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80 employés du PNC et 7 syndicalistes licenciés: Reprise des vols d'Air Algérie

par M. Aziza Et M. M.

La direction de la Compagnie aérienne nationale, Air Algérie, a procédé, jeudi dernier, au licenciement d'environ 80 employés du Personnel navigant commercial (PNC) et 7 syndicalistes, a-t-on appris, auprès d'un des représentants du Syndicat. Notre interlocuteur a annoncé la reprise des vols, hier matin, et ce après, quatre jours de grève «surprise» qui a pénalisé des milliers de passagers dont certains sont restés bloqués à l'aéroport.

Le représentant des syndicalistes a affirmé que la grève n'a pas été décidée par le Syndicat, ce qui explique le fait que le préavis de grève n'a pas été déposé, au préalable « mais c'est carrément la base qui avait ras le bol des conditions socioprofessionnelles et avait décidé de protester durant des heures bien précises».

Et d'expliquer que les grévistes ont protesté durant les premiers jours en observant une grève limitée de trois heures, dans la matinée, au moment où la compagnie avait annoncé des retards dans les vols, en raison des conditions climatiques défavorables (le brouillard). Autrement dit «le mouvement n'était qu'un débrayage de trois heures de temps, initié par le collectif du personnel navigant commercial (PNC), juste au moment où aucun avion n'a été autorisé à décoller, en raison du brouillard, jusqu'à ce que la direction générale d'Air Algérie décide de licencier une trentaine d'employés et suspendre 7 membres du Syndicat, ce qui a ouvert la voie à une grève ouverte» regrette-t-il.

Alors qu'ils s'attendaient à des «mesures d'apaisement» et l'ouverture d'un dialogue entre les PNC grévistes et la direction de la Compagnie «Air Algérie a procédé au recrutement d'éléments PNC stagiaires en remplacement des membres du personnel navigant commercial (PNC) qualifiés mais licenciés par le P-DG d'Air Algérie, ce qui est en contradiction avec la loi», déplore-t-il. Le Syndicat a «sollicité l'intervention du ministère des Transports à maintes reprises, mais en vain», selon notre interlocuteur. Face à cette impasse «imposée par la direction d'Air Algérie», le Syndicat et les travailleurs licenciés «comptent solliciter les hautes instances à leur tête le président de la République» et ce «pour l'annulation de la décision de justice, rendue par le tribunal de Dar El Beida (Alger) qui a ordonné l'arrêt immédiat de la grève enclenchée par le Personnel navigant commercial (PNC) d'Air Algérie et la réintégration du personnel et syndicaliste licenciés».

Le Syndicat a précisé que les revendications ne sont pas d'ordre salarial, mais concernent surtout «les conditions de travail qui sont insoutenables».

Ministère des Transports : des «mesures adéquates» seront prises

Notons que le ministère des Transports et des Travaux publics avait appelé, jeudi, le Personnel navigant commercial (PNC) d'Air Algérie, au respect des décisions de la justice et à l'arrêt «immédiat» de leur mouvement. «Nous appelons au respect de la décision de justice qui a qualifié cette grève d'illégale et à la cessation immédiate de ce mouvement (grève du PNC), en faisant prévaloir la sagesse et le dialogue», a indiqué le ministère, dans un communiqué. La tutelle a affirmé «qu'il sera procédé à l'examen des motifs de cette grève, à la définition des responsabilités et à la prise des mesures adéquates à l'encontre des auteurs de cette situation inacceptable». Le ministère a précisé que l'appel «au respect de la décision de justice et à la cessation immédiate de la grève» intervient après «l'épuisement de toutes les voies du dialogue entre les parties, en litige, afin de résoudre les problèmes soulevés et de leur trouver les solutions adéquates en prenant en considération l'intérêt des clients ainsi que celui de la compagnie et de ses employés». «La grève ne doit pas être un motif pour porter préjudice aux intérêts des parties concernées», affirme encore le communiqué. Le ministère a exprimé «son profond regret» quant à la grève enclenchée par le PNC d'Air Algérie, une grève qui vient au moment où «le secteur s'apprête à entamer la mise en œuvre de son programme d'action, issu du Plan d'action du Gouvernement pour la concrétisation du programme du président de la République, visant à édifier une nouvelle République, conformément aux aspirations du peuple».

Tebboune : «Le timing de ces grèves n'est pas innocent»

Par ailleurs, le Président Abdelmadjid Tebboune, a évoqué, lors de sa rencontre périodique avec les médias nationaux, sans la citer, des grèves qui «ternissent l'image du pays, nuisent aux citoyens et entravent leurs affaires», en allusion à la grève des PNC d'Air Algérie. Tebboune a critiqué «ceux qui déclenchent des grèves par SMS une demi- heure» avant le débrayage, rappelant que la loi exige un préavis et la précision des motifs afin de favoriser l'ouverture de négociations pour trouver des solutions. Pour le président de la République, «le timing de ces grèves n'est pas innocent». «J'ai 50 ans d'expérience dans la gestion et on ne peut pas me convaincre du contraire», a-t-il ajouté. «La grève anarchique est interdite dans certaines infrastructures publiques», a-t-il lancé précisant que la grève doit être annoncée, au préalable, pour permettre aux compagnies aériennes ou aux aéroports de prendre leurs précautions comme informer les voyageurs».