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Concours, manuels, réformes, retraite: L'agenda de la ministre de l'Education

par M. Boukhalfa

Finalement, le concours du ministère de l'Education nationale pour le recrutement de plus de 28.000 candidats se déroulera bien le 30 avril pour les trois paliers de l'enseignement généralisé (primaire, moyen et secondaire). C'est la ministre de l'Education nationale Nouria Benghebrit qui l'a annoncé officiellement hier mercredi dans un entretien à l'agence Aps. «L'examen écrit pour le recrutement de 28.000 candidats aura lieu le 30 avril, les résultats seront donnés le 12 mai, ce qui permettra aux candidats retenus de passer le test oral les 8 et 9 juin, alors que les résultats définitifs seront rendus publics le 30 juin», a-t-elle expliqué. Pour la prochaine rentrée, il est prévu d'ouvrir 28 084 postes d'enseignement dont 17.599 postes pour le primaire, 7.497 postes pour le moyen et 2.988 postes pour le secondaire.

Le report de ce concours, prévu au mois de mars, est dû selon la ministre à des ?'considérations objectives», dont l'organisation du concours et ?'la sensibilisation des inspecteurs et des responsables des ressources humaines au niveau local». En plus, elle a ajouté que la date du 30 avril a été choisie pour ?'ne pas perturber la scolarité des élèves», et que la seconde épreuve de ce concours, le test oral, est prévue après les examens de fin de cycle (5eme année, BEM et BAC). Ce concours de recrutement, qui va ouvrir 28.000 postes de travail est ?'une opération «lourde», selon Benghebrit qui a indiqué qu'il ?'nécessite une maîtrise du calendrier afin de permettre aussi à la Fonction publique de nous accompagner «. Pour cette année, elle a confirmé ses précédentes déclarations quant à une augmentation des filières éligibles à ce concours de recrutement d'enseignants. Il y aura cette année 28 nouvelles filières dont les sciences politiques, les sciences de la communication, le droit, l'économie et certaines spécialités scientifiques, qui n'ouvraient pas droit auparavant à un recrutement au sein du système éducatif national. Elle a expliqué que ?'nous allons compenser le manque pédagogique par un encadrement de qualité, l'accompagnement et la prise en charge (des nouvelles recrues, NDLR) à travers les inspections», insistant sur le recrutement des diplômés des Ecoles normales supérieures des enseignants (ENS), car pour la ministre, ?'le recrutement de qualité demeure celui des diplômes des ENS.» Les inscriptions pour ce concours seront ouvertes le 28 mars et s'étaleront jusqu'au 17 avril prochain, et les rendez-vous seront fixés aux candidats pour le dépôt des dossiers toujours via le site Internet de l'ONEC.

Nouveaux manuels à la rentrée

D'autre part, ?'les nouveaux manuels scolaires seront disponibles dès la prochaine rentrée scolaire», a-t-elle annoncé, évoquant la commission d'homologation chargée de «contrôler et suivre» l'évolution de l'élaboration de ces supports afin d'éviter les erreurs». «Nous avons des experts qui veillent au suivi de l'élaboration des quatre manuels scolaires destinés pour la 1ère et la 2ème année primaire. Et nous faisons appel aux experts pour chaque discipline, comme l'histoire et les affaires religieuses», a expliqué Mme Benghabrit. «La commission au niveau du ministère de l'Education travaille sur la révision des programmes depuis 2009, et ceci entre dans le cadre de la révision ordinaire des programmes», a-t-elle affirmé, avant de souligner que cette commission s'est penchée sur les programmes scolaires depuis 2003, soit 13 ans de durée, alors que «la norme internationale oscille entre 3 et 5 ans». Selon Benghebrit, les nouveaux programmes scolaires de «deuxième génération», accordent plus de liberté à l'enseignant et plus de responsabilité dans l'évaluation des élèves, en prenant en considération ses différentes compétences dans l'apprentissage». Sur le taux important, voire préoccupant de la déperdition scolaire, elle a annoncé que des experts de son département sont en train d'examiner ce phénomène. Et, pour elle, ?'seul le système de remédiation» est à même de réduire le taux de déperdition scolaire, qui pourra donner une seconde chance aux enfants scolarisés. Pour autant, elle se défend de «réformer les réformes», expliquant que son département travaille à l'amélioration de ?'ce qui a été appliqué depuis 2003. Il y a lieu d'observer et de rectifier», a-t-elle dit, rappelant que le système éducatif algérien n'a connu que deux réformes, celles de 1976 et de 2003.

Les enseignants «se barrent»

Par ailleurs, pour 2016, «96% des départs à la retraite des enseignants sont des retraites anticipées», et tous corps confondus au sein du même ministère, le taux des départs anticipés est de 93%. Pour 2016, il y aura dans le secteur de l'éducation nationale, selon la ministre, 12.000 départs en retraite anticipée pour 2 000 départs en retraite ordinaire. Les raisons de ce «phénomène» sont à chercher dans l'»amélioration des conditions financières» des enseignants, suite à l'augmentation des salaires intervenue depuis 2010, selon la ministre.

La réglementation en vigueur autorise les enseignants à faire valoir leurs droits à la retraite anticipée après 20 ans de cotisations et 50 ans d'âge, et 15 de cotisations et 45 ans d'âge pour les enseignantes, a-t-elle expliqué. Quant au problème des enseignants contractuels, qui menacent de recourir à une démission collective et boycotter le concours du 30 avril, elle a été inflexible. Appelant ?'à la responsabilité de chacun», la ministre a déclaré : ?'Je leur conseille cependant, d'y renoncer (...) sachant que la loi ne leur permet pas une intégration directe car la Fonction publique a l'obligation d'équité». Et puis ?'la Fonction publique a ses règles», selon Benghebrit, qui a précisé qu'en 2014, 15 nouvelles spécialités, et en 2015 pas moins de18 autres ont été introduites dans le concours permettant à ces contractuels de passer les épreuves. ?'Ceux qui ont vocation pour l'enseignement sont déjà à l'intérieur», a-t-elle dit.