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Dessalement d'eau de mer: Une alternative au stress hydrique

par Yazid Alilat

Le recours à la production de l'eau non conventionnelle à travers les stations de dessalement d'eau de mer a permis à l'Algérie, qui avait un moment envisagé d'importer de l'eau, de faire face au stress hydrique des années 2000, constaté dans certaines régions du pays, en particulier dans l'Ouest et le Centre.

C'est ce qu'a affirmé, hier lundi, Abdelouahab Smati, directeur central chargé des Ressources en eaux non conventionnelles au ministère des Ressources en eau. Il a expliqué à la Radio nationale que l'Etat a eu recours, dans les années 2000, aux «eaux non conventionnelles, et cela a été une alternative, qui fait partie de la stratégie nationale en termes de ressources hydriques.» Il a souligné que durant les 20 dernières années, il y a eu un déficit pluviométrique de 30% et donc «l'utilisation des ressources non conventionnelles était appropriée, et graduellement nous avions ciblé les régions de l'ouest du pays parce que ce sont elles qui ont subi ce déficit d'une manière assez importante.» Selon M. Smati, «la part des ressources non conventionnelles dans l'alimentation en eau potable est de 2,2 millions de m³/jour, soit 17% de l'alimentation en eau potable, 50% sont produites à partir des eaux souterraines et 33% des eaux de barrages». Sur le déficit en AEP de certaines villes de l'est du pays, comme à Annaba, il a expliqué qu' «à l'Est, on a suffisamment de ressources, mais il y a eu un déstockage du barrage de Meksa, après plusieurs années de déficit pluviométrique, ce qui explique le problème du manque d'eau à Annaba.» Il a assuré qu'il y a le projet d'une station de dessalement de 300.000 m³ «prévue pour diversifier la ressource et pas seulement pour la ville d'Annaba, et il y aura donc les barrages, les ressources souterraines et le dessalement pour toucher également les villes de Guelma, Skikda, El Tarf.» La station de dessalement d'El Tarf, d'une capacité de 300.000 m³/j, sera installée à côté de la station hydroélectrique de Sonelgaz. «Ce qui est prévu dans cette région est de transférer les eaux de barrages, le surplus estimé à 200 millions de m³ vers les zones de Souk Ahras et Tébessa, mais aussi pour appuyer l'usine d'engrais phosphatés et sécuriser toute la région et son développement», explique M. Smati.

Pour le choix des stations de dessalement afin de faire face au stress hydrique, il a expliqué que «l'optique des stations de dessalement devait être graduelle, à commencer par les régions centre et ouest, impactées par le déficit pluviométrique en 2003. L'étude avait défini 13 stations, dont celles de Bejaia et Annaba, et augmenter la capacité des stations de dessalement.» Cependant, les difficultés financières enregistrées, à partir de 2014 «ont retardé la réalisation des stations de Zeralda, d'une capacité de 230.000 m³/jour pour alimenter Alger, ainsi que celles d'El Tarf, de Bejaia, de 50.000 m³/j extensible à 100.000 m³/j, puis celle de Skikda de 70.000 m³/j pour alimenter l'usine d'engrais phosphatés et la région en eau potable.» Les prévisions tablent sur 14 stations de dessalement, alors qu'initialement, le plan en prévoyait 13. Le coût global est de 2,7 milliards de dollars, a indiqué M. Smati, qui a précisé qu'une station de dessalement d'eau de mer de 200.000 m³ coûte entre 250 et 300 millions de dollars. Il a annoncé, d'autre part, la possible création, par le ministère, d'un «grand groupe industriel pour sécuriser et maintenir nos futures stations de dessalement.»

Le même responsable au ministère des Ressources en eau a indiqué qu'actuellement, l'Algérie compte 84 barrages, et «on sera à 85 bientôt». «Il y a l'option du dessalement d'eau de mer et le recyclage des eaux usées, avec la sécurisation des régions côtières et le transfert d'une partie de cette eau vers les régions agricoles et les Hauts Plateaux, et laisser les ressources souterraines se reposer et revenir à leur état initial», a-t-il souligné, avant de préciser qu'il y a 148 stations d'épuration et «nous sommes à 900 millions de m³ d'eau épurée. Mais, l'objectif primaire n'était pas la récupération mais la protection du littoral, protéger les villes de 100.000 habitants et plus et préserver la ressource en eau, qui est à l'amont des barrages en construction et en exploitation.» Des cas d'exploitation de l'eau épurée pour les besoins agricoles ont été cités dont celle de Hennaya dans la wilaya de Tlemcen, de La Mactaâ de celle d'Oran pour 600 ha irrigués, de Boumerdès. «Nous envisageons, aussi, de la réutiliser pour les jardins et l'industrie afin de préserver les ressources en eau conventionnelle, notamment à Annaba», ajoute t-il, soulignant que «les stations d'épuration n'étaient pas installées pour l'AEP mais pour traiter les eaux usées et les remettre dans leurs sites naturels, mais également pour protéger le littoral, conformément à la Convention de Barcelone, le projet d'El Harrach en fait partie.»