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Des négociations en cours: Un supplément de gaz pour la France

par A. Zerzouri

Même si la visite du président Macron en Algérie n'est pas très frappante sur le plan de la signature dans l'immédiat de gros contrats entre les pays, il y a, cependant, plus grand à attendre dans l'avenir, sur tous les plans, laissent entendre les deux présidents algérien et français. Ainsi en va-t-il du gaz, qui a fait dire à certains qu'il était au cœur de cette visite, une considération démentie par le président français, qui a emprunté une formule idiomatique à Bismarck pour dire que la France n'est pas « allée à Canossa » pour quémander du gaz à l'Algérie.

Aucun accord n'a encore été signé sur ce plan à l'issue de la visite d'Emmanuel Macron en Algérie mais des échanges doivent avoir lieu dans les prochaines heures entre Engie et les autorités du pays, selon une information répercutée, hier dimanche, par des médias français. «La France dépend peu du gaz dans son mix énergétique, à peu près 20%, et dans cet ensemble, l'Algérie représente 8 à 9%, on n'est pas dans une dynamique où le gaz algérien pourrait changer la donne», a déclaré le président Macron. Observant que la France avait déjà «sécurisé ses volumes» pour l'hiver, avec des stocks constitués à 90%. Mais, le gaz ne peut pas être totalement exclu des discussions entre les deux parties, et l'on affirme même qu'«Alger pourrait augmenter de 50% ses livraisons de gaz à la France». Pour le moment, il s'agirait d'un engagement oral, aucun accord n'a encore été signé à l'issue de la visite du président de la République mais des échanges doivent avoir lieu dans les prochaines heures entre Engie et les autorités du pays, toujours selon les mêmes sources. Selon une source de l'exécutif français interrogée par BFMTV, «il y a en ce moment des discussions entre Engie et le gouvernement algérien pour augmenter les livraisons de gaz et de GNL. Ces discussions ont débuté conformément à l'accord de juin 2022 et semblent être en bonne voie. Les proportions ne sont pas encore arrêtées, plus de 50% serait une cible crédible». Tout en précisant que « pour le moment rien n'est signé ».

Sonatrach-Engie, des relations de confiance et de bonne entente

Il s'agit là d'informations qui ont été consolidées par une déclaration du porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran, qui a relevé à ce propos dans une déclaration sur la chaîne BFMTV, hier dimanche, au lendemain de la visite du président Emmanuel Macron en Algérie, qu'il ne peut rien confirmer dans ce sens, arguant qu'il n'avait «pas à commenter ce qui relève de la diplomatie française et de la diplomatie algérienne», mais il nuancera sa prudence en ajoutant que «des annonces seront faites prochainement» sur une possible augmentation des livraisons de gaz algérien en direction de la France. Soulignant dans ce sillage qu'il y avait eu «rapprochement dans le cadre du déplacement» d'Emmanuel Macron, de jeudi soir à samedi après-midi.

Rappelons dans ce contexte que le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a reçu, jeudi dernier, la directrice générale du groupe français Engie, Catherine MacGregor, en présence du PDG du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, et que les deux Groupes Sonatrach et Engie, qui se sont « félicités de la confiance et la bonne entente qui caractérisent leur relation », ont passé en revue l'état des relations de coopération et de partenariat et « les perspectives futures » d'investissement dans des projets structurants en Algérie dans le domaine énergétique notamment les hydrocarbures, l'électricité et les énergies renouvelables, selon un communiqué du ministère de l'Energie et des Mines.

Pour dire que le gaz, même s'il n'est pas inscrit officiellement comme un sujet prédominant dans le cadre de la visite du président Macron en Algérie, il figure bien dans les discussions entre les plus hauts responsables du secteur de l'énergie des deux pays.

A l'image de l'Italie, qui a signé un nouvel accord d'importation de gaz avec l'Algérie, la France fait tout pour diversifier ses sources d'approvisionnement dans la perspective d'un arrêt total des livraisons russes. L'Algérie est le premier exportateur africain de gaz et fournit environ 11% du gaz consommé en Europe, alors que la Russie approvisionnait en gaz l'Europe à hauteur de 40 %.

Pour mémoire, lors de sa visite en Algérie, le 18 juillet dernier, l'ex-Premier ministre italien, Mario Draghi, a réussi à conclure des accords pour augmenter les livraisons de gaz algérien à l'Italie d'ici la fin de l'année via le gazoduc Transmed, faisant de l'Algérie le premier fournisseur devant la Russie, après l'invasion de l'Ukraine.