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Groupes Tahkout, Haddad et Kouninef: Les noms des administrateurs connus

par Yazid Alilat

La désignation des administrateurs des groupes industriels, de travaux publics et de services, dont les « patrons » (Tahkout Mahieddine, Ali Haddad et les frères Kouninef) sont en détention préventive pour des délits économiques, est effective depuis quelques jours, et les noms de ces administrateurs dévoilés.

Selon Ennahar, qui cite des sources proches de la justice, l'administrateur désigné pour le groupe Tahkout est M. Choudar Mohamed, et M. Haddoum Mohamed Larbi pour le groupe des Kouninef, alors que M. Roumili Larbi a été désigné pour le groupe d'Ali Haddad. M. Mohamed Choudar a été désigné en novembre 2016 comme DG de Mobilis, filiale d'Algérie Télécoms (AT), avant de prendre la direction d'AT en mars 2019. Cet ancien du secteur des assurances, est ainsi nommé comme administrateur du groupe Tahkout, qui gère notamment le transport universitaire dans le centre du pays avec une flotte de 1.000 bus. Larbi Roumili faisait notamment partie du conseil d'administration de l'ARPT et a été « dégommé » par l'ex-DG de l'agence, Zohra Derdouri, une enseignante, qui a été nommée, après l'ARPT, ministre de la Poste et des NTIC en 2014. Le tribunal d'Alger avait annoncé dimanche dernier la désignation d'administrateurs pour gérer les affaires courantes des groupes précités. Le parquet d'Alger avait alors annoncé la désignation d'administrateurs pour gérer les entreprises d'Ali Haddad, de Mahieddine Tahkout et des frères Kouninef, actuellement en détention préventive au centre pénitentiaire d'El Harrach d'Alger pour des faits liés à des délits économiques.

Le procureur général près la cour d'Alger avait alors expliqué que le juge d'instruction, saisi des dossiers des sociétés appartenant aux groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, a rendu des ordonnances de désignation de trois administrateurs et experts financiers agréés, pour gérer ces sociétés. Le communiqué du procureur d'Alger explique ainsi que « dans le cadre des enquêtes judiciaires ouvertes à l'encontre de certains hommes d'affaires, propriétaires de sociétés, dont les groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, et dans un souci d'assurer la pérennité des activités des dites sociétés et de leur permettre de préserver les postes d'emploi et d'honorer leurs engagements envers les tiers, le juge enquêteur, saisi des ces dossiers, a rendu le 22 août 2019 des ordonnances de désignation de trois administrateurs, experts financiers agréés ». Le procureur près de la Cour d'Alger avait précisé dans le même communiqué que « ces administrateurs ont été chargés de la gestion des entreprises en question conformément aux dispositions du Code de commerce et du Code de procédure pénale ». « Les mêmes mesures seront prises pour les autres dossiers de propriétaires de sociétés privées, qui font l'objet de procédures judiciaires suite à l'ouverture de poursuites pénales à leur encontre ». Cette affirmation laisse donc supposer que d'autres « patrons » font l'objet d'investigations approfondies liées à des faits des délits économiques. La reprise en main par le gouvernement des groupes des trois « patrons » actuellement incarcérés obéit à plusieurs impératifs, dont celui d'assurer les salaires de leurs employés, et la poursuite de leurs activités. Il faut rappeler à ce niveau que le gouvernement avait mis en place un comité intersectoriel ad-hoc, institué par le Premier ministre, et a été chargé du suivi des activités économiques et de la préservation de l'outil de production national. C'est en fait ce comité ad-hoc qui avait proposé la désignation d'administrateurs qualifiés pour assurer la continuité de la gestion des entreprises privées, objet de mesures conservatoires.

Quant aux entreprises n'ayant pas le statut de société commerciale (personne physique commerçante), l'administrateur séquestre administre l'entreprise, en sa qualité de seul signataire sur tous les types de dépenses liées à l'activité, et assure la gestion et le fonctionnement de l'entreprise sur l'ensemble des aspects, notamment financier, patrimonial et juridique. Par ailleurs, la société mixte algéro-espagnole Fertial, spécialisée dans la production d'engrais, a vu ses comptes bancaires bloqués par la banque sur décision de justice en relation avec le procédé mis en place par Ali Haddad dans la constitution de sa participation financière, à hauteur de 17%, dans le capital social de l'entreprise. C'est en fait la banque française BNP Paribas qui a financé sous forme de prêt à hauteur de 30 millions d'euros cette participation financière de Haddad dans le capital social de Fertial, détenu majoritairement par Sonatrach. La banque française aurait déposé une plainte contre Ali Haddad.