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Numérisation: Des textes à revoir

par El-Houari Dilmi

  Considéré comme l'un des moyens d'améliorer la qualité de service public et assurer une meilleure transparence dans le fonctionnement de l'économie, le vaste chantier de la numérisation a atteint sa vitesse de croisière. «La vision de l'Etat est claire : il faut accélérer la transformation numérique pour améliorer le service public», a affirmé, hier lundi, Hacene Derrar, directeur général de la numérisation au ministère de la Numérisation et des Statistiques. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, Hacene Derrar a expliqué que pour «mener à bien sa mission de chef d'orchestre dans la mise en œuvre de la stratégie de numérisation, ce nouveau département ministériel a établi un état des lieux qui relève de nombreuses avancées, mais un manque de vision transversale». Etayant sa pensée, l'invité de la Radio a encore indiqué que «la priorité de l'Etat reste la numérisation de l'administration pour la rapprocher du citoyen», précisant que «cet objectif figure dans le Plan d'action du gouvernement, dans le cadre de la modernisation de la gouvernance». Le directeur général de la numérisation au ministère de la Numérisation et des Statistiques a annoncé qu'une feuille de route a été élaborée et déclinée en 4 axes majeurs : «le premier axe consiste à poursuivre les efforts de préparation d'un environnement propice à la réussite de la transformation numérique sur les plans règlementaire, organisationnel, technologique et financier». Le deuxième axe c'est la «e-gouvernance, l'amélioration du service public à travers la numérisation de l'administration, et le troisième axe : asseoir un écosystème favorable au développement du numérique», a-t-il développé. Enfin, le quatrième axe qui est très important : «c'est d'œuvrer pour une citoyenneté du numérique et une culture du numérique », a-t-il ajouté.

«L'absence d'une vision transversale»

Un état des lieux a été établi par le nouveau ministère. «Certains secteurs ont déjà bien avancé», a encore indiqué Hacene Derrar. «De nombreuses actions ont été réalisées pour la numérisation de l'administration, je cite à titre d'exemple le ministère de l'Intérieur qui a fait beaucoup de progrès, la Justice, l'Emploi, la Solidarité, l'Education ou encore l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique», a-t-il relevé. Malgré ces avancées, le même responsable a constaté «l'absence d'une vision transversale : si on veut numériser l'administration, il faut mener des actions collaboratives, des plateformes communes et d'échange de données», a-t-il recommandé, expliquant «qu'assurer la transversalité dans la numérisation des différents secteurs est l'objectif visé par la création de ce département ministériel, dédié à la numérisation et aux statistiques». «L'état des lieux sur le plan règlementaire montre également certaines lacunes : nous avons recensé plus de 54 textes de loi, dont 36 sont liés au numérique», a souligné le représentant du ministère de la Numérisation, relevant certains aspects bloquants dans ces textes règlementaires, tels que les demandes d'agréments pour les activités soumises à autorisation. «Nous avons recensé plus de 297 plateformes dédiées aux activités soumises à autorisation qui sont difficiles d'accès et parfois inexploitables», a-t-il expliqué.

«Une loi dédiée au numérique»

«Nous avons constaté un manque de textes qui facilitent, motivent et poussent à l'initiative», poursuit le responsable, qui a annoncé «qu'un groupe de travail est en train d'être mis en place pour l'élaboration d'une loi dédiée au numérique afin d'améliorer et accélérer la transformation numérique». Le même responsable a insisté également sur la nécessité de renforcer la sécurité des données : «plus de 120 mille cyberattaques par jour ont été recensées en 2020 à l'échelle mondiale, annuellement, c'est plus de 46 millions de cyberattaques, la cybersécurité coûte à l'économie mondiale plus de 600 mille milliards de dollars», a alerté Hacene Derrar, qui a affirmé «qu'assurer la sécurité informatique est un rôle très important auquel nous contribuons avec les autres départements ministériels», a-t-il souligné, ajoutant que «le Plan d'action du gouvernement prévoit la mise en place d'un Data center gouvernemental pour héberger les données en Algérie». L'invité de la Radio a encore indiqué «qu'il y a des entreprises algériennes privées qui investissent dans le Cloud privé et dans le Data center, nous sommes obligés d'aller vers le partenariat public-privé national pour assurer la souveraineté dans le domaine numérique, en hébergeant nos données en interne», a-t-il conclu.