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Il a débuté hier au tribunal militaire de Blida: Le procès de Saïd, Toufik, Tartag et Hanoune sous haute sécurité

par Moncef Wafi

Le procès tant attendu du frère du président déchu, deux anciens patrons du renseignement et de la SG du Parti des travailleurs (PT) s'est ouvert hier matin au tribunal militaire de Blida dont les alentours étaient surveillés par un important dispositif policier et militaire.

La sécurité a été considérablement renforcée aux alentours du palais de justice alors que la route y menant était interdite à la circulation. Alors que des rumeurs avaient circulé sur la retransmission du procès en direct sur la télévision publique, tout indique qu'il se déroulera loin des médias. En effet, l'APS indique dans une dépêche qu'«un communiqué final sera rendu public par la juridiction militaire à l'issue du procès». Tayeb Belaïz, l'ancien président du Conseil constitutionnel sous Bouteflika, est arrivé au tribunal militaire de Blida pour être entendu en tant que témoin.

Pour rappel, l'ancien chef de l'ex-Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Mediène, dénommé Toufik, Bachir Tartag, ex-chef du Département de surveillance et de sécurité (DSS), Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune ont été inculpés d'«atteinte à l'autorité de l'armée» et de «complot contre l'autorité de l'Etat», des chefs d'accusation prévus et punis par les articles 284 du code de justice militaire et 77 et 78 du code pénal.

L'article 284 du code de justice militaire stipule que «tout individu coupable de complot ayant pour but de porter atteinte à l'autorité du commandant d'une formation militaire, d'un bâtiment ou d'un aéronef militaire, ou à la discipline ou à la sécurité de la formation, du bâtiment ou de l'aéronef, est puni de la réclusion criminelle de cinq à 10 ans». Il définit qu'il y a complot «dès que la résolution d'agir est concertée et arrêtée entre deux ou plusieurs individus».

Le maximum de la peine est appliqué aux militaires les plus gradés et aux instigateurs dudit complot. Saïd Bouteflika et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai dernier alors que la SG du PT a été placée en détention provisoire le 9 mai.

Me Miloud Brahimi, l'avocat de Saïd et Toufik, avait déclaré que la justice avait bouclé l'instruction le 5 septembre et que la défense avait été informée de la date de la tenue du procès une semaine plus tard. Par ailleurs, et concernant le cas de la première responsable du PT, les partis regroupés au sein de l'Alliance des Forces de l'Alternative démocratique ont exigé, dans un communiqué rendu public samedi dernier, sa libération. «Les forces de l'Alternative démocratique rappellent leur ferme condamnation de la politique de criminalisation de l'action politique et du délit d'opinion. Elles exigent la relaxe pure et simple pour Louisa Hanoune et la libération de tous les détenus politiques et d'opinion», indique le document. Les avocats de la SG du PT ont introduit trois demandes de libération provisoire qui ont toutes été rejetées par le tribunal militaire dont la dernière remonte au 9 septembre 2019. Le chef d'état-major de l'ANP avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediène et Tartag de se réunir pour comploter contre l'armée. Entendu comme témoin le 14 mai dans le cadre de cette enquête, le général à la retraite Khaled Nezzar avait révélé que Saïd Bouteflika lui avait dit envisager d'instaurer l'état de siège et de démettre le général Gaïd Salah afin de mettre un terme à la contestation contre son frère. Nezzar est depuis le 6 août sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par le tribunal militaire de Blida.