositions constructives présentées par le Président Tebboune pour l'activation du rôle de la Ligue arabe en matière de prévention et de règlement des conflits et la consécration de la dimension populaire et le renforcement de la place des jeunes et de l'innovation dans l'action arabe commune» tout en «soulignant la nécessité de lancer une dynamique interactive entre les institutions arabes officielles et les acteurs de la société civile avec toutes ses obédiences et forces vives, et ce à travers la création d'espaces d'échange d'idées, de débat fructueux et de dialogue constructif à même d'unifier les efforts pour relever les défis qui se posent avec l'association de tout un chacun», «à multiplier les efforts pour la concrétisation du projet d'intégration économique arabe suivant une vision globale assurant une exploitation optimale des atouts des économies arabes, mais aussi des opportunités précieuses qu'elles présentent, l'objectif étant d'assurer une activation complète de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), en prévision de la création de l'Union douanière arabe», à «mettre l'accent sur la conjugaison des efforts en vue de consolider les capacités arabes collectives en matière de riposte aux défis posés dans les domaines de la sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique, et de lutte contre les changements climatiques, tout en soulignant l'impératif développement des mécanismes de coopération en vue de l'institutionnalisation de l'action arabe dans ces domaines».

«Des solutions arabes aux problèmes arabes»

Au niveau du 2ème point inscrit dans la «Déclaration d'Alger», ils ont retenu «le renforcement de l'action arabe commune pour protéger la sécurité nationale arabe dans son concept global et sous toutes ses dimensions politique, économique, alimentaire, énergétique, hydrique et environnementale, et contribution au règlement des crises que traversent certains pays arabes, de manière à préserver l'unité des pays membres, leur intégrité territoriale et leur souveraineté sur leurs ressources naturelles à la hauteur des aspirations de leurs peuples à une vie décente».

L'Algérie a réussi à élaguer du document, la condamnation de la Turquie et l'Iran «pour ingérence dans les affaires internes arabes» à laquelle tiennent plusieurs dirigeants arabes alors qu'eux-mêmes interviennent directement dans les conflits interarabes. Le consensus a été alors trouvé par l'Algérie autour «du rejet de toutes les formes d'ingérence étrangère dans les affaires intérieures des pays arabes et l'attachement au principe des solutions arabes aux problèmes arabes à travers le renforcement du rôle de la Ligue arabe dans la prévention et le règlement des crises de manière pacifique, et renforcement des relations interarabes».

Le 4ème point en a transformé la rédaction sur proposition de l'Algérie en faisant valoir «la nécessité d'établir des relations saines et équilibrées entre la communauté arabe et la communauté internationale, y compris son environnement islamique, africain et euro-méditerranéen, des relations reposant sur le respect des règles de bon voisinage, la confiance, la coopération fructueuse et l'engagement mutuel aux principes consacrés dans la Charte des Nations Unies, en tête desquels le respect de la souveraineté des pays et la non-ingérence dans leurs affaires internes. Insister sur l'importance des forums de coopération et de partenariat existant entre la Ligue arabe et les différents partenaires internationaux et régionaux, étant des espaces importants pour la concertation politique et l'établissement des relations et de partenariats équilibrés, basés sur le respect et les intérêts mutuels».

«Solution politique à la crise syrienne»

Au 2ème point, les dirigeants ont exprimé leur «pleine solidarité avec le peuple libyen», au «Gouvernement légitime du Yémen, à la formation du Conseil de direction présidentiel et aux efforts consentis pour parvenir à une solution politique à la crise du Yémen(...)», leur soutien à «l'activité constitutionnelle en Irak, y compris la formation du Gouvernement(...)», à«la République fédérale de Somalie pour la consolidation des bases de la sécurité et de la stabilité à travers la contribution des Etats arabes au renforcement des capacités nationales somaliennes dans le domaine de la lutte antiterroriste(...)» et «aux efforts continus en faveur d'une solution politique entre Djibouti et l'Erythrée concernant le différend frontalier et la question des prisonniers djiboutiens». Bien qu'absente du Sommet depuis le gel de sa participation en 2011, la Syrie, toujours sur insistance de l'Algérie, a arraché un consensus faisant part du «rôle collectif et de chef de file des Etats arabes dans les efforts visant à parvenir à une solution politique à la crise syrienne et au traitement de toutes ses retombées politiques, sécuritaires, humanitaires et économiques en vue de garantir l'unité et la souveraineté de la Syrie, réaliser les aspirations de son peuple et restaurer sa sécurité, sa stabilité et sa place aux niveaux régional et international».

Le 1er point dédié en évidence à «l'importance de la centralité de la cause palestinienne, du soutien absolu aux droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à la liberté, à l'autodétermination et à l'établissement de l'Etat de Palestine indépendant, pleinement souverain sur les lignes du 4 juin 1967, avec Al Qods Est pour capitale, le droit au retour et à l'indemnisation des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de 1948 de l'Assemblée générale des Nations Unie, l'attachement à l'Initiative arabe de paix de 2002, avec tous ses éléments et priorités, et engagement vis-à-vis d'une paix juste et globale en tant qu'option stratégique pour mettre fin à l'occupation israélienne de toutes les terres arabes, y compris le Golan syrien, les fermes de Chebaa et les collines libanaises de Kafr Shuba, et résoudre le conflit arabo-israélien sur la base du principe de «la terre contre la paix», du droit international et des résolutions pertinentes de la légalité internationale(...)».