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Benchenni Charef (Président ES Mostaganem): «Le sentiment du devoir accompli»

par Propos Recueillis Par M. Zeggai

La situation actuelle ne prête guère à l'optimisme en raison de la décision du président du club, Charef Benchenni, qui a annoncé sa démission. Une nouvelle qui est tombée tel un couperet dans le milieu espérantiste. Les joueurs et le staff technique attendent toujours leur régularisation tandis que les supporters sont dans l'expectative. D'ailleurs, ces derniers ont affiché leur soutien au président et ce, dans le but d'inciter les autorités locales à venir en aide au club. Aujourd'hui, c'est clair, seule une décision du wali de Mostaganem pourrait débloquer la situation. Pour en savoir plus, nous avons sollicité le président de l'ESM, Charef Benchenni.

Le Quotidien d'Oran: Quel est votre sentiment après cette accession ?

Charef Benchenni : C'est un sentiment du devoir accompli envers la région de Mostaganem. Je suis fier d'autant plus qu'il s'agit de ma deuxième accession. Cela n'a pas été du tout facile à atteindre dans la mesure où il y avait plusieurs prétendants. Nous étions préparés et nous avons répondu à l'attente de notre public qui ne voulait plus voir son équipe patauger dans les divisions inférieures. C'est ma grande satisfaction, même si nous avions connu quelques difficultés au début du championnat. C'est grâce à la gestion, au soutien de nos fans et la volonté des joueurs et du staff technique que nous avons fait la différence. Nous n'avons jamais douté de nos capacités, car nous étions convaincus par le travail accompli à tous les niveaux. L'ESM se trouvait dans une situation peu enviable d'où l'avons extirpée. Je sui convaincu que l'ESM mérite une place parmi l'élite.

Q.O.: On a constaté qu'il y a eu des moments de doutes?

C.B.: Nous avons eu des difficultés que nous avons surmontées. Cela n'a pas été facile du fait que la réussite de l'ESM a dérangé des gens qui n'ont pas souhaité voir le club revenir au premier plan. Certains ont même tenté de déstabiliser l'équipe, mais nous avons su protéger les joueurs pour qu'ils puissent se concentrer sur l'objectif assigné, celui de réaliser le rêve de nos supporters.

Q.O.: Cette démission qui a surpris plus d'un...

C.B.: Si je suis revenu au club, c'est par respect aux anciens qui ont écrit son histoire. C'est aussi pour prouver qu'il y a des hommes capables de replacer l'Espérance à sa véritable place. Je suis revenu suite à la sollicitation de l'ancien wali de Mostaganem. En toute sincérité, je ne peux subvenir à moi seul à toutes les dépenses du club. J'ai investi près de six milliards de centimes et épongé les dettes antérieures afin d'éviter le blocage du compte.

Q.O.: Peut-on connaître les raisons de cette décision ?

C.B.: Je ne suis pas là pour mentir aux gens ou vendre des illusions. Il faut être sincère. Je ne peux gérer tout seul un club de Ligue 2. Trouvez-vous normal que personne ne s'est manifesté durant toute la saison ? Il faut savoir que j'ai eu l'honneur d'être sollicité pour présider aux destinées du prestigieux MCO, mais j'ai décliné l'offre. L'Espérance est un patrimoine et non la propriété de Charef Benchenni. Tout le monde doit contribuer à son renouveau. Est-ce normal qu'un club de DNA accède avec une aide de l'Etat de deux milliards ? Nous avons déboursé 700 millions de centimes par mois. L'USM Annaba, du même palier, a bénéficié de près de quinze milliards. Je ne veux pas me jeter dans la gueule du loup. Qu'on me donne les moyens de notre projet et qu'on vienne me demander des comptes. Pour votre information, nos estimations s'élèvent à quinze milliards de centimes pour assurer le maintien en Ligue 2 et mettre en place un véritable projet sportif. Je n'ai pas accédé pour faire l'ascenseur et je ne veux pas ternir l'image de l'ESM. Je suis venu pour construire sur du solide et permettre à la jeunesse de Mostaganem d'être fière de son équipe. Je suis prêt à mettre entre 30 et 40% du budget global de ma poche, mais pas tout. Nous avons frappé à toutes les portes, mais sans aucun résultat.

Q.O.: Quelle est, selon vous, la solution ?

C.B.: L'ESM a besoin de sang neuf. C'est aux élus locaux de sensibiliser les investisseurs et à assurer la stabilité au sein de leur wilaya. Figurez-vous que les élus ne sont jamais venus au stade durant toute la saison, mais étaient présents lors du dernier match. Les présidents des autres communes de la wilaya ont assisté à ce match, sauf le P/APC de Mostaganem, le premier concerné et premier responsable de la commune.

Q.O.: Ne pensez-vous pas que le moment n'est pas propice dans la mesure où le club a besoin de stabilité ?

C.B.: C'est pour cette raison justement que j'ai préféré me retirer maintenant pour laisser tout le temps à mon successeur préparer l'équipe pour la saison prochaine. Il nous reste quelques dettes à régler envers les joueurs et le staff technique. Tout le monde sera régularisé dans un proche avenir.

Q.O.: Quelque chose à ajouter ?

C.B.: Je dois remercier toux ceux qui ont contribué à cette consécration. En attendant, on établit les bilans moral et financier pour organiser une AG et respecter la réglementation par la tenue d'une autre AG extraordinaire pour débattre la situation du club. Je souhaite qu'il y ait une prise de conscience envers l'ESM, car l'histoire jugera tout le monde.