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Des ONG demandent à l'Algérie d'autoriser la visite d'organisations de droits de l'homme

par M. M.

« L'Algérie doit se conformer aux valeurs du Conseil des droits de l'homme des Nations unies et permettre aux experts de l'ONU et aux organisations non gouvernementales de défense des droits humains de se rendre dans ce pays », ont déclaré cinq organisations de défense des droits de l'homme. Dans un long communiqué, Amnesty International, REMDH, Human Rights Watch, FIDH et l'OMCT rappellent qu'en tant que « membre du Conseil des droits de l'homme » (depuis 2004), « l'Algérie s'est engagée à coopérer avec les organisations internationales et régionales de défense des droits humains ». Mais, précisent-elles, « les autorités algériennes n'ont pas autorisé la visite du Rapporteur spécial de l'ONU sur la torture ni celle du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, en dépit de leurs demandes répétées », a déclaré Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Amnesty International. Le communiqué ajoute que « depuis plusieurs années, les autorités algériennes refusent d'accorder des visas à des organisations internationales non gouvernementales de défense des droits humains et ont violé de multiples manières le droit des organisations de défense des droits humains algériennes à agir librement». Pour Eric Goldstein, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Human Rights Watch, « l'Algérie reste le seul pays de la sous-région à restreindre de manière générale l'accès de son territoire aux organisations de défense des droits humains. Depuis 2011, nos organisations se sont régulièrement rendues au Maroc, en Libye et en Tunisie, n'y rencontrant que peu d'obstacles, voire aucuns ». Pour Karim Lahidji, président de la FIDH, « l'Algérie doit mettre fin à cette mascarade consistant à refuser tout examen de son bilan en matière de droits humains ». Alors que Gérald Staberock, secrétaire général de l'OMCT, estime que « délivrer des visas aux organisations internationales de défense des droits humains et accueillir les experts de l'ONU sur les droits humains serait le signe d'un engagement réel des autorités algériennes au sein du Conseil des droits de l'homme de l'ONU ». De son côté, Michel Tubiana, président du REMDH, rappelle que « toutes nos organisations ont transmis plusieurs demandes officielles de visites à l'Algérie jusqu'à l'an dernier, mais les autorités algériennes nous ont soit opposé un refus, soit n'ont pas répondu, soit nous ont imposé des conditions d'accès qui ne nous auraient pas permis de mener notre mission de recherche librement ». Ces ONG rejoignent les critiques de la société civile en Algérie considérant la nouvelle loi sur les associations « plus répressive que le texte précédent ». Le communiqué dresse une panoplie de restrictions et de sanctions (financières et des peines d'emprisonnement) prévues par le texte entré en vigueur en janvier 2013.

Pour ces organisations, durant son mandat de trois ans au Conseil des droits de l'homme, l'Algérie doit coopérer « pleinement » notamment « en répondant sans délai et de manière favorable » aux demandes de visite des ONG et des experts et groupes de travail de l'ONU sur les droits humains. Le communiqué demande aussi à l'Algérie d'abroger les articles de la loi n°12-06 sur les associations « qui violent la liberté d'association et le droit des associations à coopérer et à s'affilier avec des organisations basées dans d'autres pays », mais aussi de veiller « en toutes circonstances » à ce que « les défenseurs des droits humains et tous les acteurs engagés en Algérie puissent exercer pleinement leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique sans craintes de harcèlement ou d'ingérence ». Les cinq ONG internationales s'adressent également aux pays membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU leur demandant « d'exhorter les autorités algériennes à mettre en œuvre ces recommandations ».