Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Gestion de la transition: Les feuilles de route du RCD et de Djaballah

par Yazid Alilat

  Après Ali Benflis, c'est le président du RCD, Mohsen Belabbas, qui propose une feuille de route de sortie de la crise avec la nomination de trois personnalités, un universitaire, un magistrat et un syndicaliste, à la tête de la future Haute instance de la transition.

Le patron du RCD a expliqué que «dans la feuille de route que nous soumettons au débat, nous proposons d'élire trois personnalités qui vont constituer ce qu'on a appelé la Haute instance de transition». Pour les «élire, nous avons pensé aux corporations importantes mobilisées dans ce mouvement : celle des magistrats, celle des enseignants universitaires et les syndicats autonomes qui représentent différents secteurs, acteurs de la contestation de l'ordre établi».

Mohsen Belabbas explique sa démarche par le fait qu'«il est important d'avoir un magistrat dans cette Haute instance pour la réhabilitation de la justice», et que les magistrats sont les seuls qui «pourraient agir dans le sens d'une justice indépendante de façon effective». «Pour les enseignants universitaires, on veut réhabiliter l'élite, le savoir, la science, l'université». Et, s'agissant «des syndicats autonomes, c'est une manière aussi de réhabiliter la représentation du monde du travail qui a porté le combat pour la dignité, malgré une chape de plomb et une répression de tous les jours», estime le président du RCD. Il justifie ses choix pour ces trois corporations par le fait que «nous sommes le seul pays au monde où, à l'occasion d'une révolution, des magistrats sont sortis dans la rue. Ils ont même provoqué l'annulation des élections» et «décidé de refuser d'encadrer le scrutin». Quant aux enseignants universitaires, «ils sont, eux aussi, impliqués en organisant des débats et en prenant part aux manifestations de rue», et «c'est pareil pour les syndicats autonomes qui ont été jusqu'à refuser de rencontrer Noureddine Bedoui quand il a essayé de les impliquer dans la formation du nouveau gouvernement». Pour lui, «ces catégories sociales représentent l'essentiel des Algériens. Un enseignant universitaire par exemple peut être un jeune ou un moins jeune.

Il peut être issu d'une famille pauvre ou d'une famille riche. C'est la même chose pour le syndicaliste». «Pour nous, c'est une manière de donner un minimum de légitimité à l'instance qui va gérer la transition. Nous pensons que cette légitimité issue de la mobilisation est la seule garante de l'encadrement d'une feuille de route sérieuse pour amorcer un changement de système», explique Mohcene Belabbas.

De son côté, le président du Front Justice et Développement (FJD) Abdallah Djaballah, a préconisé, hier lundi, de trouver les mécanismes nécessaires pour l'application des articles 7 et 8 de la Constitution, estimant que l'article 102 est rejeté par le peuple. Il a expliqué dans une conférence de presse que la réalité algérienne ne permet pas d'appliquer l'article 102 qui permet à Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, ou à Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel, de diriger les affaires du pays. Ils sont tous les deux rejetés par le peuple. «Le peuple algérien est sorti vendredi en masse pour rejeter ces deux personnages, auxquels s'ajoute le Premier ministre Nourredine Bedoui», explique M. Djaballah. Ces manifestations ont été «le plus grand référendum populaire». Pour autant, il estime qu'il faut, si cela est nécessaire, contourner la Constitution pour trouver une solution à la crise que vit le pays, tout en restant dans la légalité constitutionnelle.

Ali Benflis, président de Talaie El Hourryet avait estimé samedi au forum d'El Moudjahid qu'il y a une solution, en appliquant les articles, bien sûr le 102, mais surtout les articles 7 et 8, pour proposer une personne consensuelle, qui serait acceptée par le peuple pour diriger la période de transition. Car pour M. Benflis, si la démission du Président a été réglée par l'article 102 de la Constitution, la suite de la procédure d'installation d'un président consensuel doit être l'application de l'article 7, car, explique-t-il, le président du Sénat ne peut être désigné chef de l'Etat du fait qu'il a été un des défenseurs du 5e mandat et l'un des personnages politiques que la rue veut faire «dégager».

Dans l'immédiat, pour régler le problème de la désignation d'un président intérimaire, «il faut aller à l'article 7, 8 et 28» avec l'application des demandes du peuple «qui veut le départ d'un système politique éculé et absolutiste».