Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La définition du provisoire

par Abdou BENABBOU

Le projet de loi sur les hydrocarbures s'apparente à une gigantesque météorite incendiaire planant sur la tête des Algériens. On pensait qu'elle surgissait d'un ciel sombre et que le manque de visibilité était en cause pour ne pas avoir indiqué un fabuleux désagrément à un peuple en mal de vie. On accuse avec une forte légitimité un gouvernement provisoire d'outrepasser ses légères attributions momentanées pour contraindre l'Algérie à changer d'itinéraire pour faire de sa souveraineté un objet de pacotille.

Une fois n'est pas coutume, l'unanimité des avis à ce sujet est à la colère et à la protestation. Des connaisseurs s'indignent et d'autres moins savants ont trouvé dans la lignée du Hirak une justification supplémentaire pour aiguiser leur effarouchement. Cette nouvelle mêlée d'une rigidité sans pareille, en dehors des argumentations les plus justifiées, indique avec superbe avant tout que le pays est dans une mélasse dont il n'est pas près de sortir.

S'agrippant à leur rôle de gestionnaires des affaires courantes, les gouvernants sont convaincus, à tort ou à raison, d'être dépositaires de la destinée du pays. La définition attribuée au sens du provisoire, en attendant la présidentielle hypothétique, n'est pas la même pour tous. Les décideurs d'un seul bord, aujourd'hui contestés par la rue, sont de toute évidence face à des urgences colossales les persuadant qu'ils ne doivent faire qu'à leurs têtes. La cascade des titanesques remous économiques, sociaux et politiques, ne cesse de gronder, et tous les indicateurs prouvent qu'il est devenu impossible de faire face à des impératifs les plus simples, mais susceptibles de mener une nation vers le suicide.

En parallèle d'un état des lieux économique sérieusement atrophié, la prise en charge financière des retraites, de l'émolument des millions de fonctionnaires, pose un sérieux problème et guide vers des choix douloureux. Faute de créer de la richesse à partager avec équité, deux murs s'érigent contre lesquels l'actuel gouvernement se croit devoir de se cogner la tête : le FMI ou la planche à billets. L'Algérie n'est peut-être pas l'Equateur en feu depuis quelques jours. Mais les réactions et les colères humaines sont partout les mêmes quand sont identiques les mêmes maux.