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Déclarations de Saïd Sadi sur Messali, Benbella et Ali Kafi : L'information judiciaire toujours en cours

par Yazid Alilat

L'instruction judiciaire ouverte, le 4 janvier dernier, par le parquet de Sidi M'Hamed, d'Alger, à la suite de fracassantes déclarations de l'ex-n°1 du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) Said Sadi, sur trois personnalités historiques de la guerre de Libération nationale est toujours en cours. Contrairement à des informations de presse, l'information judiciaire, lancée contre Sadi, «est toujours en cours», a indiqué une source judiciaire proche de l'affaire au tribunal de Sidi M'hamed. Début janvier, lors d'une rencontre-débat à Sidi Aïch, le Dr Sadi avait, notamment, critiqué, selon des comptes-rendus de la presse nationale, Messali Hadj, Ali Kafi et Ahmed Benbella. Il dira, sur ces trois personnalités algériennes et concernant l'ancien président que:

« Benbella était un agent de Fethi Dib, patron des services secrets égyptiens». Pour Ali Kafi, il a dit qu'il «n'a jamais été congressiste à Ifri, en 1956», et qu'il était «aveuglé par la haine anti-kabyle. Cela relève du pathologique». Quant à Messali Hadj, il s'est dit «doublement choqué : J'ai été choqué lorsque l'aéroport de Tlemcen a été débaptisé au nom de Messali, qui a, pourtant, dirigé un Mouvement armé contre l'ALN, durant la Révolution. Ce n'est rien d'autre qu'une prime à la trahison. Je suis, tout autant, choqué par l'attitude de l'ONM qui s'est mue dans un silence après que le président français, François Hollande, ait déclaré, lors de sa visite, à Tlemcen, qu'il était temps de réhabiliter Messali».

Samedi, lors d'un ?café littéraire' à Béjaïa, il s'est notamment, expliqué. «Nul ne peut nier à Messali d?avoir été à l'origine de la création de l' «Etoile nord africaine», d'avoir conduit le PPA/MTLD avec le courage et une constance, en faveur de l'indépendance?» Et, sur sa comparaison avec le maréchal Pétain, il souligne que «Messali et Pétain ont eu un destin parallèle. Pétain a été un héros à Verdun. En 1926, personne ne peut contester à Messali qu'il a eu le courage d'accompagner un nationalisme nord-africain émergent, au moment où personne n'en parlait. Les deux ont connu un destin parallèle même dans leur déchéance respective. Pétain avait dit : j'ai accepté la collaboration parce que c'était la seule manière de sauver la France et n'a pas arrêté d'attaquer De Gaulle qu'il accusait d'être un fou furieux. C'est exactement ce que disait Messali, du FLN, après 1954». Dans son communiqué à la suite des déclarations de Sadi à Sidi Aïch, le 4 janvier dernier, le parquet d'Alger indique que «le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'Hamed a requis, conformément à la loi, l'ouverture d'une information judiciaire contre M. Saïd Sadi, du chef de diffamation».

SAID SADI : «LE PROCES EST LE BIENVENU»

L'ouverture de cette information judiciaire est motivée, selon la même source, par les «informations rapportées par certains médias, relatives aux déclarations faites par M. Saïd Sadi, lors d'une conférence-débat qu'il a animée à Sidi Aich (Béjaïa), au cours de laquelle , il a imputé à l'ex-chef d'Etat, feu Ahmed Benbella, et à l'ex chef d'Etat, feu Ali Kafi ainsi qu'à la personnalité nationale et historique Messali El Hadj, des faits portant atteinte à leur honneur et leur considération». Cette décision a été prise du fait que «ces propos rendent leur auteur passible de poursuites pénales pour diffamation» et que «le délit de diffamation est consommé, dès lors que les propos diffamatoires ont été rendus publics et que cette publicité donne compétence, à tout tribunal dans le ressort duquel l'accès aux faits incriminés est rendu possible», ajoute le parquet d'Alger.

Hier dimanche, une source proche du tribunal de Sidi M'hamed a, non seulement, confirmé que l'instruction de cette affaire est toujours en cours, mais qu'elle est menée au niveau de la troisième chambre et que le doyen des juges d'instruction près ce tribunal a été chargée du dossier. Au «Café littéraire»' de Béjaïa samedi, Sadi a affirmé que «le procès (sur cette affaire) est le bienvenu», estimant qu'il est nécessaire qu'un débat ait enfin lieu.