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L'ECOLE ET LA BRECHE

par Abdou BENABBOU

Plus de dix millions d'enfants sont appelés à rejoindre les écoles début octobre prochain dans une conjoncture indicible où aucune assurance pour une rentrée scolaire normale n'est garantie. L'année blanche consommée, il a bien fallu se décider à se jeter à l'eau et on imagine la multitude de tracasseries qu'affronteront les responsables de l'Education nationale pour canaliser sans grands heurts les vagues impressionnantes des élèves dans un espace bouleversé par la pandémie.

Ne sachant pas si d'ici octobre l'épidémie lâchera prise, on aura à faire face à une situation inédite où il s'agira de s'accommoder avec une multitude d'impondérables logistiques. Programmes, transport, cantine, confinement et autres seront des paramètres difficiles à gérer et au bout du compte, il faudra bien se demander quelle serait la finalité d'un branle-bas écolier que les autorités s'apprêtent à initier.

Il est inutile de s'étendre sur le gâchis d'une année scolaire perdue et il serait ridicule de s'appesantir sur les effets très dérisoires du prétendu enseignement par vidéoconférence mollement lancé dans lequel très peu de parents se sont investis sans vraiment trop y croire. Verra-t-on alors des efforts de rattrapages pour revenir sur le temps perdu ou ira-t-on jusqu'à considérer qu'il est superflu de regarder dans le rétroviseur pour tenter de sauver ce qui peut l'être ?

La vilaine consolation vient du fait qu'aucun pays n'a vu son école épargnée par les terribles effets de la pandémie. Seuls quelques-uns avaient pris les devants depuis longtemps, conscients avant l'arrivée de l'épidémie que le monde allait être soumis à revoir tous les nerfs présidant à reconfiguration des cultures et des existences.

Perdu pour perdu, sans doute avons-nous manqué de saisir l'opportunité du long temps égaré pour nous investir frontalement et sans réserve dans une large réforme de l'école. Le coronavirus a ouvert une colossale brèche dans laquelle l'Eduction nationale avait la latitude de s'introduire.