«Nous attendrons une semaine au moins pour savoir ce que nous devons faire, mais d'ici-là, si on n'aura pas reçu de réponse du ministre de l'Intérieur, nous irons probablement en référé.»

Ce sont les propos du secrétaire général du Syndicat national des chercheurs permanents (SNCP), membre du groupe de militants qui demandent le report du congrès extraordinaire du RND qu'Ahmed Ouyahia compte tenir les 5, 6 et 7 mai prochain. Tout autant que le directeur du centre de recherche, le Professeur Mustapha Yahi qui est membre fondateur du RND, Nouria Hafsi et bien d'autres responsables et militants du parti, Smati Kamel Zoghbi reproche à Ouyahia «sa manière de diriger le parti.» Contacté hier, le SG du SNCP affirme que «le RND est pour Ouyahia une excroissance pour mener à bien ses ambitions.»

Smati Zoghbi rappelle que la requête que le groupe dont il fait partie a déposée mardi auprès du ministère de l'Intérieur, est pour dénoncer les irrégularités qui émaillent la préparation du congrès extraordinaire. Au-delà de pratiques jugées antidémocratiques dénoncées par plusieurs militants dans le choix des congressistes pour mai prochain, le SG du SNCP affirme qu'«Ouyahia a d'ailleurs piétiné l'article 46 des statuts du parti qui l'oblige après la tenue du congrès extraordinaire, ceci s'il est élu, à garder la composante du Bureau national et celle du Conseil national.» Il explique que conformément à cet article «si le congrès extraordinaire élit un secrétaire général, celui-ci devra continuer le mandat qu'a laissé Bensalah en suspens avant de se faire élire pour un mandat de 5 ans par le congrès ordinaire de 2018.»

«Ouyahia est entré au RND par effraction»

Pour conforter ses propos, il fait savoir que le secrétaire général par intérim du RND a «d'ores et déjà établi une liste de 62 militants qu'il veut exclure du Conseil national.» Militants dont il est sûr, nous dit Smati Zoghbi «qu'ils n'ont pas participé dans le putsch contre Abdelkader Bensalah.»

Mais Bensalah a démissionné, pourquoi parlez-vous de putsch ? Lui avions-nous demandé. «Une pétition a été signée contre lui pour le faire partir, si ce n'est pas un putsch, c'est une invitation pour démissionner ?», interroge-t-il sur un ton averti.

«Personne ne peut arrêter la liste des membres élus au Conseil national avant la tenue du congrès, mais Ouyahia est obnubilé par les législatives et les présidentielles, pour lui il faut que ça arrive vite,» pense notre interlocuteur. Il est persuadé qu' «Ouyahia a ramené Chkara, des voleurs, on en trouve beaucoup au sein du BN et du CN(?), il a dit lui-même que le parti a besoin de la chkara (?), on dit qu'il a lutté contre le terrorisme, dans les salons de la présidence peut-être?» Il estime que le SG par intérim du RND est venu au parti «par effraction.» Il rappelle ainsi qu' «à la création du RND, Ouyahia était chef du gouvernement, il était venu avec ses ministres pour participer aux élections, il n'a jamais eu de base militante, il ne sait pas ce que c'est, il ne la connaît pas, il gère le parti par procuration, il nomme les militants par décision et place ses hommes dans toutes les listes, il a le parti dans son cartable.» Mais à l'époque, lui avions dit, Ouyahia comme tous les autres, recevaient leurs instructions des généraux et de Mohamed Betchine alors bras droit du président Zeroual et maître d'œuvre de la création du RND.

Une 3ème candidature se précise

 «Alors Ouyahia n'a qu'à dire qu'il recevait des ordres d'un responsable comme le font plusieurs autres ces derniers temps, il n'a qu'à le reconnaître et avouer qu'il n'a rien d'un militant du RND,» réagit Smati Zoghbi. «Nous nous sommes tus pendant 20 ans, il n'est jamais trop tard pour bien faire, aujourd'hui, il faut que ça cesse, nous ne sommes ni instrumentalisés, ni manipulés, c'est un mouvement d'authentiques militants mis à l'écart par Ouyahia depuis 2002, et je vous jure que cet état d'esprit est chez la plupart des militants du RND,» affirme-t-il. Il souligne en outre, que «notre action pour essayer d'invalider les préparatifs du congrès extraordinaire n'est que la première parmi tant d'autres que nous comptons entreprendre.» Pour lui «le congrès extraordinaire n'est qu'un détail, notre action va au-delà, nous allons agir jusqu'à ce qu'on réussisse à faire partir Ouyahia.» Il est impératif, selon lui d'arracher le RND des griffes d'Ouyahia. «Il a tout fermé, tout cadenassé, ce n'est pas normal !» s'exclame-t-il.

A propos de la candidature de Belkacem Mellah, Smati Zoghbi estime qu' «elle a été décidée pour crédibiliser la candidature d'Ouyahia. Il reproche à Mellah de rester «en dehors du combat pour la sauvegarde du RND,» comme le soutiennent aussi des membres du groupe. «Ce n'est pas normal qu'il n'est ni pour ni contre, il est vrai que l'impartialité est une position politique mais je ne sais pas à quel jeu joue Mellah,» nous dit-il. Au passage, on apprend que la 3ème candidature qui pourrait être prévue serait celle de Djaâfar Arezki, membre du Conseil national au nom de la wilaya de Blida.

«On attend que le ministre de l'Intérieur réponde à notre requête, nous devons attendre au moins une semaine, au-delà, nous pourrons décider d'aller en référé devant la justice,» nous indique Smati Zoghbi.