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Ça va chouia

par Hamid Dahmani

Le mauvais temps s'est installé indéfiniment. Le temps est morose et lourd, et les êtres vivants qui squattent l'espace sont tristes comme un automne cafardeux. Le soleil brille presque tout le temps, mais le cœur n'y est pas pour profiter de ses beaux rayons. L'ennui nous étrangle et on suffoque sous la pression. Il paraît que le bien-être est fâché avec les chagrinés de naissance. Les gens sont patibulaires et le ton est menaçant et le regard intimidant. La santé trébuche et le pas est nonchalant quand on va au marché. Le train-train est vraiment trop pesant pour les démoralisés qui le supportent tant bien que mal.

La route est enivrante et pas du tout perpendiculaire dans son alignement. Chut ! Les murs ont des oreilles. Dehors, l'air est soporifique et on nage dans le bonheur virtuel. L'espoir des maudits est tombé à l'eau.

Le paysage est sordide et ça sent le roussi. Les chiens aboient, et les piétons passent leur chemin quand même. Les commérages font le sensationnel et on casse du sucre sur le dos des absents. Le chant des sorcières s'est mêlé au chant des sirènes pour faire du tintamarre. On vit et on s'accroche à la vie comme on peut. Tout est chouia, mi-figue et mi-raisin dans cette époque un peu folle. Il faut du bon sens et un mauvais raisonnement pour équilibrer les sentiments provocateurs. On trouve du bon et du mauvais même dans un jeu de domino. Le bon fait du bien et le mauvais fait des siennes. Les boniments sont trop plaisants. Les nouvelles sont bonnes pour les commerçants qui se frottent déjà les mains, et elles sont très mauvaises pour les consommateurs qui vont être dépecés prochainement.

C'est le même scénario qui se répète depuis le temps. Le chouia est très populaire et très tuant dans cette contrée qui vit du peu quémandé. Holà ! Viens mon ami, assieds-toi à côté de moi, on va causer un chouia des difficultés de cette vie épuisante. Alors, tu as encaissé ta pension ? Oui, je l'ai empochée, mais j'ai aussi reçu une lourde facture d'électricité en même temps. Et il y a deux jours aussi, j'ai reçu ma facture d'eau qui est en attente de paiement. Tu sais, la moitié de ma pension «dawha», elle a été versée aux créanciers. «Rani n'senter !». Chouia courage! «yjib rabi elkheir»...