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Perturbations dans le ciel d'Air Algérie

par Moncef Wafi

La grève «sans préavis» du personnel navigant commercial (PNC) d'Air Algérie déclenchée à partir d'hier, et quelles que soient ses raisons, a pris en otage les clients du pavillon national. Les passagers ont été pris au dépourvu, au même titre que la compagnie aérienne, et les voyageurs, surtout venant de l'intérieur du pays, ont été fortement pénalisés. L'absence de communication et le manque d'informations ont grandement influé sur une journée galère pour les voyageurs d'un côté, livrés à eux-mêmes, et porté un autre coup à l'image de marque d'Air Algérie.

En butte à des difficultés financières, attaquée sur le plan socioprofessionnel et critiquée pour une gestion irrationnelle, la compagnie nationale n'en finit plus de broyer du noir. Incapable de trancher dans le vif, le mammouth aérien se noie dans sa propre logique d'entreprise privilégiant le social au détriment du commercial. Non content de pratiquer des tarifs prohibitifs sur certaines lignes à l'international, Air Algérie compte puiser dans la poche de ses clients pour essayer d'équilibrer ses finances. Le débrayage des stewards et des hôtesses de l'air, qualifié d'illégal par la direction, illustre parfaitement la situation d'une compagnie écartelée entre la nécessité d'équilibrer la balance et les menaces de grève de ses salariés.

Air Algérie, sans être au bord de l'implosion, et de l'aveu même de son premier responsable, évoquant la situation financière du pavillon national, traverse l'une des passes les plus difficiles de son histoire en raison d'une gestion catastrophique. Situation des plus «délicates», «des résultats opérationnels négatifs», «des coûts en constante augmentation», «une concurrence directe et indirecte», «un sureffectif dans les fonctions non productives» et «des sujétions de service public onéreuses et un lourd endettement» ont conduit, selon Alleche, «à l'affaiblissement de la compétitivité et de la profitabilité globale de la compagnie». En soulignant que «sans investissements, la compagnie ne pourra soutenir longtemps la concurrence des méga-compagnies qui opèrent sur le marché national». Le PDG avait clairement écarté l'idée d'une augmentation dans les salaires allant ouvertement à une confrontation directe avec les différentes catégories des travailleurs et la grève d'hier n'est qu'un prélude à une recrudescence de la tension interne que vit Air Algérie particulièrement avec les menaces de débrayage du Syndicat national des techniciens de la maintenance avion.