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Le cirque Ammar pour relancer la coalition de l'allégeance!

par Khalil Hebib

Rajevac contraint par ses joueurs à la démission : Toufik, Nekkaz et Belkhadem auraient menés la révolte dans les vestiaires. Raouraoua cherche un entraîneur capable de nous qualifier pour un cinquième mandat consécutif et fait appel à Hannachi pour exorciser les bois des Nigérians!

Une sortie de Si Ammar aura suffi pour lancer, tambour battant, la campagne des législatives de 2017. Les ingrédients qu'il utilise pour distiller son message aigre intriguent. Sa posture, ses mimiques, la dose de calomnies qu'il y met et le culot de flagorner au détour d'une phrase désobligeante, plantent le décor d'une pièce de théâtre satirique. La rhétorique basse altitude de ce personnage furtif, aussi insaisissable qu'énigmatique, fait de nous des spectateurs sans voix.

Invisible depuis plus de quatre mois, il nous revient plus décidé que jamais, la bouche carabine et le mot tranchant et assassin. Ses victimes du jour sont ses copains d'avant. Et si son « souffre-douleur ambulance », le déchu général Toufik, en a repris (encore) pour son grade, l'ancien homme de main du Raïs, Belkhadem, faisait son entrée dans les refrains du Drabki. Le mizane réglé sur la cadence de l'invective, percutant, envoûtant et tout en rafale.

Dans son cirque, Ammar en a fait rire plus d'un. C'est qu'il sait y faire avec les pantins et autres membres du gouvernement présent dans le chapiteau. Ses représentations sont basses et ne dépassant jamais la hauteur de ses talons, mais ceux qui l'ont chargé de faire diversion, se réjouissent de sa réussite : Nous faire oublier le temps d'un spectacle, que les faiseurs de notre actualité ne sont jamais les véritables artisans de nos malheurs! Qu'ils ne sont que le revêtement crépi d'un monde parallèle, sombre et caverneux, habité par des êtres sans nom, sorti droit d'un livre de Tolkien. Illusion?.

De la fable démocratique à l'implosion astrale

Parmi les 14 redresseurs du parti candidat au musée, Mère-Grand Belayatt daignait enfin nous faire grâce d'une petite clé de l'énigme : « Derrière Saadani se cachent de longs bras ». Fin de la confidence! Soit! Serait-ce les bras longs de la nouvelle république civile auxquels il faisait allusion? Seraient-ils plus effrayants que les gros bras du feu DRS, plus broyant et tyranniques? Mère-grand a été avare en indice, et ses déboires avec les « barbouzes » de la république civile sont manifestement encore trop vifs.

On nous l'avait pourtant promis, certifié, qu'après la chute du général Médien, les placards seraient vidés, que les squelettes rejoindraient les tombes, et les fantômes le monde du gentil Casper. Illusion?

Ce pouvoir de l'ombre, qui vient de nommer un islamiste servile à la tête de l'instance de surveillance des élections législatives, peut compter sur les partis islamistes et les rares partis démocratiques pour légitimer sa fable. Le RCD qui a d'ores et déjà affirmé sa participation, va (par peur de disparaître?) se remettre à jouer à la table de ce même système, qui avait effectué une purge dans ses rangs, en 2002, et dont il ne s'est pas encore remis. Un choix mûrement réfléchi, nous dit-on, et décidé par le bureau exécutif du parti cher au docteur Saadi.

Peut-on déduire que nos partis (qui dépendent à 80% des subventions de l'État), ne peuvent être que lorsqu'ils font le jeu du pouvoir, qu'ils ne sont là que pour le légitimer? Il faudrait croire que oui. Ce pouvoir met les partis politiques devant un choix qui n'en est pas un: S'opposer et mourir ou faire son jeu et se désintégrer. Remarques; qu'auront apportées les nombreuses campagnes de boycott menées par les partis de l'opposition depuis 20 ans? On se demande si dans sa marche en avant, le pouvoir en place, n'avait pas profité du vide créé pour dessiner à sa manière, la carte politique du pays.

Débauchages, coups d'État interne, dédoublement dans la chefferie, corruptions de militants, coupes budgétaires, refus d'accréditations, intimidations et déstabilisations en tous genres sont les méthodes qui ont permis de mettre à genoux, la plupart des partis de la première heure démocratique. En verrouillant le jeu politique, le pouvoir en place a ouvert une seule possibilité pour exister; La fameuse coalition présidentielle, plus connu sous le nom d'Ahzab al Moualat. (Partis de l'allégeance).

Encourageant un militantisme d'opportunisme, cette coalition sans programme, forme un véritable ballon de baudruche; plus on insuffle de l'air et plus il grossit. L'inflation créée autour de cette alliance qui conçoit, détruit ou agrège les formations politiques, finira par s'effondrer sur elle-même comme le font les astres en fin de vie sous l'énorme pression du vide. Son gigantisme (l'alliance) n'est qu'illusion et ne peut cacher éternellement les signes évidents d'une supernova politique à venir. Ammar et compagnie, en bon satellite, finiront leurs courses dans l'oubli intersidéral.