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AG de l'UNBA : Les avocats ne feront pas grève

par Moncef Wafi

Comme il était prévisible et après la rencontre-dialogue de mercredi passé, initiée par le ministre de la Justice, Garde des sceaux avec les représentants de l'Union nationale des barreaux d'Algérie (UNBA) et des 15 barreaux régionaux, l'assemblée générale de l'UNBA qui s'est tenue, hier, au club des Pins, a décidé de geler et de surseoir aux recommandations de l'AG de Zéralda qui s'est déroulée, elle, le 17 novembre dernier.

Ainsi, la grève de cinq jours décidée, dans un premier temps, par les avocats et qui devait commencer aujourd'hui, et le boycott de l'ouverture de l'année judiciaire 2012-2013 ont été, selon Me Mustapha Lanouar, le président de l'UNBA, contacté par téléphone par le "Quotidien d'Oran", mis entre parenthèses par les membres de l'AG qui ont estimé que les réponses du ministre de tutelle, Mohamed Charfi, et ses promesses de prendre en charge les doléances de la corporation sont satisfaisantes.

Quid des prochaines démarches? "L'UNBA va se réunir pour décider des prochaines démarches", répondra Me Lanouar qui rappelle les acquis de la rencontre avec le ministre. Les robes noires avaient brandi la menace d'une grève généralisée à partir du 25 janvier prochain, dénonçant avec véhémence un projet de loi régissant la profession qualifié de "rétrograde".

Ils estiment que ce projet porte non seulement atteinte à l'indépendance de leur profession, mais les empêche aussi d'accomplir leur mission loin de toute contrainte ou pression. Le barreau exige la révision du projet de loi portant statut de l'avocat et propose l'amendement de 64 parmi ses 120 articles. Pour les avocats, ce projet de loi renforce davantage l'emprise de l'autorité exécutive sur la profession d'avocat, pour la simple raison que les trois articles contestés exigent que les décisions de la commission mixte de la Cour suprême, du Conseil de l'Union des bâtonniers et de leurs assemblées générales ainsi que de tous les ordres des avocats régionaux soient soumis à la censure du ministère de la Justice.

Le projet de loi stipule qu'en cas où il laisse son téléphone portable allumé, l'avocat peut être suspendu et interdit de plaidoirie. En outre, le projet de texte de loi ne permet pas à l'avocat de se retirer, ni d'interrompre un procès en cas de dérive. Ces amendements exigés par la corporation ont été pris en considération par M. Charfi mais pas seulement, puisque les discussions entre les deux parties ont porté également sur la révision de la procédure civile et administrative du code pénal et de la procédure pénale, entre autres dossiers qui devront être étudiés et débattus dans les commissions de travail mixtes mises sur pied. Notons que l'UNBA revendique également la création d'écoles de formation pour les avocats et la garantie des droits et de la protection de la défense lors des audiences.

Pour la rencontre de mercredi dernier, Me Lanouar précisera qu'elle a englobé l'ensemble des problèmes socioprofessionnels de la corporation. Pour sa part, le ministre de la Justice, Garde des sceaux avait affirmé sa "détermination" à prendre en charge les préoccupations du barreau national et à apporter une réponse "rationnelle et juste" à leurs préoccupations. Le ministre a rappelé la volonté du président de la République à la consécration d'un barreau libre et crédible tout en soulignant que la commission de la réforme de la Justice de 1999 avait, dans ses recommandations, consacré l'avocat comme "partenaire et non auxiliaire de la justice".