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Valse des entraîneurs: Développement et progression impossibles

par M. Zeggai

Le Français Hubert Velud n'est plus depuis jeudi l'entraîneur de la JSK. Certains évoquent une séparation à l'amiable entre les deux parties mais, à vrai dire, il s'agit d'un limogeage déguisé pour insuffisance de résultats. L'intérim sera assuré par le tandem Jean-Yves Chay et Mourad Karouf en attendant l'engagement d'un nouvel entraîneur en chef. Par cette décision, la JSK est devenue le onzième club de l'élite à avoir opéré des changements au sein de son staff technique, et Hubert Velud le quinzième technicien à avoir mis fin à sa collaboration depuis l'entame de la compétition. Une situation inquiétante et pénalisante pour le développement du football national.

Chez nous, même les deux premiers du championnat de la Ligue 1, le CRB et le MCA, n'ont pas échappé à ce phénomène de valse des entraineurs. A la fin de la phase aller, plusieurs coachs ont quitté leur poste, pour ne pas dire poussés vers la sortie. Il s'agit de Abdelkader Amrani (CRB), Lyamine Bougherara (JSS), Denis Lavagne (CSC), Azzedine Aït Djoudi (ASAM), Hubert Velud (JSK), Franck Dumas (CABAB), Lakhdar Adjali (NAHD) et El Hadi Khezzar (NCM) sans compter les Bernard Casoni (MCA), Moaz Bouakaz (JSS), Kheireddine Madoui (ESS), Karim Zaoui (NCM), Slimani et Younes Ifticene (USMBA) ainsi que Arezki Remmane (NAHD).      En revanche, cinq clubs, à savoir l'USMA, le MCO, l'ASO, l'USB et le PAC, ont réussi à garder le même staff.

Avec un tel rythme de valse des entraineurs, notre sport-roi risque de vivre de nombreuses années de disette. Il est impossible de parler de progression ou de développement de football dans une situation pareille.

La direction technique nationale, censée tracer la politique de notre football, doit impérativement trouver les solutions qui s'imposent pour mettre fin à cette mascarade. La FAF et la LFP, en tant que structures officielles, sont appelées à trouver les mécanismes nécessaires pour éradiquer ce phénomène qui s'avère finalement préjudiciable. Au fait, où est passé le club des entraîneurs algériens de football (CEAF), une institution conçue pour réhabiliter la profession d'entraineur et contribuer au développement du football national avec les instances officielles. Pratiquement, toutes les décisions, d'une manière générale, sont restées lettres mortes étant donné que c'est la rue qui impose sa loi. La mentalité doit obligatoirement changer.

En football, il faut savoir ce qu'on veut pour entamer les démarches pour atteindre les objectifs. Avec des projets sportifs inexistants, des présidents de clubs faisant de la mendicité et combinant les assemblées générales pour rester en poste, des jeunes catégories carrément ignorées, des dirigeants incompétents galopant derrière l'argent facile, de pseudo managers médiocres mais opportunistes, le football algérien est bien parti pour en rester là où il est, sinon bien bas encore. « Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », dit un proverbe.

C'est ce qui se passe chez nous quand nos clubs pataugent dans la mauvaise gestion dans la mesure où ils n'ont pas encore réussi à s'adapter au régime professionnel. L'instabilité criarde aussi bien des joueurs que des entraîneurs freine vraiment l'évolution de notre football. Aussi, c'est malheureux de le dire, la responsabilité de certains entraineurs est totalement engagée, car notre football ne pourrait jamais prétendre à un quelconque développement si les premiers concernés, de par la formation et l'éducation des joueurs, ne se basent pas sur la stabilité et le travail à long terme. Des entraineurs qui font deux, trois, voire quatre clubs par saison.

A titre d'exemple, Lyamine Bougherara, qui vient de succéder à Aït Djoudi à l'ASAM, en est à son troisième club après l'USMAn et la JS Saoura. Idem pour le coach helvético-tunisien, Moez Bouakaz, qui vient d'opter pour le CABBA après avoir travaillé à la JS Saoura et la JSM Béjaïa. D'autres ont «fait» deux équipes depuis le début de la saison, comme le Français Franck Dumas qui, après avoir résilié son contrat, a préféré rejoindre le CRB. Meziane Ighil a quitté le RCR pour mettre le cap sur la JSS, Slimani en est à son deuxième club après l'USMBA et l'USMH, Younes Ifticene (USMBA et JSMS), Aït Djoudi (ASMA et NAHD) et la liste est encore longue si l'on tient compte des allers et retours dans la Ligue 2.