Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les vacances de la colère: Les élèves investissent la rue dans plusieurs wilayas

par A. Zerzouri, A.Ouelaa, B. Said

Le premier trimestre de l'année scolaire se termine sur des airs de colère des élèves.

Et, pour cause, la réduction du temps consacré aux vacances scolaires d'hiver, qui passe de 15 à 10 jours, soit du 22 décembre au 2 janvier, n'a pas été du goût des jeunes apprenants. A 3 jours, donc, du départ en vacances, les élèves sont sortis dans la rue à Bejaïa, Constantine, Annaba et au sud du pays, à Adrar, où la revendication ne porte pas uniquement sur la question de la réduction des vacances, ces derniers ayant d'autres préoccupations spécifiques à leur région.

Avec des élèves qui investissent la rue, il faut toujours craindre le pire, surtout lorsqu'on sait, pertinemment, que des manifestations du genre ne peuvent pas échapper aux manipulateurs de tous bords. Ainsi, la marche initiée, hier matin, par des lycéens et collégiens à Bejaia, pour protester contre la réduction des vacances d'hiver a tourné à l'émeute, en milieu de journée. Le dispositif de sécurité déployé, en la circonstance, a dû intervenir lorsque les manifestants se sont mis au saccage de la direction de l'Education. Les choses ont failli dégénérer, donnant lieu à des affrontements entre policiers et élèves, qui tenaient tête aux forces de l'ordre public. La façade principale du nouveau siège de l'Académie n'échappera pas aux jets de pierres des manifestants, qui feront voler en éclats la devanture en verres. Il a fallu, heureusement l'intervention de la Fédération des parents d'élèves pour calmer, un tant soit peu, des esprits échauffés. Selon l'aveu de membres de la Fédération des parents d'élèves, les protestataires sont victimes d'une manipulation, notant, dans ce contexte, qu'il n'y a que les élèves du chef-lieu de wilaya qui sont sortis dans la rue. L'ampleur de la manifestation poussera les responsables de la direction de l'Education à provoquer une réunion d'urgence avec les chefs d'établissements et les membres de la Fédération des parents d'élèves pour tenter de contenir la colère des élèves protestataires. A Constantine, les élèves ont, également, investi la rue, hier, en milieu de journée, pour le même raison, en signe de protestation contre la réduction des vacances scolaires d'hiver, passées de 15 jours à une semaine. Par dizaines, les protestataires se sont rassemblés au centre-ville, à l'endroit connu sous l'appellation ?La Pyramide', avant d'entamer une marche, le long du boulevard Abane Ramdane et remonter jusqu'à la Grande Poste. Surpris par cette manifestation de colère des élèves de quelques établissements situés au centre-ville, les automobilistes ont été coincés sur les routes et le service d'ordre a eu du mal à maîtriser le flot des jeunes contestataires, garçons et filles, mais on réussira, quand même, à libérer une partie de la voie routière devant les automobilistes. Les élèves protestataires avancent « le non respect par la tutelle du rythme pour gérer la fatigue liée à l'apprentissage ». « Impossible de récupérer avec une petite semaine de vacances », lancent des protestataires. A 14h30, les manifestants se sont rassemblés devant la direction de l'Education, défiant les policiers déployés autour du siège. Même scénario vécu à Annaba, où les élèves, de tous les lycées de la ville, ainsi que des collégiens, sont sortis, ce matin, de lundi, pour protester contre la réduction des vacances d'hiver. Les protestataires croient, dur comme fer, que cette mesure viserait d'une certaine manière les enseignants que leur tutelle voulait punir. A Adrar, les élèves des lycées et quelques CEM étaient, hier, dans la rue pour le deuxième jour consécutif, pas de cours et un climat de tension dans les établissements scolaires, les vacances scolaires et la date du Bac sont les principales causes. Les élèves maintiennent leur position d'avoir des vacances adaptées à la spécificité de la région et l'avancement du Bac à la fin mai. La propagation de l'information a mobilisé même quelques élèves des CEM qui refusent de rejoindre les établissements scolaires, une situation inquiétante, la semaine réduite des vacances scolaires s'est transformée en une semaine de grève indique un enseignant ; le résultat : une perte d'une semaine de vacances et une semaine de scolarisation, dans un système éducatif qui fonctionne déjà mal. Pour les parents d'élèves qui soutiennent ce mouvement de protestation, les taux très faibles et catastrophiques enregistrés chaque année dans tous les examens nationaux, 5ème , BEM et Bac sont les conséquences des décisions centrales prises par le ministère, sans aucune considération des spécificités des régions du Sud. Et, les réseaux sociaux aidant, il est à craindre que la protesta fasse tâche d'huile. En tout cas, les directions de l'Education sont en alerte, à travers tout le pays. Sans aucune réaction apparente des parents d'élèves et des enseignants qui, eux aussi, même si cela l'a été timidement, ont protesté contre cette réduction des vacances d'hiver. La ministre de l'Education nationale, quant à elle, n'a pas encore réagi face à ce mouvement de protestation qui s'amplifie, de plus en plus. Peut-elle sous la pression, revenir à l'ancien calendrier qui accorde aux élèves 15 jours de vacances, comme elle est revenue sur sa décision de réduction des épreuves du baccalauréat à 3 jours, à la suite d'un mouvement de protestation similaire? Ce qui est sûr pour la ministre, c'est que la résistance est très forte. Trois jours, encore, avant les vacances d'hiver, une éternité pour les responsables du secteur de l'Education qui vivent sur des charbons ardents.