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Traité virtuel

par Abdou BENABBOU

C'est à une véritable mascarade qu'invite l'Organisation des Nations unies en se félicitant de l'entrée en vigueur du traité sur l'interdiction des armes nucléaires. La supercherie est d'autant plus affirmée que les détenteurs de ces armes n'en sont pas signataires et que leur position a tout l'air d'un ricanement flagrant à la face du monde. Si l'ensemble des efforts entrepris par une majorité de pays sont honorables et louables pour se prémunir d'un danger qui menace l'humanité entière, les engagements et l'activisme déployés pourraient s'assimiler en tous points de vue à un remplissage d'un seau troué. De ce fait, un tel traité ne ferait que renforcer davantage la puissance déjà grande de ceux qui monopolisent déjà l'arme atomique dans leurs intérêts propres et leur prédominance dans la marche du monde n'en serait que plus affirmée.

S'ils se comptent sur le bout des doigts, il est illusoire d'attendre des dominants de se défaire d'un maléfique atout qui leur permet d'ordonnancer la vie des êtres comme bon leur semble et le traité s'offre à eux comme une tenante opportunité pour ligoter ceux qui veulent se mettre à leur niveau. Il est même prêté à se demander si la finalité onusienne ne serait pas une couture de fil blanc initiée par les plus forts pour contrecarrer les velléités d'émancipation annoncées ici et là.

Il est évident que l'arrêt d'une éventuelle prolifération des armements atomiques offre une assurance pour la paix mondiale. Il n'est nulle question de faire la fine bouche pour la semée d'un espoir qui garantirait la quiétude des peuples. Mais se limiter à une interdiction qui ne toucherait que ceux qui manquent déjà de pain pour se nourrir est une plaisanterie. Le Togo, la République centrafricaine ou le Vanuatu ont d'autres préoccupations plus terre à terre que de vouloir se donner à des calculs géostratégiques. Ils n'ont que la latitude de s'échiner dans la douleur et la misère pour continuer d'exister. Le nucléaire leur est interdit de facto. Ils savent qu'au sein de l'organisation onusienne, ils ne servent que de faire-valoir disponibles pour signer des traités dont ils connaissent mieux que quiconque la virtualité.