Tout
en apportant son soutien au régime d'Al Assad, ennemi juré d'Obama et de Salmane, l'Algérie qualifie ses relations avec Washington
et Ryad d'«exceptionnelles». Présent à Damas pour réitérer le «soutien de
l'Algérie au peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme», le ministre des
Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes,
Abdelkader Messahel, a précisé, lundi, que ces deux
pays sont des «partenaires de l'Algérie», au cours d'une conférence de presse
animée avec le ministre syrien de l'Economie et du Commerce extérieur, Hammam
El-Jazairi, après avoir été reçu par le président
syrien. A cette occasion, il a réaffirmé la position inébranlable d'Alger
contre l'ingérence dans les affaires internes des autres pays et contre
l'ingérence de tiers dans ses affaires intérieures. Un message fort à l'adresse
tout, particulièrement, de l'Arabie saoudite qui continue de reprocher à
l'Algérie des positions qui vont à l'encontre de ses intérêts, malgré des
déclarations de bonnes intentions des deux côtés. Rappelons qu'à la première
semaine de ce mois, le ministre d'Etat, conseiller spécial auprès du président
de la République, Tayeb Belaiz,
était en visite à Ryad, en mission d'éclaircissement et de réconciliation.
Citant Bouteflika, il a précisé que les positions de l'Algérie par rapport à
certaines questions arabes, relèvent de son principe sacro-saint de
«non-ingérence dans les affaires internes d'autres pays», loin, comme cela
aurait pu être suggéré, d'une quelconque «opposition à des partenaires arabes».
Belaïz
avait, également, indiqué avoir transmis au souverain saoudien une invitation
de la part du président algérien, à visiter l'Algérie «dans les meilleurs
délais». Ce à quoi le roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud a répondu, favorablement. Mais c'était avant le
soutien franc et total des pays du Conseil économique du Golfe (CEG) à la
marocanité du Sahara Occidental. De Damas, Messahel
a, également, répondu, peut-on dire, au soutien inconditionnel des monarchies
du Golfe au Maroc, au sujet du dossier sahraoui, défendu par les Algériens sur
la base des résolutions onusiennes. Alger persiste et signe, affichant,
clairement, ses positions à l'étranger, s'émancipant de la feuille de route
tracée par des Saoudiens très agressifs dans leurs attaques contre Alger. Messahel a, également, réaffirmé son soutien à une solution
politique de la crise syrienne. Un rappel, en opposition à la volonté
saoudienne de mener une guerre conjointe avec les Turcs, pour chasser Al Assad
du pouvoir. L'Algérie, en affichant ouvertement son soutien à Al Assad, ne
veut, certainement, pas refaire l'erreur libyenne où sa position n'était pas
sans équivoque. L'escale libanaise pour «renforcer les relations bilatérales
privilégiées» peut également être perçue comme une réponse algérienne à la
décision du CEG, sous l'impulsion saoudienne, d'estampiller le Hezbollah,
groupe terroriste. Une décision imposée à la Ligue arabe après la décision de
l'Arabie Saoudite d'interrompre son aide de trois milliards de dollars, à
l'armée libanaise et suspendu le reste d'un financement d'un milliard destiné
aux forces de sécurité libanaises, pour protester contre les prises de position
du Liban, qualifiées d'hostiles à son égard, sous l'impulsion du Hezbollah. La
Syrie, le Liban mais aussi la Russie, comme pour mieux marquer ses distances
vis-à-vis de la politique extérieure saoudienne. En effet, le Premier ministre,
Sellal, est attendu à partir d'aujourd'hui à Moscou,
à l'invitation de son homologue russe, Dimitri Medvedev. Au programme,
«l'examen de l'état des relations bilatérales ainsi que les perspectives de
leur consolidation», mais pas que puisque la politique n'est jamais très loin
lorsque Algériens et Russes se rencontrent. Le dossier syrien sera certainement
au menu, au même titre que le Sahara Occidental pour rapprocher les points de
vue des deux pays. La coopération militaire et économique sera, aussi, au
centre des discussions, histoire de prendre un peu plus de distance avec le
partenariat, en quasi monopole avec la France.