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Présidentielle 2019: Le PT hésitant, le FFS boycotte, le MSP engagé

par Yazid Alilat

Jusqu'au jeudi 24 janvier, 94 lettres d'intention de candidature à l'élection présidentielle, du 18 avril prochain, ont été déposées au siège du ministère de l'Intérieur, indique un communiqué du département de M. Nouredinne Bédoui.

Dans le détail, ces candidatures émanent de 12 lettres d'intention de présidents de partis politiques et 82 lettres d'intention introduites par des citoyens, précise le ministère, qui ajoute que «les concernés ont pu bénéficier des quotas de formulaires de souscription en application des dispositions légales en vigueur et les opérations de poursuivent, au fur et à mesure, que les demandes sont formulées».

Selon le ministère, les présidents de partis politiques qui ont postulé à la candidature à l'élection de la présidence de la République sont Belaid Abdelaziz du Front El-Moustakbel, Adoul Mahfoudh du Parti de la victoire nationale (PVN), Ali Benflis du parti Talaie El Hourriyet, Ahmed Gouraya du Front des jeunes démocrates pour la citoyenneté (FJDC), Ali Zeghdoud du Rassemblement algérien (RA), Guerras Fethi du Mouvement démocratique et social (MDS), Ali Faouzi Rebaine du parti Ahd 54, Omar Bouacha du Mouvement El Infitah, Mohamed Hadef du Mouvement national de l'espérance (MNE), Abdelkader Bengrina du Mouvement El Binaâ, Salim Khalfa du Parti de la jeunesse démocratique (PJD) et Aissa Belhadi du Front de la bonne gouvernance (FBG). Parmi les personnalités il y a lieu de relever que Rachid Nekkaz, le bouillonnant candidat à la précédente élection est sur la liste des partants, ainsi qu'un ancien général major, Ali Ghédiri. Pour autant, la liste des candidats à la candidature devrait s'allonger, ce dimanche, après l'annonce hier samedi, du président du MSP Abderrezak Makri qu'il sera candidat lui aussi. Le Conseil national du MSP a désigné son président pour participer à cette élection présidentielle. L'annonce a été faite, dans la nuit de vendredi à samedi, sur la page Facebook du parti. L'entrée en course de Makri met d'office, hors circuit, les intentions de Bouguerra Soltani, qui avait déclaré auparavant qu'il était possible qu'il se représente à titre individuel. Le président du MSP va, en outre, présenter au cours de sa campagne électorale son projet de «consensus national» devant ouvrir la voie à une transition démocratique pour «faire sortir le pays de la crise politique et économique». «Vous nous dites, où êtes-vous ? Et bien nous sommes partout sur le terrain, à travers nos meetings et nos militants. Nous refusons le marchandage et nous luttons contre la corruption. Nous faisons partie de ce peuple», explique Makri sur sa page facebook. L'engouement ambiant à cette échéance électorale ne semble pas avoir de prise sur le Parti des Travailleurs de Louisa Hanoune, qui pense que son parti «ne devrait pas prendre part» à cette élection présidentielle. Elle a relevé vendredi, à l'ouverture des travaux du bureau politique (BP) du PT que : «je pense que le Parti des Travailleurs ne devrait pas aller aux prochaines élections présidentielles.» Elle a cependant nuancé en ajoutant que «c'est là mon point de vue personnel que j'exprimerai et que je défendrai au sein du bureau politique et au comité central. Je suis, extrêmement, inquiète pour le pays.» Pour autant, elle a souligné que « je respecterai la décision qui émanera de la majorité du comité central et je l'appliquerai conformément au centralisme démocratique qui régit le fonctionnement de notre parti.» Pour Louisa Hanoune, cette élection présidentielle «ne réglera pas les problèmes qui rongent notre pays. Au contraire, elle peut les aggraver, déclencher et accélérer des processus extrêmement dangereux, non seulement à cause de l'absence de transparence mais également en rapport avec la situation socio-économique du pays caractérisée par la ?hogra' en plus de la situation internationale délétère.»

Le FFS boycottera la présidentielle

Elle ajoute que la présidentielle «ne constitue pas la priorité pour moi, mais la priorité est de libérer le pays de ce système qui a rendu l'Algérie exsangue et de laisser la parole au peuple.» Même diatribe contre le pouvoir au sein du FFS, dont les dirigeants ont décidé, quant à eux, de boycotter cette élection présidentielle. «Le FFS ne présentera pas de candidat et ne soutiendra aucun candidat dont la participation ne servirait qu'à donner une façade faussement démocratique à un scrutin fermé d'avance au profit du candidat du régime», a annoncé, vendredi, le parti après la réunion de son conseil national. Le plus vieux parti algérien d'opposition, explique que «les conditions d'une élection démocratique, libre, honnête et transparente, à trois mois de la tenue du prochain scrutin présidentiel, ne sont pas réunies». Mieux, le FFS a appelé «la population ( qui sait déjà que son vote ne comptera pour rien dans les résultats du scrutin et que les résultats officiels ne refléteront en rien le niveau réel de participation) à boycotter activement, massivement et pacifiquement un scrutin qui ne viserait qu'à pérenniser un régime autoritaire et liberticide.» En outre, le FFS a appelé pour l'instauration d'une «une alternative démocratique et sociale, qui mettra fin au système actuel antidémocratique et antisocial, sans perspective de sortie de crise». Par contre, le RCD, l'autre parti d'opposition, n'a pas encore donné d'indications sur sa candidature à cette élection, alors que Ali Benflis aurait quant à lui conditionné sa participation à la non candidature du Président Bouteflika, et si celui-ci annonce sa participation, le président de Talai El Hourryet pourrait se retirer. Au sein de la société civile, beaucoup de voix, dont celle de Mouwatana, ont appelé le Président Bouteflika à ne pas se représenter et abandonner l'idée d'un 5ème mandat. Le Président Bouteflika, appelé à se représenter par les partis de la majorité (FLN, RND, MPA et TAJ), a jusqu'au 3 mars, à minuit, pour annoncer sa candidature. Sur un autre registre, l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil a, formellement, démenti postuler pour cette présidentielle. Il a démenti, dans un communiqué rendu public jeudi, «de manière formelle et définitive tout ce qui a été publié concernant ma volonté de mener la bataille des présidentielles, au nom d'une formation ou d'une alliance politique. Ces informations sont infondées et constituent une manœuvre politique.» Par contre, Chakib Khelil va soutenir «toute décision qui émanerait du Président Abdelaziz Bouteflika concernant la prochaine présidentielle» et confirme son soutien au principe de «continuité.»

Le Conseil constitutionnel a indiqué que le dernier délai de dépôt des dossiers de candidature pour l'élection du président de la République est fixé, au 3 mars 2019, à minuit. Le corps électoral a été convoqué le 18 avril par le Président Bouteflika, qui a également nommé les membres de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections, alors que le ministère de l'Intérieur a entamé la révision exceptionnelle des listes électorales.