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Le m-paiement sur les pas égarés de l'e-paiement ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le paiement par téléphone mobile (m-paiement) devrait voir le jour en Algérie durant l'année 2020. Tout est fin prêt sur le plan fonctionnel et technique pour que le smartphone fasse fonction de porte-monnaie électronique et donner loisir aux consommateurs de se procurer des biens et des services dans les espaces commerciaux sans avoir besoin d'argent fiduciaire. Mais ce nouveau moyen de paiement, très en vogue partout dans le monde, ne doit pas pousser à un emballement outre mesure en Algérie. Quelle pertinence, en effet, à aller plus loin dans la dématérialisation du paiement scriptural alors que depuis deux ans, au moins, on s'ingénie vainement à imposer aux commerçants de mettre à la disposition des clients des terminaux de paiement électronique (TPE) ? Malgré le soutien des pouvoirs publics qui ont tenté de généraliser le mode de paiement électronique, fixant l'année 2019 comme référence au développement du e-paiement à l'aune d'un cadre législatif imposant, à travers la loi de finances 2018, aux commerçants de mettre à la disposition des clients des terminaux de paiement électronique (TPE), le dispositif reste presque insignifiant. Et, jusqu'à présent, les cartes magnétiques ne servent pas plus qu'au retrait de l'argent liquide à partir des distributeurs automatiques. C'est que le système en question souffre de plusieurs maux qui n'ont rien à voir avec la technique. Le mal est ailleurs. Le m-paiement sera une réalité avant la fin de l'année, sur un plan de fonctionnalité technique, à n'en pas douter, mais cela restera une réalité fictive, boiteuse, tant que les commerçants et les consommateurs n'y adhèrent pas de plein gré. Parce que le problème essentiel réside dans l'adhésion timide des Algériens, pour ne pas dire une répulsion collective, à ces nouveaux modes de paiement. Comment peut-il en être autrement dans un pays où on n'est pas arrivé à imposer, par la loi, le paiement par chèque ? Et, on continue encore à chercher le remède dans le cadre législatif, puisque les commerçants, qui ont été «obligés» par la loi de finances 2018 d'acquérir un TPE, sont aujourd'hui contraints par l'article 111 de la dernière loi de finances (LF 2020) de mettre à la disposition du consommateur, pas seulement le TPE, mais des «instruments» de paiement électronique, incluant TPE et code-barres intelligent (QR) de la caisse du commerçant qui permet le m-paiement. C'est évident de mettre en place un cadre législatif qui codifie ces opérations monétiques, mais pour éviter un échec latent, il ne faut pas ignorer qu'il faut, essentiellement, trouver remède à l'économie informelle, qui fait de la résistance à tout système qui pourrait éclairer la traçabilité des échanges commerciaux. Le système bancaire, lui-même, garde également un caractère très archaïque par rapport à cette évolution technologique et devrait dans ce sens aborder une profonde réforme, qui le mettrait à l'abri des influences et des abus autoritaires. Les formules techniques modernes visant la dématérialisation du paiement scriptural foisonnent dans un environnement toujours engourdi par les pratiques qui remontent à l'âge de pierre !