Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Verrouillage de l'instance dirigeante du FLN

par Kharroubi Habib

Les caciques et autres dinosaures du FLN qui ont fait alliance pour tenter d'empêcher Amar Saadani et ses partisans de tenir le congrès du parti ont perdu sur toute la ligne. Leurs démarches et recours tant au plan administratif que judiciaire n'ayant pas comme cela était prévisible abouti, il ne leur restait que l'espoir d'un désaveu de dernière minute que subirait le secrétaire général contesté venant de la majorité du comité central ou du président d'honneur du parti qu'ils ont interpellé en dernier ressort. Surréaliste, leur espoir ne s'est pas réalisé.

Ce qui est ahurissant venant de la part d'acteurs politiques probablement renseignés des mœurs politiques du système dont le FLN est partie prenante c'est qu'ils n'ont pas compris que la guerre qu'ils ont déclenchée contre Amar Saadani était vouée à l'échec. Si les redressements et autres coups d'Etat qui avant celui qu'ils voulu opérer contre Saadani ont atteint leur objectif, c'est parce que leurs promoteurs dont les anti-Saadani présents furent du nombre ont agi éperonnés et soutenus par le clan du pouvoir prépondérant du moment.

L'erreur des anti-Saadani a été de croire que celui-ci roulait pour un clan qui ne serait pas aussi prépondérant qu'il est présenté et que celui qui leur a inspiré leur action serait capable de neutraliser les soutiens qui ont favorisé sa prise de contrôle du parti. Elle leur coûte d'assister impuissants au « triomphe » de leur bête noire et probablement d'être désormais hors course au sein du parti dont ils ont été les ténors et « fraiseurs de rois » visibles. Il nous paraît certain que la séquence Saadani au FLN a visé à créer les conditions permettant la purge de ce parti des éléments qui pour des raisons historiques et de vassalité inébranlable à d'autres puissances du pouvoir que les siennes ont braqué sur eux la méfiance du clan prépondérant, dont l'intérêt en cette fin de règne dans laquelle prédomine la question de la succession est de disposer du parti majoritaire sans que ne s'élève en son sein de discordance ou de contestation sur le scénario envisagé pour cette succession.

Le clan présidentiel qui est à l'évidence prédominant se prémunit contre toute surprise qui pourrait venir du FLN comme ce fut le cas en 2004 et en 2014 quand sa candidature a déchiré les rangs du parti. Ce qu'il a opéré dans le FLN à travers Saadani et son équipe n'est que ce parti soit en cette période cruciale de fin de règne et de succession inéluctable entre ses mains comme « le mort entre celles de ses laveurs ».

La première décision adoptée à l'unanimité par le 10ème congrès a été de conférer à Bouteflika la présidence pleine et entière du parti. Elle n'a pas été une idée ayant spontanément germé dans les esprits courtisans de congressistes mais a émané de la volonté du clan présidentiel de verrouiller le centre des prises de décisions primordiales au sein du parti majoritaire appelé à jouer un rôle crucial dans le scénario de la succession. Le choix de Saadani s'est fait dans cette optique et pour ce but et il ne lui est accordé que l'apparence d'être le patron du FLN. Il est la marionnette idéale dont les faits et gestes doivent tout aux tireurs de ficelles qui l'animent.

Quand aux caciques et dinosaures qui ont tardivement pris « conscience » que le FLN n'est plus qu'un instrument à usage de légitimation de desseins humiliants pour la nation et le peuple, ils vont probablement faire encore quelques vagues en protestant et dénonçant le « hold-up » entériné ce week-end sous la coupole du 5 Juillet. L'opinion publique n'en persistera pas moins à les voir comme ayant été partie prenante dans des manœuvres claniques dont la finalité est de dessaisir encore une fois le peuple du choix de ses dirigeants.