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Faute de gares multimodales: Des contraintes et un plan de transport «spécial JM» au forceps

par Houari Saaïdia

A l'approche des JM, l'absence de gares multimodales se fait plus que jamais sentir. Faute de ces lieux d'échange où se connectent différents modes de transport permettant de faciliter les correspondances tout en offrant des services adaptés aux besoins de tous les usagers, Oran ne dispose toujours pas d'interface entre la ville urbaine et son réseau de transport.

A défaut donc, Oran renvoie cette image extrêmement contraste: la mise à jour des moyens de transport et l'impact urbain qu'elle entraîne avec des gares (routières, ferroviaires, maritimes) caduques et complètement inappropriées. La gare multimodale est de loin le plus important projet du secteur du transport sur lequel la wilaya d'Oran a dû mettre croix dessus en cette conjoncture économique nationale marquée par des mesures draconiennes de rationalisation des dépenses. On peut s'en mordre les doigts de n'avoir pas su plaider ce dossier auprès de la Centrale au fort du confort financier. Aujourd'hui, la direction des transports compte faire une énième tentative pour l'inscription du projet de la gare multimodale en soulignant encore une fois l'opportunité et la nécessité de cette infrastructure pour la ville-métropole d'Oran. Sera-t-il accordé dans le cadre de la loi de finances 2023 ? C'est fort improbable, estime-t-on.

De tous les projets structurants du plan de modernisation du grand Oran frappés par le gel, ce dossier est celui ayant franchi avec succès toutes les étapes préliminaires à l'inscription des marchés publics, mais qui n'a pas été validé par les instances financières centrales. C'est, en tout cas, de loin le plus important projet du secteur de transport sur lequel la wilaya d'Oran a dû mettre croix dans un contexte économique de crise, marqué par des mesures draconiennes de rationalisation des dépenses. Doit-on s'en mordre les doigts de n'avoir pas plaidé ce dossier auprès de la Centrale au fort du confort financier ? Notifiée par le biais de la direction générale du budget au ministère des Finances aux directions régionales du budget et aux contrôleurs financiers des collectivités locales, le gel du marché de la gare multimodale d'Oran (et par un effet d'entrainement ceux des deux gares annexes de Belgaïd et de Benarba) a eu de lourdes conséquences sur la capitale de l'Ouest, qui s'apprête à accueillir les JM-2022. Peut-être que ce projet est-il après tout victime de son coût : 800 milliards de centimes, selon le devis du BET algéro-espagnol Betur-Sener-Serom qui en a réalisé l'étude. Non couvert financièrement puisque non inscrit, ce projet restera figé dans son état de maquette. L'instruction du gel ordonnait clairement aux responsables locaux et régionaux des budgets de suspendre tous les projets d'équipement qui n'étaient pas encore lancés. Si on sait que même les projets déjà inscrits, couverts financièrement donc, mais dont les chantiers non lancés, étaient concernés par ce gel, il est dès lors évident que le dossier de la gare multimodale d'Oran, proposé en inscription à deux reprises depuis 2013, restera dans les tiroirs aussi longtemps que l'austérité budgétaire persiste. Autant dire qu'il s'agit là d'un projet mort-né.

LE PREMIER MINISTERE AVAIT DONNE SON «OK» EN AVRIL 2013

Pourtant, les pouvoirs publics locaux auront visiblement tout tenté pour faire aboutir cette opération, qu'ils ont classée comme « priorité des priorités » au titre des propositions budgétaires 2014 et 2015 d'équipements publics. Proposé en inscription au titre du LFC 2013, ce projet n'a pas eu l'aval. La wilaya est revenue à la charge deux fois de suite, mais sans réussite. Pourtant la démarche de la wilaya n'était point « naïve » - c'est-à-dire se contenter de porter le projet à la tête du canevas des propositions budgétaires transmis au siège Ahmed Francis Ben Aknoun - puisque d'autres pistes en appoint ont été tentées, dont notamment une plaidoirie en bonne et due forme sur la pertinence et l'utilité de cette infrastructure par-devant le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au détour de sa visite à Oran, le 11 avril 2013. Convaincu, Sellal avait d'ailleurs donné séance tenante son OK pour ce projet structurant. L'argument le plus simple, mais le plus persuasif en même temps, mis en avant pour revendiquer ce projet, s'appuyait en fait sur l'aberrance et le paradoxe de la situation d'alors : d'une part, la mise en place et le développement de réseaux et de modes de transport modernes à Oran (tramway, métro, nouvelle aérogare, téléphérique, plan de circulation de l'agglomération d'Oran, nouveaux périphériques et pénétrantes autoroutières) - en particulier - et la métropolisation interne et externe de cette ville - en général - et de l'autre part, l'inexistence d'une gare multimodale, c'est-à-dire un pôle d'échange de différents modes de transport.

SECTEUR DE TRANSPORT ARCHAÏQUE POUR UNE MÉTROPOLE

A défaut donc, Oran renvoie cette image extrêmement contraste: la mise à jour des moyens de transports et l'impact urbain qu'elle entraîne avec des gares (routières, ferroviaires, maritimes) caduques et complètement inappropriées. D'un coût estimatif de 8 milliards de dinars, ce projet, dont l'étude a été ficelée depuis bien longtemps par le groupement de bureaux d'études algéro-espagnol « Betur-Sener-Serom » est donc resté un vœu pieux, faute d'argent. Conçue pour une capacité d'accueil de 100 millions de passagers/an (voici à titre indicatif ce double comparatif, la gare multimodale de Victoria Station à Londres : un flux de 150 millions de passagers/an, celle de la gare centrale à Paris: 190 millions de passagers/an), la gare multimodale d'Oran devait être implantée à Sidi Mâarouf, à proximité de la station terminale du tramway, sur six hectares. Son idée-force est l'intégration des divers modes de transport, à savoir le métro, le tramway, les taxis urbains et interurbains et tous les transports en commun, en plus du futur métro d'Oran qui y débouchera, et ce de manière à fluidifier et faciliter le flux des voyageurs. Le projet prévoyait, entres autres infrastructures, un grand bâtiment de deux niveaux, sous-sol et quatre étages, un parking à deux niveaux de 230 véhicules chacun, extensible à 660 véhicules, des restaurants, des cafétérias, des espaces verts et de détente et un ensemble de commodités nécessaires au confort des usagers. Les prévisions relatives à la fréquentation des voyageurs font état de 260.000 voyageurs dont 70.000 pris en charge par le tramway d'Oran. Il a été également intégré à ce pôle d'échange l'aéroport international d'Es-Sénia-Oran «Ahmed Benbella».