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Avion-cargo, filialisation, contrats de travail et revalorisation salariale: Le syndicat de la maintenance répond au P-dg d'Air Algérie

par Moncef Wafi

La dernière sortie médiatique du P-dg d'Air Algérie n'a pas laissé indifférent le Syndicat national des techniciens de la maintenance avion (Sntma) qui a réagi aux propos de Bakhouche Allèche à travers le communiqué n°20/2017 en date du 21 novembre qui a consacré une réunion du Conseil national du syndicat.

A l'ordre du jour : les déclarations du P-dg dans le journal «El-Chourouk» daté du 16/11/2017 et son communiqué du 19 novembre ainsi que les revendications salariales et le dossier des nouveaux mécaniciens et ingénieurs recrutés, d'après le Sntma, selon une procédure irrégulière vis-à-vis de la loi (CDD au lieu de CDI). La lettre de Allèche «aux travailleuses et travailleurs d'Air Algérie» a été diversement et froidement accueillie puisqu'elle assène des vérités, mêmes connues, qui ne laissent aucun doute sur la santé de la compagnie aérienne nationale. Mais la première indication à tirer de cet appel de la direction a trait à la masse salariale, une charge majeure pour le pavillon national marchand qui, selon son premier responsable, doit être maintenu à son niveau actuel «pour tenter de freiner nos dépenses et la baisse de nos résultats d'exploitation». Explication de texte : la revalorisation des salaires, comme exigée par certains syndicats du secteur, n'est pas pour demain, et il est fortement probable d'assister à de nouveaux débrayages comme celui enregistré en mai dernier et conduit par la Sntma.

Par ailleurs, le communiqué du syndicat de maintenance est revenu sur la décision du P-dg du retrait des trois B767-300 du service dans l'attente de trouver acquéreur pour une ultime utilisation en tant que «pièces détachées». Les syndicalistes tiennent à rappeler, à ce propos, le sort des flottes B727, B737 et A310 et reviennent sur l'historique de ces trois B767 qui ont été mis «depuis peu» en chantier et pour lesquels ont été dépensés «des sommes colossales tant en dinar qu'en dollar pour leur rénovation afin de les rendre opérationnels et renforcer la flotte actuelle». Le communiqué explique que pour cette opération, «des retraités spécialistes sur ce type d'appareil ont été recrutés» ainsi que la «mobilisation du personnel et du matériel» et l'utilisation «de la pièce détachée neuve», achetée à l'étranger alors que ces avions «sont toujours en exploitation sur des vols nationaux et internationaux». Le Sntma reproche à Allèche, alors qu'il tente de les vendre, de dévaloriser ces appareils en les qualifiant de «délabrés» ce qui va à l'encontre de la logique commerciale. Concernant le volet des avions-cargos, le syndicat reprend les déclarations du P-dg qui estime que les avions-cargos d'Air Algérie, «qui sont destinés à ne transporter que de la pomme de terre et des légumes», ne sont pas rentables et sont souvent cloués au sol faute de marché. Le Sntma s'interroge alors sur l'opportunité d'avoir récemment acheté deux avions de type Boeing B737-700C (C pour ?Convertible' Cargo-Passagers), immatriculés 7T-VKS et 7T-VKT, à prix fort et qu'ils ont peu volé depuis leur arrivée. Il s'interroge également, vu les explications de la direction, sur les modifications devant être apportées sur un B737-800 immatriculé 7T-VJJ, en version cargo pour la somme de 5 millions de dollars, «opération qui se déroulera sur 04 mois, en Chine, à partir de janvier 2018». A propos de l'achat de nouveaux avions, le syndicat se demande les raisons d'une telle démarche «alors que la flotte actuelle reste sous-exploitée» et que la situation financière de la compagnie «est alarmante et que tous les indicateurs sont au rouge», selon Allèche. Le communiqué poursuit sur l'incapacité d'Air Algérie «d'honorer ses créances, plus particulièrement dans la maintenance, d'où l'impossibilité de payer les fournisseurs de pièces de rechange pour avions» et de s'interroger alors sur les véritables visées de la nouvelle direction générale. Concernant le sujet de la filialisation, le syndicat, tout en indiquant être favorable aux projets de développement «qui peuvent être bénéfiques à la compagnie et aux travailleurs», déplore le fait que les partenaires sociaux soient informés d'un projet d'une telle envergure par médias interposés. Critique à ce propos, il rappelle que «les tendances mondiales actuelles, après les dernières crises financières, s'orientent vers les regroupements, étant donné que les modèles de filiales n'ont pas débouché sur les résultats escomptés».

Quant à la revendication salariale, le communiqué avertit la direction que la date butoir du 31 décembre pour l'application de l'accord passé avec le syndicat de maintenance est proche alors que la proposition écrite promise par la direction générale, suite à la réunion du 26 octobre 2017, ne leur est toujours pas parvenue. Revenant sur la mise en fin de contrat des mécaniciens et ingénieurs nouvellement recrutés, le syndicat s'insurge et rappelle le caractère «non réglementaire» de ce recrutement et impute la non reconduction des contrats à des «représailles» de l'employeur «par rapport au dernier mouvement de protestation entrepris par le personnel de la maintenance dans le cadre de sa revendication salariale». Le syndicat réclame, à cet effet, la régularisation «de nos collègues par le changement de la nature de leurs contrats de CDD à CDI».